L’attentat meurtrier d’Orlando était prévisible : le porte-parole de l’État islamique, Muhammad al-Adnani, a récemment laissé éclater sa colère contre l’Occident, qui empêche les Musulmans de joindre les rangs de son armée, et a appelé les Musulmans d’Occident à perpétrer des attentats en Europe et en Amérique.
L’objectif choisi n’est pas fortuit : tant les Frères musulmans que l’État islamique, suivant la jurisprudence classique des grands courants de l’Islam, considèrent l’homosexualité comme un crime passible de mort, qui témoigne de la décadence de l’Occident. Voici ce qu’écrit l’État islamique dans sa revue en français : « le parachèvement de la corruption des mœurs en Occident a été accompli lors de ce qu’ils nomment la ‘révolution sexuelle’ des années 70. Les mêmes mains judéo-maçonniques qui avaient chassé la religion de l’école y firent entrer la fornication, l’homosexualité, le meurtre d’enfants poliment nommé avortement. Ces pratiques sont banalisées et même encouragées ». Ce crime d’homosexualité, frappé aujourd’hui de peine de mort ou de peine de prison dans la majorité des pays musulmans, est passible, selon les courants du sunnisme, de l’épée, du feu ou de la lapidation. L’État islamique a choisi de lapider les homosexuels, ou de les jeter du haut d’un bâtiment.
Le choix du mois du Ramadan résulte aussi d’une idéologie : al-Adnani a appelé à commettre des attentats spécialement durant le Ramadan, le « mois du Djihad et des victoires », le mois durant lequel le Musulman fait preuve de sa fidélité à Allah, tant par les mortifications corporelles que par son zèle à mourir au combat. Cette menace ne s’arrêtera bien sûr pas à la fin du mois : le Musulman y puise une motivation renouvelée, qu’il conservera durant toute l’année.
La méthode employée, souvent nommée acte de « loup solitaire », découle, elle aussi, d’une stratégie bien établie. Abou Mousab al-Souri, l’idéologue de l’État islamique, a appelé à ce genre d’actions. La non-appartenance formelle à l’État islamique accroît les difficultés des services de sécurité occidentaux à mettre la main sur les terroristes. Dans le cas de Mateen, le criminel d’Orlando, il était fiché par la CIA, suite à ses propos en faveur de terroristes, et ses rencontres avec l’un d’eux, ce qui ne l’a pas empêché d’avoir un permis de port d’arme.
L’identité du terroriste n’étonne pas non plus. Âgé de 29 ans, ce Musulman est né aux États-Unis, fils d’immigrés afghans. Une enquête du très sérieux institut PEW, a montré que 15% des jeunes Musulmans américains de moins de 30 ans pensent qu’il est occasionnellement légitime de commettre des attentats suicides pour défendre l’Islam. Environ trois millions de Musulmans vivent aux États-Unis ; le potentiel de terroristes se compte donc en milliers.
Malgré tous ces faits, le président américain s’est abstenu de qualifier l’attentat d’Orlando d’attentat islamique. Le terroriste a pourtant appelé la police pour confirmer son allégeance à al-Baghdadi, et l’État islamique a explicitement revendiqué l’attentat, mais le président a annoncé qu’il fallait attendre avant de se prononcer sur les motifs d’Omar Mateen, le terroriste qui a assassiné 50 civils et en a blessé autant. La CNN a justifié Obama, en arguant que nommer cet attentat « islamique » aurait placé un signe de Caïn sur le front de l’Islam dans son ensemble. Des raisons plus pragmatiques semblent résider dans les intérêts économiques de l’Occident dans les pays musulmans, et le vote musulman, qui penche traditionnellement pour la gauche en Europe et pour les démocrates aux États-Unis.
Tant que l’Occident refusera d’appeler le fléau par son nom, les chances d’endiguer ce phénomène resteront quasiment nulles. En effet, s’il n’y a pas de problème dans l’Islam, on continuera à enseigner dans les mosquées et les écoles islamiques le devoir de Djihad, la haine des Juifs et des « Croisés », et le devoir de domination politique et juridique du monde par l’Islam : c’est cet enseignement qui fabrique les terroristes.
L’État islamique considère Israël comme un objectif à moyen terme uniquement, ayant trop à faire avec les attaques aériennes massives de l’Occident et les attaques terrestres des Chiites, des Alaouites et des Kurdes. Mais dans toutes les revues qu’il publie, les Juifs sont toujours rappelés avec les « Croisés », comme ennemis jurés de l’Islam. Nous avons donc aussi le devoir de nommer le fléau par son nom, et de suivre avec une grande attention les faits et gestes de l’État islamique et des Frères musulmans.
Ephraïm Herrera est docteur en histoire des religions, diplômé de la Sorbonne et vient de publier « Les maîtres soufis et les peuples du livre » aux Éditions de Paris, ainsi que « Le Jihad, de la théorie aux actes » et « Étincelles de Manitou » aux éditions Elkana.