Cela me fit prendre conscience, avec une plus grande intensité, des valeurs de l’existence, cela me fit vouloir, plus que jamais, pénétrer les profondeurs de la connaissance, cela me fit entendre et comprendre que la vie est une toute autre réalité que celle végétée par les masses laborieuses. Un univers où l’incessante obscurité des quotidiens peut se dissoudre au creuset d’un infime petit rayon de lumière. Un univers où la violence de nos souffrances et les douleurs vives de nos vécus ne trouvent réconfort et espoir qu’auprès de l’Amour innocent, seul et essentiel foyer avéré, source chaleureuse et lumineuse.
Soudain, je me sens entrepris par une toute nouvelle énergie, mes membres s’agitent et fourmillent, il n’est plus guère question de rester ainsi cloitré, traumatisé ou apeuré, il faut reconquérir la, et ma, vie, leur offrir tout le bon, le bien, le beau et le vrai. Un sourire en coin, une larme de reconnaissance, un éclat de rire face à la fatalité, une joie sincère, la joie jubile d’être vivant !
Et si je vous disais que je nous crois éternels, ne pourrions-nous pas être ces étoiles, ces étincelles de lumière à jamais gravées dans le firmament de l’espace infini? J’ai très souvent, depuis, le sentiment très net que la mort n’est pas une fin en soi, elle est une sorte de navire prenant la mer, voguant au gré de son nouveau temps vers ses nouveaux espaces. Ceux restés à quai le suivent des yeux, ils l’accompagnent tout émus, puis, alors qu’il prend de plus en plus le large, les voilà durcir leur regard afin de ne point le perdre de vue. Pourtant, au moment où l’horizon et le ciel ne font plus qu’un, la disparition du navire et l’inconnu de l’après nous attristent et nous peinent fortement. Pouvons-nous, en cela, affirmer avec certitude que le navire n’est plus?
Ma leçon est simple: ne vivons pas parce que nous allons mourir mais essayons de vivre puisque nous voulons exister!
C’est manifeste, j’apprécie ma vie d’une toute autre façon, je tente de la tendre au quotidien vers une plus grande constance et consistance, je la veux messagère de raison, de sagesse et de sensibilité morale.
Ne pas perdre une minute, chaque instant est essentiel et primordial.
Notre chemin demeure celui du vouloir et du pouvoir poursuivre, inexorablement, l’évolution perpétuelle de notre monde vers le mieux et le meilleur, vers la pleine appréciation de la Création comme une totalité.
Jamais ma vie ne m’avait paru vaine, la raison en était toute simple, très tôt je lui consacrais un sens où s’éprouvait la volonté d’un devenir non seulement me concernant mais, tout autant, et si ce n’est plus, au sujet de l’Humanité. Je fouillais les moments, je sondais les instants toujours en quête du temps présent, ce temps qui gardait certaine nostalgie de l’Histoire sans pourtant s’empêcher de rêver aux lendemains.
Suite à mon retour parmi les hommes, je pensais pouvoir mieux ouïr le rythme synchrone de la nature, la merveilleuse symphonie de la Création, lire et décrypter le langage de la vie bonne, de l’existence pleine et pérenne.
Quelle outrecuidance pensez-vous?
Eh bien non! Si chez certains ‘l’occasion fait le larron’, les maitres du Judaïsme affirment que la sagesse trouve une place de choix chez tous ceux qui ont dû traverser une épreuve difficile, vivre une fâcheuse expérience.
Par conséquent, ceux-là possèdent un entendement et une sensibilité beaucoup plus aiguisés que nul autre ne peut, leurs priorités deviennent naturellement différentes, l’Etre et le Devenir, l’Amour et le Nous sont dorénavant les quatre points cardinaux de leur « géosophie ». Si le commun des mortels reste persuadé de trouver un monde meilleur dans un autre ailleurs, quel qu’il soit, et je ne les détaille pas avec intention, notre tâche est de redonner vie et sens au présent de chaque-un.
‘Gagner ma vie à la sueur de mon front’ ne veut pas, forcément et seulement, signifier les difficultés du labeur, il est tout aussi probant d’affirmer que cela concerne mon ‘devenir’, celui dont je vous entretiens depuis un long moment. Plus que mes avoirs, plus que mes sous et soucis d’argent, je suis le personnage capital, le premier rôle de mon scenario. Mon œuvre est aujourd’hui, au travers de mes vérités plurielles, de réussir à toutes les consacrer au service de mon âme singulière.
Parvenir à mon présent en lui offrant les leçons du passé et les espoirs du futur est désormais ma fonction essentielle, ne plus prendre mes rêves pour des réalités mais faire de ma nouvelle vie un rêve perfectible, c’est possible, croyez-moi!
Se donner corps et âme au ‘je’ de mon vouloir sans jamais contrarier le ‘moi’ du vrai besoin est non seulement un devoir passionnant mais, non des moindres, une vertu exigeante. Si l’on a voulu me faire vivre ma mort c’est afin de témoigner, de comparaitre au-devant de l’Homme et l’assurer de la justesse de mes propos. J’en suis intimement convaincu, la confiance, la fidélité, la vérité emplissent mon cœur et ma raison. J’ai maintenant cette certitude qu’il est possible de prétendre à nous-mêmes, de nous promettre une voie lactée qui nous mènera au plus proche de notre être infini….
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