H’anouka – une fête légitime ?!
Question : Dieu nous dit dans la Tora qu’il est interdit d’ajouter/retirer à ses prescriptions, alors pourquoi prescrit-on H’anouka, pourquoi ajoutons-nous cette prescription ?
Réponse (Emmanuel Bloch) : Vous pouvez poser la même question sur toute mitsva d’origine rabbinique (netilat yadayim, hallel, erouv, certaines lectures de méguila, …). Pour y répondre, il nous faut examiner les deux principales explications de l’interdiction de Bal Tossif (rajouter quelque chose à la Torah), celle du Rachba et celle du Rambam.
Pour le Rachba (cf. commentaire sur Roch Hachana 16a, “lamah tok’in“), c’est la Torah elle-même qui donne le droit aux Sages de créer de nouvelles normes halakhiques. L’interdiction de Bal Tossif ne s’applique qu’à un individu, qui choisit de lui-même, par exemple, de rajouter un cinquième paragraphe dans ses tefillin, et non aux Sages d’Israël. Si vous préférez, le Rachba détecte une contradiction entre le commandement de suivre les Sages (Deutéronome 17:11) et l’interdiction de rajouter à la Torah (Deutéronome 4:2, 13:11), et sa réponse est de dire que le premier est une exception au second.
Le Rambam (Michné Torah, Hilkhot Mamrim 2:9) donne une interprétation complètement différente. Selon lui, l’interdiction de rajouter à la Torah n’existe que si l’on essaie de donner au rajout le statut d’une loi de la Torah. A partir du moment où il est clairement dit que la nouvelle loi est un derabannan, c’est-à-dire une loi d’origine rabbinique, au statut inferieur à celle de la Torah, il n’y a pas là de rajout interdit. (En aparté, le Ra’avad de Posquières critique assez fortement le Rambam ici – cf, les hassagot -, mais sa critique est difficilement compréhensible, ainsi que le remarque Maran Yossef Karo dans le Kessef Michneh. Il semble que le Raavad avait en fait une version différente du texte du Rambam, par rapport à celui que nous avons sous les yeux, son problème n’existant apparemment pas). Ainsi, selon les deux explications, celle du Rachba comme celle du Rambam, les Sages avaient parfaitement le droit d’instituer la fête de H’anouka.
Les miracles des bénédictions courtes !
Question : Pourquoi l’ajout d’Al HaNissim n’est-il pas inclus dans le Al Hamih’ia (bénédiction “me’yn shalosh”) alors que l’on y fait des ajouts pour d’autres fêtes ?
Réponse (Rav David Zenou) : On ne rappelle pas H’anouka et Pourim en ajoutant ‘al hanissim‘ dans cette bénédiction, étant donné que ce ne sont pas des fêtes écrites explicitement dans la Thora. Cependant, le Birkat HaMazone étant une bénédiction très détaillée, elle englobera aussi ce ‘détail’, ce qui n’est pas le cas des autres bénédictions, plus brèves (cf. Mah’atsit Hashékel 208,18 et Sefer Ta’amei HaMinhaguim, §858)