Le 4 avril vers 4H30, Kobili Traoré, habitant avec ses proches au deuxième étage d’un HLM de Belleville (19e arrondissement), s’était introduit chez sa voisine du dessus en passant par l’appartement d’une famille d’amis. Aux cris d’ «Allah Akbar», entrecoupés d’insultes et de versets du Coran, il l’avait rouée de coups sur le balcon, avant de la précipiter dans la cour. Sarah Halimi a été assassinée. «J’ai tué le sheitan» (le démon, en arabe), avait hurlé le jeune homme.
Sur place rapidement, les policiers n’avaient pas réussi dans la nuit à localiser rapidement l’appartement d’où provenaient les cris. Ils croyaient le suspect en train de séquestrer une famille dans l’immeuble voisin et attendaient des renforts, craignant d’avoir à faire à un islamiste armé.
Ce meurtre passé a alors sous silence par l’immense majorité des médias et de la classe politique française, en pleine campagne présidentielle.
La famille de la victime, ses avocats ainsi que la communauté juive ne cessent depuis de tenter de porter cet assassinat ignoble à la connaissance des Français.
Apparemment, qu’une juive religieuse ait été victime de tortures avant d’être défenestrée ne suscite pas beaucoup d’émotion… Plus loin encore: alors qu’il n’avait aucun antécédent psychiatrique, le meurtrier de Sarah Halimi, z”l, a immédiatement après les faits été placé en hôpital psychiatrique, où il se trouve encore aujourd’hui.
A cela s’ajoute, la décision du tribunal hier, qui met en examen l’agresseur pou homicide volontaire mais sans retenir le caractère antisémite de son acte malgré les éléments accablants en ce sens!
Le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), Francis Kalifat, a exprimé une “réaction de stupéfaction, d’incompréhension et bien sûr de colère” en apprenant que ce mobile n’était pas retenu.
“Le point positif, c’est que l’assassin est mis en examen, ce qui laisse penser qu’il y a une reconnaissance de responsabilité”, a nuancé le dirigeant de la vitrine politique de la communauté juive organisée.
Pour le président du Consistoire, Joël Mergui, “cet acte aurait dû être qualifié d’islamiste immédiatement, le fait qu’il ne l’ait pas été a créé un climat qui altère la confiance qui s’était installée entre la communauté et les autorités”. “Je suis furieux que les choses prennent autant de temps”, a ajouté le responsable de l’instance religieuse, convaincu que, au final, la circonstance de l’antisémitisme sera retenue. “Dans la connaissance que j’ai du dossier, ça ne peut pas se terminer autrement”, confie-t-il.
“Une première étape” pour l’avocat du fils de Sarah halimi
Avocat du fils de Sarah Halimi, Me David-Olivier Kaminski veut voir dans la mise en examen de Kobili Traoré “une première étape” alors que le dossier “était à l’arrêt”.
“Il faut désormais que les juges et le parquet prennent leurs responsabilités pour que la dimension antisémite soit débattue au niveau judiciaire”, a-t-il indiqué.