Une vache ! La loi de la Torah ? Cette vache-là est spéciale, au point qu’elle va purifier l’homme de l’impureté la plus grave : celle de la mort ! Et la Torah, est une Torah de vie.
Rappelons tout d’abord que la mort n’est en rien définitive, comme cela est dit dans les Pirkei Avoth “et la destinée des morts est de revivre”. Le Talmud pose la question de savoir quel est le plus grand des miracles : celui de la naissance d’un être ou de sa résurrection ? Et le Talmud de répondre que le plus grand miracle est celui de la naissance, en effet, au moment de la résurrection les morts ne font, finalement, que revenir.
La mort fut introduite dans le monde par Adam harishon (le premier homme) et celui qui réparera cette faute si grave est, si l’on peut s’exprimer ainsi, Adam ha’haron (le dernier homme) : Mashia’h ben David.
Rappelons que la Malkhout = royauté dans la Kabbalah représente un prisme qui reçoit de tous et renvoie à l’infini quantitativement et qualitativement ce qui a pu lui être apporté.
Cela s’applique au concept de עשן dont les lettres sont les acrostiches de :
עולם le monde
שנה l’année
נפש l’âme
soit “l’âme dans l’espace-temps”
Pour ce qui est du monde (עולם) il s’agit de la terre, c’est d’ailleurs vers elle que nous retournerons dans l’attente de la résurrection. Elle est, aussi, appelée dans la Kabalah “royauté” du fait qu’elle donne la vie au végétal, subsistance des règnes animal et humain. La terre représentant le niveau le plus primaire dans l’échelle de la vie est l’élément indispensable à la vie des trois autres règnes. Autrement dit, elle a la double fonction d’être source de toute vie et aussi, d’être la destination finale de tout être.
L’élément du temps (שנה) c’est le shabbat, le temps absolu. Il existe deux approches.
La première consiste à considérer que le shabbat, peut parfois, devenir ‘hol pour sauver la vie de tout être, nous n’aborderons ici que la problématique liée au juif. En effet, il est écrit :
“אמרה תורה חלל עליו שבת אחת, כדי שישמור שבתות הרבה” ”La Torah dit transgresse pour lui (le malade) un shabbat afin qu’il puisse en observer de nombreux autres”
Transgresser en hébreu se dit rendre ‘hol (חול) profane, de la même étymologie que malade (חולה). De façon schématique, on pourrait dire que le shabbat ‘’prend‘’ pour lui la maladie du juif et lui transmet sa kedoucha. De fait le shabbat est profané (חול) au profit du malade (חולה) afin que celui-ci soit en bonne santé (sain – saint).
Selon la seconde approche la pratique du Shabbat représente une coupure avec le monde matériel, plus de téléphone, etc. donc une espèce de “mort” du matériel au profit du spirituel.
Nous venons de voir, que les éléments shabbat (שנה) et terre (עולם) tout en étant source de vie, spirituelle pour shabbat, matérielle pour la terre, ont un lien particulier avec la mort.
Pour ce qui est de l’âme (נפש) il s’agit de la femme juive, appelée, par les sages, “reine ou couronne”. La femme vertueuse est la “couronne” de son époux, la fiancée est appelée Reine, donc la notion de Malkhout.
Le rapport de la femme avec la mort est double, elle accepte de donner la vie au risque de perdre la sienne. De ce fait elle va beaucoup plus loin que le Chabbat, qui accepte d’être ‘’profané‘’ pour éviter la mort, et que la terre qui transforme toute mort en vie. La femme est prête à sacrifier sa propre vie pour en engendrer une autre !
Mais qu’en est-il de la vache rousse ?
La fameuse vache rousse si pure, car n’ayant jamais porté de joug, si parfaite dans sa robe rousse est, elle, sacrifiée. Sa cendre servira à purifier le peuple juif de l’impureté la plus grave, celle de la mort. La règle de la vache rousse est appelée ‘Hok, c’est à dire une loi que l’intellect de l’homme ne peut saisir, comprendre, expliquer. Néanmoins, nous remarquerons un point commun avec la vache rousse et le concept עשן.
עולם : la terre passage de la mort à la vie, et inversement.
שנה : shabbat : vie spirituelle,
נפש : la femme prête à mourir pour donner la vie.
De par sa mort, la vache rousse donne la vie (עולם la terre), engendre la vie spirituelle (שנה le shabbat) et enfin comme la femme se sacrifie pour donner la vie (נפש la femme). Autrement dit, face à la mort spirituelle ou physique, la vache rousse cumule les trois réponses apportées par les éléments du concept עשן.
A l’image de la vache rousse, de la terre, du Shabbat et de la femme, le Cohen qui purifie le juif de l’impureté de la mort devient lui-même impur. De fait, il accepte d’emblée, tout comme le shabbat, de renoncer à sa spiritualité de façon temporaire dans le but de libérer de l’impureté de la mort le peuple juif.
Itshak Peretz