Il faisait froid dehors ce jour de février 2017, mais pour les habitants d’Amona, cela faisait plusieurs mois qu’un vent glacial soufflait sur leurs maisons. Les quarante familles de ce petit village qui existait depuis 20 ans ont été expulsées, leurs maisons détruites sur ordre de justice exécuté par le gouvernement israélien. Où en sont-ils quatre mois plus tard?
A 6 enfants par chambre
Les familles expulsées d’Amona ont été transférées dans un yichouv voisin: Ofra. Là on les a placées dans l’internat de la midracha. “Nous logeons dans des chambres petites avec des lits superposés et le minimum sanitaire, on nous fournit également trois repas par jour”, témoigne Tamar Nezri. Avi’haï Boaron, l’un des fondateurs du Yishouv et leader du mouvement de lutte pour la sauvegarde d’Amona nous décrit aussi un tableau saisissant: ”Une ou deux chambres ont été attribuées par famille. Ce qui fait que certains se retrouvent à 6 enfants par chambre!”.
Tous reconnaissent la bonté et la chaleur des habitants d’Ofra et des alentours voire au-delà. Les marques d’affection du peuple se sont multipliées et exprimées de diverses façons.
Attendre… Mais comment faire?
Avi’haï Boaron nous explique que la promesse du gouvernement de créer un nouveau yishouv est bien en voie de réalisation: ”Nous savons où se trouvera le yishouv et nous savons que nous finirons par pouvoir y tenter de reconstruire nos vies. Mais avant de pouvoir envisager d’emménager, cela prendra encore au minimum une année. Comment attendre encore tout ce temps? Que faire avec nos enfants? Leur scolarité?”. Le comble est que s’ils souhaitent loger dans une caravane provisoirement, cela se fera à leurs frais! ”Nous n’avons pas encore vu un shekel de l’indemnisation que le gouvernement devait nous verser”, s’exclame Avi’haï. Les habitants d’Amona avaient pensé qu’on leur proposerait une solution de logement provisoire, mais ce n’est pas ce qu’il s’est passé.
L’attente est longue et périlleuse. La jeunesse d’Amona ”douce et idéaliste”, comme la décrit Avi’haï Boaron, se voit déjà reconstruire le lieu où elle a grandi. Il y a quelques semaines, ces jeunes sont remontés sur la colline d’Amona pour y planter des tentes. Ils ont immédiatement été délogés par les autorités de l’Etat. ”C’est puéril”, estime Avi’haï, ”Ils s’étaient installés pour étudier la Torah, chanter, sur un site près de leur village. Pourquoi les chasser de la sorte?”.
La jeunesse a été blessée, les conséquences ne se mesurent pas encore, mais tous savent qu’elles peuvent être importantes. Alors les adultes d’Amona essaient d’être à l’écoute de leurs enfants et de les calmer en leur apportant des solutions.
Mais l’attente, toujours l’attente, pour retrouver une habitation digne de ce nom, fait craindre des difficultés grandissantes.
Appeler le gouvernement à prendre ses responsabilités
Les expulsés d’Amona, touchés par la solidarité du peuple envers eux, espèrent que même quelques mois plus tard, les gens qui les ont soutenus continueront à le faire, en écrivant sur les réseaux sociaux aux responsables gouvernementaux. ”Il faut les appeler à prendre leurs responsabilités envers nous”, demande Avi’haï. Espérons que leur message sera entendu et que très vite les rires des enfants d’Amona résonneront dans leur nouveau yishouv.
Guitel Ben-Ishay
Photo by Yonatan Sindel/Flash90