Il est une fête curieuse que celle de Tou Bishvat. Ancrée dans une dynamique de réveil de la nature, de réviviscence de la floraison, elle se célèbre généralement dans un climat presque hivernal. Le vent balaie les rares feuilles séchées teintées de pourpre qui tentent hardiment de s’agripper aux squelettes des arbres. Dans certaines contrées, la terre tronque sa couleur brune contre un majestueux velours blanc. Quelques rayons de soleil tentent de percer l’épais tapis gris formé par les nuages. Dans la nuit, retentit le vacarme du silence des ruelles dans lesquelles aucun passant n’a osé s’aventurer.
C’est pourtant dans ce climat de nature dévastée que la Torah nous enseigne qu’il y a lieu de fêter le « Nouvel An des Arbres ». Curieux, non ? Pourquoi les sages n’auraient-ils pas choisi le moment de l’apothéose des récoltes afin de célébrer la fête de Tou Bishvat ? Pourquoi la Torah n’a-t-elle pas choisi de moment plus-faste-pour-festoyer-par-s
C’est dans la Gmara de Rosh Ashana que les sages expliquent la raison de ce paradoxe. Puisque le 15 du mois de Shvat, la majorité des pluies est d’ores et déjà tombée, l’arbre est fin prêt à fructifier. Bien que le fruit ne soit pas formé, la seule présence du potentiel du fruit est une cause de réjouissance.
Tou Bishvat est la fête de l’importance de la notion de potentiel. Dans un monde où l’accent est mis sur l’obtention du résultat, le gain, l’aboutissement, et non la mise en œuvre de l’effort et du dépassement de soi, la Torah nous enseigne que le résultat n’est qu’une conséquence logique. Le message est clair : l’ensemencement dépend de l’homme, mais la floraison ne dépend que d’Achem. La vraie réussite, c’est l’effort, car seul lui dépend de l’homme.
Il est alors aisé de comprendre la raison pour laquelle Tou Bishvat se célèbre lors d’une période marquée par une météo peu clémente. Bien souvent, l’individu traverse des passages à vide. Les efforts sont mis en œuvre, mais le résultat escompté n’est pas de mise. La Torah nous enseigne : nos efforts sont loin de tomber en désuétude. Au contraire, ils sont la première source de joie. Continuons à semer !
Nina Sahel