La loi de conscription dans Tsahal a franchi une étape supplémentaire dans la nuit de lundi à mardi avec son adoption en 1ère lecture en séance plénière, par 63 voix contre 39.
Comme il l’avait promis, Yaïr Lapid, vilipendé par le Camp Sioniste pour “passage à l’ennemi” a fait voter son parti Yesh Atid en faveur de la loi. Les députés des deux partis orthodoxes ont voté contre ou sont sortis de l’hémicycle au moment du vote.
Mais ce succès du gouvernement n’est que provisoire. Le texte doit encore être adopté en 2e et 3e lectures. C’est là que les choses se compliquent. Trois prises de positions distinctes se font entendre:
- Les partis orthodoxes, poussés au mur par leur électorat et certains rabbanim, exigent que des allègements soient apportés au texte sous peine de quitter la coalition. Des milliers d’étudiants de yeshivot – la plupart de l’orthodoxie séfarade – se sont rassemblés lundi à Jérusalem pour faire pression sur leurs députés et exprimer leur refus catégorique d’effectuer un service militaire. Depuis la tribune de la Knesset, le vice-ministre de la Santé Yaakov Litzman a résumé la position de son parti: “Il faut que chaque jeune homme qui désire étudier la Torah en Israël ne soit pas dérangé” (sous-entendu par un service militaire!).
- Yaïr Lapid, pris entre deux feux, a averti à l’inverse que “si la moindre virgule est modifiée au texte initial” il votera contre lors des deux prochaines lectures. Le président de Yesh Atid a justifié son vote avec la coalition pour la 1ère lecture par le fait qu’il s’agit d’une loi élaborée par le chef d’Etat-major et qu’elle correspond à ce qu’il a toujours voulu, dans l’intérêt de Tsahal et du pays. Sur ce point, il a eu droit à une réaction violente de la part de la ministre de la Justice Ayelet Shaked, qui l’a traitée de “menteur” car la loi votée sous le gouvernement précédent sous l’impulsion de Lapid prévoyait des sanctions pénales contre les réfractaires alors que le texte actuel n’en parle plus. La ministre a rappelé les heures de discussions avec Yaïr Lapid lors desquelles elle tentait en vain de le convaincre de supprimer l’article sur les sanctions pénales.
- Le ministre de la Défense Avigdor Lieberman, qui a laissé une petite marge de manoeuvre en vue des deux prochaines lectures: “S’il s’agit de modifications cosmétiques, je veux bien, mais tant que le texte initial reste conforme à la décision de la Cour suprême et aux objectifs que s’est fixés le chef d’Etat-major”.
Au Camp Sioniste, on dénonce, à l’image de Tsipi Livni, une “capitulation du gouvernement face aux orthodoxes” et “la prise en otage de Tsahal pour des motifs de politique politicienne”. Tsipi Livni a oublié qu’en 2009, chargée de former un gouvernement elle fut prête à accéder à presque toutes les exigences des partis orthodoxes. C’est son refus de s’engager à ne pas négocier sur Jérusalem qui avait fait échouer sa tentative. De son côté, le président Avi Gabbaï a accusé Yaïr Lapid d’avoir “trahi les soldats de Tsahal”, ce à quoi lui a répondu ce dernier qu’un texte de loi élaboré par l’Etat-major ne peut pas trahir les soldats!
D’intenses tractations sont donc désormais en vue, surtout en coulisses pour trouver la quadrature du cercle. Le Premier ministre Binyamin Netanyahou a fait savoir qu’il veut à tout prix que cette loi soit une fois pour toutes votée durant la présente session parlementaire et ne pas demander encore une fois un délai supplémentaire de six mois à la Cour suprême.
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