Les références au nazisme ou au fascisme sont devenues un lieu commun dans le discours politique israélien. Il ne se passe pas de semaine où l’entend pas “qu’Israël commence à glisser vers le fascisme”, que des policiers sont traités de “nazis” lors de certaines manifestations, que des politiciens s’invectivent avec des termes empruntés à ces périodes sombres, que des personnalités politiques sont caricaturées avec un uniforme nazi ou que des intellectuels et universitaires qui ne les ont pas connues s’imaginent qu’Israël d’aujourd’hui c’est l’Allemagne des années 1930 ou pire encore, carrément le régime du IIIe Reich.
Dernier exemples en date, la comparaison honteuse établie entre Ahed Tamimi et Anne Frank par le chanteur Yonatan Gefen ou celle, non moins révulsante, entre le sort des clandestins d’Afrique et les Juifs durant la Shoah, faite par des organisations de défense de ces population, soutenues notamment par le New Israel Fund.
C’est un député druze, Akram Hasson (Koulanou), qui a décidé de prendre le taureau par les cornes et de se mesurer à ce phénomène malsain qui a comme conséquence principale une banalisation progressive de la Shoah et de ses auteurs. Comme le disait à juste titre le regretté Elie Wiesel z.l. “à force d’affirmer que Gaza c’est Auschwitz, un jour on croira qu’Auschwitz c’était comme Gaza”.
Suite au post de Yonatan Gefen, le député Akram Hasson a décidé de présenter un texte de loi interdisant ce genre de comparaison, ainsi que l’utilisation – oralement ou par écrit – de termes empruntés au nazisme pour qualifier des personnes, des institutions ou des organisations ou encore le port d’objets relatifs à cette terrible période. Ainsi, traiter quelqu’un ou l’Etat d’Israël de “fasciste” ou de “nazi” sera passible d’une peine de six mois de prison et d’une amende de 100.000 shekels. Mais pas seulement: porter sciemment des habits rayés à l’image des déportés sera interdit, tout comme le port d’une étoile jaune lors de manifestations.
Il s’agit d’une excellente et sage initiative, mais qui risque de se heurter à une opposition de la Cour suprême au nom de la sacro-sainte liberté d’expression. Et comment imaginer que les députés arabes puissent vivre avec une telle loi, eux qui profitent de cette liberté d’expression presque absolue pour accuser à tout bout de champ Israël d’être un “Etat fasciste”?
Photo Uri Lenz / Flash 90