Comment expliquer cette course que les seniors semblent avoir autant de plaisir à réaliser quotidiennement?
Jean-Charles Zerbib, qui possède une longue carrière de cadre communautaire en France et en Israël, nous répond. Les seniors, ils les côtoient, et son tempérament de militant insatiable l’aide aussi à mieux les comprendre.
Le P’tit Hebdo: Les seniors israéliens sont-ils plus dynamiques que leurs homologues français?
Jean-Charles Zerbib: En Israël, le système de cotisation pour les retraites est assez récent. Ainsi, il est courant de voir des personnes d’un certain âge encore dans la vie active et ce, bien souvent pour des raisons financières. Il y a ici une culture différente, une approche particulière aux tranches d’âge plus avancées.
Aujourd’hui on entend parler ici aussi de limitation du temps de travail. Quoi qu’il en soit, ici et en France, l’allongement de l’espérance de vie fait qu’à plus de 65 ans, on se sent encore jeunes et actifs!
Lph: Comment expliquez-vous que tant de seniors s’impliquent dans la vie associative?
J-C.Z.: Deux profils se distinguent. Ceux qui ont toujours été actifs dans leur communauté ou déjà au sein d’associations, pour la plupart, vont poursuivre cet engagement une fois à la retraite. D’autres se découvrent soudain une fibre associative parce qu’ils ont maintenant le temps de s’y intéresser et qu’ils souhaitent mettre leurs compétences acquises au cours de leur vie, au service des autres.
Lph: Les femmes et les hommes retraités sont-ils dynamiques dans les mêmes proportions?
J-C.Z.: Si l’on observe les organigrammes des associations, alors on s’aperçoit que les postes de cadres sont occupés par des retraités. En revanche, les femmes répondent beaucoup plus massivement présentes aux activités. Cela s’explique d’abord par le fait qu’elles vivent plus longtemps… Elles ne veulent pas rester seules à la maison. Je note aussi que ces dernières années ont vu se créer plusieurs associations féminines, c’est un phénomène remarquable.
Lph: En Israël, on note une soif de bouger, de sortir, d’agir, des seniors qui ont fait leur alya. Faut-il y voir un lien avec le changement de leur lieu de vie?
J-C.Z.: Avec l’alya de plus en plus massive depuis la France, s’est produit un phénomène de revendication de son identité française. La création de medias francophones mais aussi d’associations et de communautés religieuses en est le témoin principal. La présence et la mobilisation des seniors face aux évènements, face aux appels à la solidarité tient aussi au fait qu’ils sont plus disponibles et ont souvent plus de moyens financiers que les jeunes couples qui peinent à s’installer. Cela se vérifie à chaque fois: les seniors sont demandeurs d’activités bien organisées et qui permettent des rencontres.
Je dirais aussi qu’arrivé à un certain âge, on a soif d’apprendre et de découvrir. Une personne âgée a sa vie derrière elle, elle veut profiter de chaque instant et le remplir. Les jeunes se disent qu’ils ont le temps. Beaucoup ne veulent pas être uniquement Papy et Mamy. Ils ont l’intention d’être pleinement actifs non seulement auprès de leurs enfants mais aussi au sein de la société. Ils tiennent à avoir leurs propres activités, leurs relations sociales.
Propos recueillis par Guitel Ben-Ishay