Pendant deux ans, les journaux ont raconté le périple de la sonde Rosetta envoyée par l’Agence Spatiale Européenne vers la comète au doux nom de 67P/Churyumov–Gerasimenko. Cette mission s’est terminée à l’automne dernier, les scientifiques ont de belles années devant eux pour en analyser les données. Entre temps, la NASA a envoyé une sonde vers Jupiter, appelée Juno. Celle-ci a déjà envoyé des photos d’énormes ouragans dans les régions polaires de Jupiter, et le plus important est devant nous.
Evidemment les critiques ne manquent pas: pourquoi gaspiller des sommes astronomiques (eh oui!) dans cette exploration inutile? On en aurait bien besoin pour s’occuper de la faim dans le monde, etc. Et puis, avec leur bombe atomique, ils ont détraqué le temps… Les mêmes personnes ne renonceraient pourtant pas à l’antenne parabolique sur leur toit, même si Guy Lux n’est plus là, ni au Teflon dans leur poêle à frire, une retombée du programme Apollo. Et surtout pas à Waze.
Qui se souvient du programme spatial soviétique des années soixante? Non, pas Spoutnik et son bip-bip, autre chose. Une série de sondes a été envoyée vers Venus, notre voisine. A une époque, on pensait que cette planète ressemblait très fort à notre bonne vieille Terre. Une taille et une gravitation comparables, et la durée de son année (une révolution autour du soleil) n’est pas trop différente. Peut-être un peu plus chaude. On pourrait bien y passer des vacances au soleil.
C’est dans les années cinquante que des radiotélescopes ont permis de se rendre compte que Venus est très très chaude. Des sondes américaines (Mariner 2) et soviétiques ont croisé près de Venus dans les années soixante et ont montré une atmosphère de gaz carbonique, à plus de 400 degrés, avec des nuages d’acide sulfurique. Le séjour ne semble plus si idyllique. La figure 1 est une image prise en ultraviolets[1]..
Figure 1
Les soviétiques ont alors envoyé des sondes devant descendre vers la surface de la planète. La première arrivée, Venera 4, a émis des signaux pendant une heure et demie, et brusquement plus rien. Tout semble indiquer qu’elle a été écrasée par l’énorme pression atmosphérique de Venus. En arrivant au sol, ce n’était probablement plus qu’un morceau de métal fondu.
Ont suivi d’autres sondes, prévues pour résister à plus de 80 fois la pression atmosphérique sur Terre. Venera 7 est arrivée à 10 mètres de la surface, en envoyant des signaux à la Terre, puis son parachute a fait défaut et la sonde s’est écrasée au sol. Cependant, des experts de Moscou ont réussi à découvrir qu’elle a continué à émettre pendant encore 20 minutes. Dans une mauvaise direction toutefois.
Les efforts ont continué, à l’est comme à l’ouest, et ont porté leurs fruits. On dispose aujourd’hui d’images en couleurs précises de la surface de Venus[2].
Figure 2
Pourquoi vous ai-je raconté tout ça? Tout simplement parce que la Torah nous dit: “Car cette loi … n’est ni trop ardue pour toi, ni placée trop loin. Elle n’est pas dans le ciel, pour que tu dises: qui montera pour nous au ciel et nous l’ira querir[3] (Devarim 30,11-12)”.
Si effectivement elle n’est pas dans le ciel, alors pourquoi tous ces programmes astronomiques et spatiaux ?
D’une part, parce que la Torah exige de nous de nous efforcer de comprendre l’Univers (voir entre autres: Chabat 75b, Mahara”l – Netiv Hatorah, Chap. 14). De cela nous avons déjà parlé. Mais aussi pour que nous apprenions ce que le mot effort veut dire. Si l’Humanité avait renoncé au premier échec, nous n’aurions aujourd’hui ni automobiles, ni hélicoptères, et Panoramix n’aurait pas guéri le druide Amnésix.
La Torah n’est pas loin. Elle est dans des livres, a portée de main sur nos étagères. Il suffit de s’en saisir. L’étudier, la comprendre, l’intérioriser, chacun à son niveau, demande des efforts, mais on y arrive.
Enfin, la conquête spatiale nous montre l’efficacité d’un effort collectif et soutenu. Il en va de même pour la Torah. Et ça, Pirke Avot nous l’avait déjà dit.
Pr Noah Dana-Picard
[1] https://nssdc.gsfc.nasa.gov/image/planetary/venus/pvo_uv_790205.jpg
[2] https://nssdc.gsfc.nasa.gov/image/planetary/venus/mgn_sif_mons.jpg
[3] Traduction: Bible du Rabbinat Français