Un constat affligeant, mais pas nouveau, qui s’appuie sur un récent sondage du quotidien Yediot Aharonot : les Israéliens aiment et désirent l’alya, mais détestent les nouveaux immigrants et les arrivants de France n’échappent pas à cette fatalité. Certes, les clichés humiliants et dévalorisants vont bon train à chaque alya et aucune communauté nouvellement arrivée en Israël n’y échappe. Cette discrimination, qui prend parfois un caractère franchement haineux, trouve sa source dans des sentiments éternels, inhérents à l’être humain : jalousie, peur de se voir supplanter par l’Autre porteur d’une culture issue d’une société étrangère aux références locales. Déjà la Bible nous mettait en garde contre ce phénomène de rivalité qui peut dans certaines circonstances conduire même à la violence. Ainsi Cain a-t-il tué son frère Abel parce qu’il partageait son espace et s’imposait dans son paysage de facon unique et différente, porteur d’un autre projet de société, une autre relation au monde et au Créateur vécue comme une menace. Alors faut-il se contenter d’attendre que ces tensions s’estompent d’elles-mêmes ?
Je crois au contraire qu’un travail éducatif en profondeur dans les écoles doit être entrepris depuis le plus jeune âge des enfants. Parallèlement, des programmes télévisés d’ouverture et de connaissance des cultures des communautés dont sont issus les nouveaux immigrants pourraient aider à lutter contre certaines attitudes de rejet ou de dénigrement à leur égard. Les efforts engagés renforceront la cohésion d’une société qui s’est imposée le défi extraordinaire de faire vivre ensemble des hommes et des femmes originaires en Israël de plus d’une centaine de nations. Il est également souhaitable de sensibiliser les nouveaux immigrants eux-mêmes aux codes du vivre ensemble lorsqu’on souhaite s’intégrer positivement dans une culture véhiculant des modes différents de pensée et de mentalité. Apprendre à se connaître, c’est le moyen de faire surgir une empathie réciproque. Le chemin vers l’Autre, aussi malaisé soit-il, doit être nécessairement parcouru en Israël par chacun, comme dans les autres sociétés démocratiques. Pour le plus grand bien de tous.