A la veille des fêtes de Souccot, LPH a été reçu par le ministre de l’Education et de la Diaspora, également chef du parti Habayit Hayehoudi: Naftali Bennett.
Nous faisons avec lui le bilan de l’année écoulée dans son ministère. Il a ensuite accepté de se prêter au jeu du Tac’O Tac: un mot, une réponse.
Le P’tit Hebdo: Qu’est-ce qui symbolise l’action du ministère de l’éducation pour l’année qui vient de s’achever?
Naftali Bennett: Cette année a été décisive pour les sciences et les mathématiques. Pendant des dizaines d’années les résultats dans ces matières allaient en se dégradant. De moins en moins d’élèves présentaient 5 unités au baccalauréat.
Au terme de deux années d’un programme que nous avons mené pour renforcer ces domaines, on constate des résultats qui parlent d’eux-mêmes: augmentation considérable dans la périphérie, dans les populations qui étaient trop oubliées, du nombre d’enfants qui présentent 5 unités.
On a fait participer des partenaires dans le hi-tech, on a rapproché les couches les plus défavorisées de la technologie. J’ai convaincu les universités de donner un bonus aux baccalauréats avec 5 unités et nous avons décidé de juger les établissements aussi au regard du nombre d’élèves qui atteindraient ce niveau.
Je tiens aussi à donner plus de moyens au système éducatif. C’est la raison pour laquelle, le nombre d’élèves par classe en kita alef, beth et guimel a considérablement diminué pour atteindre les 26 ou 27 enfants par classe. Dans trois ans, nous arriverons à la kita vav. Dans le même esprit j’ai introduit une deuxième assistante maternelle dans de très nombreux jardins d’enfants du pays, permettant un meilleur encadrement, bénéfique pour les institutrices et pour les enfants.
Par ailleurs, nous avons réintroduit la mentalité du travail à l’école. J’y accorde une importance primordiale. Tout s’acquiert au prix d’efforts et de travail. C’est vraiment le message que nous devons faire passer à notre jeunesse.
Mon travail en tant que Ministre de l’Education se résume à trois axes fondamentaux: notre héritage, nos traditions, notre peuple.
Lph: Lorsque vous avez décidé d’introduire davantage de leçons autour de notre patrimoine historique, culturel et cultuel, vous avez essuyé de nombreuses attaques. Mais sur le terrain, les enfants profitent-ils de cette nouvelle approche?
N.B.: Ces attaques ne me touchent pas, elles me renforcent. Nous sommes un Etat Juif, nous devons être fiers de notre particularité, de notre identité, de notre héritage. Ce n’est pas par hasard si nos pères et nos grands-pères sont venus ici. Je constate que dans nos écoles, cette approche est bénéfique et nous en ressentirons les effets sur le plus long terme encore.
Lph: Après les mathématiques, l’enseignement de notre héritage, quel est votre prochain cheval de bataille?
N.B.: Mon ministère a lancé de nombreux chantiers importants. L’anglais parlé en est un. Il ne s’agit pas forcément de contraindre tous les élèves à savoir avec précision toutes les règles de grammaire. En revanche il est indispensable de se sentir à l’aise pour converser et échanger en anglais.
Autre ouverture nouvelle et fondamentale, celle que je mets en œuvre vers la culture des Juifs séfarades originaires de pays musulmans. Depuis la création de l’Etat d’Israël, cela n’a jamais été fait à l’école. Nous opérons ce changement.
Lph: Agir sur les résultats scolaires, donner des moyens, c’est important. Agissez-vous aussi pour garantir un bon comportement des enfants en milieu scolaire?
N.B.: Un bon comportement n’est pas moins important que de bons résultats scolaires. Notre époque nous met au défi: les enfants sont exposés très jeunes à la violence et à la pornographie. Les parents n’en sont pas toujours conscients. Le système éducatif doit prendre sa part de responsabilité mais j’appelle aussi les parents à la vigilance.
Ceci étant, notre jeunesse n’est pas moins belle aujourd’hui. Chaque semaine, j’effectue une visite surprise dans une école du pays. Je rencontre une jeunesse volontaire, qui veut participer et donner. Nos bases sont bonnes!
Lph: Comment expliquez-vous alors la baisse de volontaires pour servir dans les unités combattantes?
N.B.: Je pense que c’est lié à un attrait plus grand de nos jours pour les unités technologiques et de renseignements. Mais je ne crois pas que cela témoigne d’une baisse de l’envie de donner à l’Etat à travers l’armée. Pendant mes milouïm, je donne des cours pour les tests d’entrée dans la sayeret matkal, je peux témoigner de l’enthousiasme de nos jeunes. Il n’y a pas moins d’engouement, juste un déplacement de certains intérêts et de là où pense que l’on sera plus utile à l’armée.
Lph: L’armée, les sujets de défense vous intéressent beaucoup. Membre du cabinet de sécurité, vous étiez le seul à avoir participé à un exercice militaire auquel tous les membres du cabinet étaient pourtant conviés. Vous placez-vous comme le Monsieur Sécurité du gouvernement?
N.B.: L’exercice auquel vous faites allusion, se passe une fois tous les 20 ans. Pour moi il était clair que j’allais y assister. La loi israélienne ne place ni le Premier ministre, ni le ministre de la Défense comme chef de l’armée, mais le cabinet de sécurité. Je le prends très au sérieux. Je me suis battu au Liban dans les années 90, puis lors de la Seconde intifada, puis lors de l’opération Homat Maguen et de la deuxième guerre du Liban. Je me suis promis d’être toujours le représentant des combattants au sein du cabinet de sécurité. Je ne laisserai jamais se produire la rupture qui a eu lieu pendant la deuxième guerre du Liban entre le niveau politique et les soldats sur le terrain. C’est pourquoi je suis allé sur le terrain pendant Tsouk Eytan et que j’ai fait remonter beaucoup de choses au cabinet. Nous devons être toujours plus forts, toujours plus mordants face à des ennemis qui nous menacent très sérieusement. Ils doivent avoir peur de nous parce que nous sommes beaucoup plus forts qu’eux.
Lph: Monsieur le Ministre, nous allons finir cet entretien par un Tac’OTac. Que vous inspire les mots ou noms suivants?
Trump
Véritable ami d’Israël. Il apporte une vraie opportunité pour notre pays. Notre responsabilité est de la saisir. Cela doit se traduire par le fait de devenir enfin souverains en Judée-Samarie.
Quand il est venu en Israël, je lui ai dit qu’il pouvait entrer dans l’histoire comme le premier chef d’Etat qui reconnaitra Jérusalem comme capitale du peuple juif. Il m’a répondu: ”Idée intéressante!”.
Bibi
Un politicien rodé et expérimenté qui se soucie du bien de l’Etat d’Israël. Il a beaucoup fait pour le renforcement du statut d’Israël.
Lapid
Ami, homme très agréable qui aime le pays.
Ayelet Shaked
Mon compagnon de route. Une femme idéaliste et talentueuse que je suis heureux d’avoir à mes côtés.
Habayit Hayehoudi
Un parti extraordinaire qui doit encore s’ouvrir et inclure toutes les nuances: religieux, traditionnalistes, laïcs, haredim. Tous ceux qui sont sionistes, Juifs ou pas, sont invités sous notre toit.
Diaspora
Une des plus grandes missions de notre génération est de sauver les Juifs de l’assimilation et de l’éloignement de l’Etat d’Israël. A travers les différents programmes que nous proposons nous signifions aux Juifs du monde entier que ce qui est primordial, c’est de garder le lien avec eux, même s’ils ne font pas leur alya.
Olim de France
Juifs chaleureux qui sont un cadeau merveilleux pour l’Etat d’Israël. Israël ne sait pas toujours les entourer comme il se doit. En tant que ministre de l’Education, ma mission au quotidien est de tout faire pour entourer chaque enfant et en particulier ceux qui ont fait leur alya. C’est pourquoi j’ai mis en place un soutien particulier aux olim de France dans le suivi des cours, les cours en complément, l’oulpan. Ces aides existent pour tous les olim, mais nous mettons un accent particulier sur les enfants olim de France.
Un outil formidable pour être en contact direct avec la population et pour contourner des médias parfois hostiles. Par ce biais, je peux atteindre directement un nombre incroyable de personnes.
Vos 7 Oushpizin
David Hamele’h, Yirmiahou, les pionniers, le Rambam, David Ben Gourion, Menahem Begin, Hanna Senesh, Yoni Netanyahou, Immanouel Moreno. Je voudrais continuer la liste de ceux que j’aimerais recevoir dans ma soucca, mais je crois que j’ai déjà largement dépassé les sept!
Hol Hamoed Souccot
La fête la plus israélienne! On dort sur la terre d’Israël. Les promenades, les découvertes du pays à pied nous relient plus que jamais à notre terre et à notre héritage.
Année 5778
Nous sommes dans la bonne direction. Un peuple plus fort, plus sioniste et plus juif que jamais!
Propos recueillis par Avraham Azoulay