Fruit d’une grande incompréhension (incitée et exploitée par des milieux politiques) une grande manifestation a commencé samedi soir sur la place Rabin à Tel-Aviv à l’appel du comité druze contre la Loi de la Nation. Des dizaines de milliers de Druzes sont venus exprimer leur opposition à la Loi de la Nation tout en réaffirmant leur loyauté envers l’Etat d’Israël. Dans la foule, de nombreux sympathisants mais aussi des représentants de partis et organisations de gauche et d’extrême gauche qui n’ont rien à voir avec la population druze mais qui veulent prendre ce train en marche et profiter de l’occasion pour exprimer leur hostilité à cette loi.
Le leader spirituel de la communauté druze, sheikh Mawfaq Tarif, a dénoncé la loi, montrant une nouvelle fois une incompréhension de son contenu: “Personne ne nous apprendra ce qu’est le sacrifice ou ne nous fera la leçon sur ce qu’est la loyauté. Les cimetières militaires pourront vous le montrer. Nous combattons à vos côtés pour l’Etat d’Israël dans lequel nous voulons vivre dans l’honneur et en tant qu’égaux (la loi ne dit pas le contraire!). Mais malheureusement, malgré notre fidélité inconditionnelle à l’Etat d’Israël, il ne nous reconnaît pas comme égaux”. Des mots qui ne peuvent qu’avoir été insidieusement instillés au sein de la communauté druze par des milieux extérieurs malveillants.
Tout le monde n’est pas du même avis dans la communauté druze. Mis à part le Forum druze-sioniste qui a exprimé dès le début son soutien à la loi, le général de brigade Imad Faras, ancien commandant du corps d’armée de Galilée, a déclaré qu’il ne participera pas à cette manifestation: “Je me suis toujours senti comme citoyen égal aux autres en Israël et je refuse que l’on impose aux Druzes des combats politiques internes à la société israélienne”.
Le summum de l’hypocrisie et de la démagogie revient une nouvelle fois à Tsipi Livni qui du haut de la tribune a fait une déclaration qui mérite de rester dans les annales: elle s’est engagée à transformer la déclaration d’Indépendance de l’Etat d’Israël en constitution de l’Etat d’Israël et a affirmé…”qu’Israël sera la patrie du peuple juif avec une égalité totale entre tous ses citoyens”!! Or, c’est exactement ce que dit la Loi de la Nation qu’elle combat par ailleurs!!!! Avec toupet, la nouvelle cheffe de l’opposition a accusé la majorité gouvernementale d’avoir instauré la division pour des motifs politiciens au moyen de cette loi, alors que c’est tout le contraire: l’opposition a pris tremplin sur cette loi contre laquelle elle n’avait aucune raison logique de s’opposer afin d’en faire un cheval de bataille contre le gouvernement, faute d’autres sujets porteurs. L’initiateur de la loi, Avi Dichter, a rappelé avec raison qu’il y a quelques années, des députés de gauche qui aujourd’hui hurlent contre cette loi avaient exprimé leur soutien à une version plus rigide du texte.
Le ministre de la Communication, Ayoub Kara, druze lui-même, a accusé “certains milieux” de se servir de la communauté druze et des problèmes qu’elle rencontre pour lutter contre cette loi et promouvoir leurs objectifs politiques et idéologiques.
Tomer Neuberg / Flash 90
La loi visait à résoudre un problème constitutionnel précis : les tribunaux ont souvent interprété la moitié juive de l’expression «juif et démocratique» à un «niveau d’abstraction si élevé qu’elle devient identique à la nature démocratique de l’État», comme l’ex-président de la Cour suprême Aharon Barak l’a dit, dans un adage resté célèbre. Pourtant, aucune définition du terme «juif» ne peut être complète sans reconnaître que le judaïsme a des aspects particularistes, mais aussi universels, parce que c’est la religion d’un peuple particulier avec une histoire, une culture et des traditions particulières. En mettant l’accent sur certains de ces aspects particularistes, la loi est censée rétablir l’équilibre voulu entre les composantes juive et démocratique de l’identité d’Israël. Mais il n’élimine pas ces éléments démocratiques, qui sont consacrés dans de nombreuses autres lois fondamentales, et il n’était pas destiné à le faire.
http://www.jforum.fr/les-critiques-de-la-loi-sur-la-nation-ignorent-le-droit-constitutionnel.html