Au cœur de la vieille ville de Tsfat, se trouve le Zimmer ”Yedid Nefesh”, avec une vue à couper le souffle jusqu’à Meron, à deux pas de la galerie des artistes et des lieux saints. Cette chambre d’hôte, qui peut accueillir jusqu’à un couple avec 6 enfants, est à l’image de sa propriétaire, Muriel Hefetz. Chaleureuse, à l’énergie positive contagieuse et amoureuse de sa ville, cette ancienne ola de France n’a pourtant pas eu la vie facile.
LPH vous emmène à la rencontre d’une personnalité, d’une grande dame qui a su faire de ses souffrances des tremplins et qui témoigne d’une foi à toute épreuve.
Sionisme et dévouement
Muriel grandit à Lyon et fréquente le Bné Akiva. A 18 ans, elle fait son alya dans le cadre de la ”A’hshara” du mouvement de jeunesse. Elle passe une année dans le Golan avant de repartir en France pour effectuer sa ”chli’hout”. Elle prévoyait de rentrer en Israël pour entamer des études de psychologie à Bar Ilan, quand D’ieu met sur sa route Ephraïm, qu’elle rencontre dans un camp de jeunesse.
Ancien élève de Montreux, il avait fait la yeshiva et l’armée en Israël et devait rester encore deux ans en France pour terminer ses études. Muriel et Ephraïm se marient en France et auront leur premier enfant avant de concrétiser leur rêve commun: vivre en Israël.
”L’alya n’a jamais été un but en soi pour nous”, nous raconte Muriel, ”Nous étions très attachés à la transmission, à l’éducation. Nous voulions trouver un endroit où nous serions utiles dans ces domaines”. C’est ainsi qu’ils décident, il y a 31 ans, de s’installer à Tsfat, une ville dont Muriel était déjà tombée amoureuse pendant la A’hshara.
Le couple se dévoue pour la communauté, la jeunesse. Ephraïm, devenu Rav, enseigne à AMIT, il fait partie de ceux qui ont créé le ”merkaz torani leumi” de Tsfat. Il en a été le directeur administratif. Il a également participé à la création de l’oulpena et donnait chaque semaine un cours pour les filles du sherout leumi de la ville et de la région.
Muriel, quant à elle, occupe un poste de ganenette mais aussi de formatrice au sein d’une école des parents. ”Puis, on m’a proposée de m’occuper du sherout leumi. En effet, notre maison était toujours remplie de jeunes de passage et nous étions connus pour cela”. C’est ainsi que Muriel prend les fonctions de responsable du sherout leumi de la ville.
Muriel et Ephraïm ont réussi leur pari: vivre en Israël, apporter leur pierre à l’édifice de notre jeunesse et de l’avenir de notre pays et le tout en fondant parallèlement une famille de huit enfants! ”Nous étions heureux, nous remerciions Hachem d’avoir choisi Tsfat”, explique Muriel, ”Cette ville est le symbole de notre peuple; tous les courants y sont représentés. Tsfat nous a offert le meilleur pour nos enfants, y compris sur le plan des activités extra-scolaires. C’est un lieu protégé, préservé”.
Quand tout bascule
Cette vie idéale est fauchée en plein vol… Ephraïm trouve la mort, le 21 Tamouz, il y a 15 ans, dans des circonstances tragiques. La famille est effondrée. L’ainée n’a que 16 ans et la petite dernière, à peine 2 mois. Muriel se retrouve seule, choquée, à élever et entretenir 8 enfants…
”Ephraïm était un bulldozer”, se souvient son épouse, ”il donnait tout pour les autres”.
La shiva est difficile, tout le monde est bouleversé. A l’issue de cette semaine, Muriel prend une décision radicale: ”Ou Ba’harta Ba’Haïm: Et tu choisiras la vie! J’ai choisi la vie. Je devais continuais même si cela paraissait insurmontable”.
Beaucoup de questions, peu de réponses
Muriel et les enfants bénéficient d’un suivi psychologique pour affronter le décès brutal de cet être si cher.
Elle a toujours tenu à parler ouvertement de cet évènement avec ses enfants. ”Le jour même, c’est moi qui leur ai annoncé: ”Papa ne reviendra pas”. Nous avons alors vécu avec beaucoup de questions et peu de réponses”.
Mais le tempérament de Muriel reprend le dessus. Cette femme dynamique et positive reconnaît qu’Hachem l’a gâtée en lui donnant ce caractère, c’est de cette façon qu’elle parvient à aller de l’avant.
”Je suis passée par tous les stades”, nous confie-t-elle, ”le déni, la colère contre D’, contre moi-même, contre tout le monde puis la culpabilité et la résilience”. Choisir la vie: un credo qui revient comme un refrain dans sa bouche.
Les enfants s’éloignent mais la maison reste ouverte
Elever 8 enfants seule, n’est pas une sinécure. ”Beaucoup de connaissances se sont éloignées de nous après le drame qui nous a frappés. Nous avons vu qui étaient nos vrais amis”. La famille Hefetz doit son salut au soutien des parents d’Ephraïm et à la présence des parents, z”l, de Muriel: ”Ils sont tous les deux décédés depuis. Mais je veux leur rendre hommage, ils ont été notre bouée de sauvetage”.
Ce qui a aidé Muriel à garder la tête hors de l’eau pendant toutes ces années, ce sont aussi les cours qu’elle suit depuis 15 ans dans une midracha. ”J’ai compris ainsi que nous ne sommes qu’un maillon d’une chaine. Connaitre Hachem et sa Torah nous permet de vivre et d’être cette pièce dans le peuple”.
La foi en D’ieu l’a beaucoup soutenue: ”J’ai été entourée par le Rav Mordehaï Eliahou et son fils le Rav Shmouel. Je suis convaincue aujourd’hui que tout est pour le bien, même si on ne comprend pas en quoi”.
Et pourtant, Muriel aurait de quoi s’interroger… Comme elle le dit elle-même, ”mes enfants représentent tout le peuple d’Israël, de ceux avec barbe et papillotes à ceux avec le piercing! Aujourd’hui, D’ merci, ils sont tous shomrei shabbat, six sont mariés et j’ai 21 petits-enfants! Ils sont des parents formidables et ont de belles valeurs”.
Mais le chemin a été très dur et continue à l’être depuis le décès d’Ephraïm. ”Je peux vous dire lesquels de mes enfants ont réussi à surmonter l’épreuve et pour lesquels elle est encore lourde à porter”.
Muriel a dû faire face aux crises identitaires de ses adolescents sur fond d’absence du père: ”Un de mes enfants m’a, un jour, fermé brusquement mon livre de prières alors que je faisais Min’ha en me disant que de toute façon, D’ n’était pas là pour moi”. Ils sont passés par une phase de rejet, certains refusaient d’aller à l’école ou ont même fugué, un autre a fait de la prison: ”J’ai tout vécu”, déclare Muriel avec un recul admirable, ”mais j’ai toujours pensé aussi que si les enfants s’éloignaient, ils devaient être convaincus qu’ils pourraient revenir”.
A cela s’ajoute encore le cancer qui s’est déclaré chez l’un de ses fils quand il était à l’armée et dont il est aujourd’hui, D’ merci, sorti, et la dépression importante dont souffre l’un des enfants. “Pour lui, il est très difficile de vivre avec cette absence. Il entend sans arrêt les gens lui dire qu’il a le mérite d’être l’enfant du Rav Ephraïm, ce qui rend le vide encore plus profond”.
”Pour moi, le plus important est d’entourer mes enfants, ils sont ma lumière. Quand je les vois, je vois Ephraïm. Eden, ma dernière, m’a donnée une énergie extraordinaire dans mon processus de retour à la vie. J’ai fait des erreurs mais je me bats comme une lionne pour mes enfants. Je suis fière de ce qu’ils sont devenus”.
Bien entendu, les problèmes de santé de ses enfants la préoccupent, mais comme toujours c’est la rage de vivre qui l’emporte chez elle: ”Nous devons vivre et non survivre. Oui, c’est difficile, cela me ramène au drame que j’ai vécu avec mon mari mais nous devons choisir la vie, toujours”.
La force de rebondir
Il y a un an, Muriel est licenciée de son poste de responsable du sherout leumi, pour des raisons de restrictions budgétaires. Sans emploi, elle ne se laisse, une fois de plus, pas abattre. ”On m’a proposée des petits boulots, mais rien qui ne me permettait de gagner ma vie. J’ai alors décidé de prendre toutes les indemnités que j’ai reçues et de les investir dans la construction d’un Zimmer au-dessus de chez moi”. Ainsi est né ce petit coin de paradis, ”Yedid Nefesh”.
”J’aime recevoir, j’aime Tsfat, ces deux passions réunies m’ont mise sur cette nouvelle voie. A deux pas des galeries, de la zone piétonne et de la synagogue de Rabbi Yossef Karo, ce Zimmer symbolise les forces que me donne Tsfat”.
Les premières semaines après l’ouverture se passent bien, les clients sont au rendez-vous, la nouveauté attire les curieux. Puis entre septembre dernier et le mois de janvier, Muriel peine à remplir son carnet de réservations.
”Il y a quelques semaines, je reçois un appel d’un groupe de quatre américains, qui veulent louer le Zimmer pour 4 nuits, du jeudi au lundi. Ils me demandent des renseignements et me disent qu’ils rappelleront pour confirmer. Le mercredi précédant ce shabbat, un couple avec un bébé me demande le Zimmer pour le Shabbat. N’ayant eu aucune nouvelle des quatre Américains, je prends leur commande. Quelques heures après, le groupe me confirme sa volonté de venir! Tout le monde me disait d’annuler le couple, que je n’avais pas le sens des affaires. Mais pour moi, un mot est un mot, je ne vends pas mes valeurs pour de l’argent”.
Muriel ne le sait pas encore mais être ferme sur ses valeurs lui vaudra une belle récompense. Le couple passe un shabbat formidable et s’étonne que Muriel ne remplisse pas son Zimmer plus facilement. Apres avoir échangé avec elle, la femme décide de l’aider: à son retour du shabbat, elle envoie par whatsapp un message devenu viral dans lequel elle vante la beauté de l’endroit et les qualités de sa propriétaire. Ce message venant du cœur va droit au cœur: depuis, le téléphone de Muriel n’arrête pas de sonner!
”L’épreuve est là pour nous faire grandir”, Muriel en est convaincue, ”elle vient combler un manque en nous, elle vient nous apprendre l’importance de la prière, du retour vers Hachem. Tout le monde a des difficultés, la question est de savoir comment on les surmonte et comprendre que l’on en sort plus fort. Et surtout, ne jamais se demander pourquoi, cette question nous fait aller en arrière. Il faut toujours aller de l’avant et se demander pour quoi, dans quel but”.
Muriel: 058 4042485
Guitel Ben-Ishay
Muriel,
Je suis sûre de te reconnaître dans le récit de ta vie.
Je t’ai connue à Lyon quand tu étais au Bne Akiva.
J’ai connu ta sœur Pascale et ton frère Charles.
J’ai connu tes parents : ta maman partie trop tôt, ton papa qui a eu une fin de vie difficile.
Si tu es celle que je pense avoir reconnue, fais le moi savoir.
Avec mon mari Marc, nous avions une grande estime pour votre famille (Neve Chalom et le Matan Basseter) et avons fait notre Alyah à Netanya.
À bientôt peut-être.
Muriel, je suis sûre de te reconnaître. Tu étais au Bne Akiva à Lyon.
Neve Chalom et le Matan Basseter , ta sœur Pascale et ton frère Charles ?
Ta maman partie trop tôt et ton papa qui a eu une fin de vie difficile.
C.est bien toi ?
Nous habitons à Netanya.
C’est toi Muriel qui fréquentait Névé Chalom à Lyon ?
André, Andrée, Pascale et Charles ? Le Matan Basseter et le Bne Akiva ?
Nous habitons à Netanya.