Directeur du ministère de l’alya et de l’intégration, Oded Forer a décidé de franchir la barrière et de se lancer en politique. Il s’est présenté sur la liste du parti Israël Beitenou lors des dernières élections. Le parti d’Avigdor Liberman n’ayant obtenu que 6 sièges, il s’est retrouvé hors de la Knesset, jusqu’à ce que Sharon Gal démissionne. Oded Forer, suivant sur la liste, est donc député depuis 2015.
LPH a interrogé cet homme qui s’est déjà illustré dans un poste administratif pour les olim, afin de savoir ce que l’homme politique fait et prévoit de faire en faveur de l’intégration.
Le P’tit Hebdo: Comment va le parti Israël Beitenou? Vous avez enfin obtenu une place dans la coalition.
Oded Forer: Le parti va très bien. Nous sommes entrés dans la coalition en ne renonçant à aucune de nos exigences. Le ministère de la Défense en était une, mais aussi celui de l’alya et de l’intégration.
Lph: Pourquoi les olim vous sont-ils si chers?
O.F.: Notre pays est un pays d’alya. Pendant longtemps, c’était une préoccupation principale pour tout le monde. Aujourd’hui nous sommes les seuls à nous en soucier réellement.
Lph: La pensée courante est d’estimer qu’Israël Beitenou réclame le ministère de l’alya pour obtenir les voix russes ? Rumeur, diffamation ou vérité?
O.F.: Nous nous intéressons à l’intérêt de l’Etat d’Israël. Cela passe par une bonne intégration des olim quelle que soit leur origine. Les autres partis ne s’y intéressent pas assez, sinon nous aurions déjà résolu un grand nombre de questions qui se posent aux olim. Nous verrions une meilleure coopération entre les ministères.
Lph: Israël Beitenou veut donc entretenir un lien avec les olim de France?
O.F.: C’est l’un de nos objectifs prioritaires. Nous agissons ici en Israël mais aussi en France avec l’ouverture d’oulpan grâce aux budgets que nous avons réussi à obtenir.
Par ailleurs, nous avons obtenu une augmentation considérable des budgets pour aider les personnes âgées. Ces mesures concernent directement les olim de France qui devaient attendre un certain nombre d’années avant de pouvoir bénéficier d’allocations vieillesse. Bientôt cela ne sera plus le cas.
Lph: L’une des préoccupations principales des olim c’est l’emploi. Quelle est votre position sur ce sujet?
O.F.: Je pense que plusieurs administrations gouvernementales ont échoué concernant l’emploi des olim, parce qu’elles n’ont pas compris ce que cela signifiait faire son alya.
Ce n’est pas normal, par exemple, que le ministère de la Santé ait besoin une dizaine d’années pour écrire un règlement pour les podologues par exemple. J’ai pris sur moi de faire accélérer le rythme, pour contourner les obstacles. C’est ainsi que je concois ma mission de député: faciliter au maximum l’intégration des olim.
Lph: Quels sont les obstacles aujourd’hui?
O.F.: L’oulpan ne prépare pas au monde du travail. Je salue ici le travail des personnes qui aident les olim à s’adapter au monde du travail israélien.
Il y a une amélioration grâce à ces aides, grâce au travail qui est fait concernant les équivalences de diplômes. Ainsi, déjà avant l’alya, on peut adresser un dossier pour savoir quelles sont exactement les démarches à faire dans ce sens et gagner du temps. Mais ce n’est pas encore suffisant parce que certaines reconnaissances devraient être automatiques.
J’ai proposé une loi pour qu’Israël accepte les règlements européens dans le domaine des professions médicales. Ainsi, si un médecin français peut obtenir un permis de travail en Italie, il doit pouvoir l’obtenir en Israël.
Le ministère de la Santé s’y oppose pour le moment. Le Premier ministre m’a dit qu’il me soutenait, j’attends de le constater dans les faits.
La prochaine loi que je présenterai, concernera les infirmières pour qu’elles puissent exercer en Israël.
Lph: Vous avez réussi à faire passer une loi sur les passeports pour les olim. Pouvez-vous nous la détailler?
O.F.: Nous avons fait voter une loi qui va réparer l’injustice selon laquelle un olé n’avait pas le droit d’avoir passeport israélien pendant la première année qui suivait son alya. Nous avons demandé à changer la loi de façon à ce qu’il puisse recevoir son passeport à partir du moment où il devient citoyen israélien.
Ce problème concerne particulièrement les personnes qui font l’aller-retour avec la France pour des raisons professionnelles. Ils ont fait leur alya avec leur famille, mais on ne leur accorde pas de passeport, parce qu’ils ne vivent pas assez de temps sur place. C’est absurde! Il fallait mettre fin à cette situation.
Lph: Que pensez-vous de la façon dont les olim s’intègrent?
O.F.: En général, les olim de France s’intègrent bien. Le plus difficile c’est le rythme des enfants. Quand on est habitués à des journées d’école longues et qu’on se retrouve dehors à 13h30, avec des parents qui doivent apprendre la langue, trouver un emploi, etc… c’est compliqué. C’est pourquoi, je travaille à la mise en place de tsaharon pour ces enfants.
Pour les adolescents, j’agis pour que les mouvements de jeunesse intègrent mieux les jeunes olim et crée des programmes spéciaux pour eux.
Lph: Que manque-t-il pour aider concrètement à l’intégration des olim?
O.F.: Le ministère de l’alya et de l’intégration travaille sur des nouveaux programmes. Parallèlement, nous devons mettre en place des équipes transversales entre les ministères. Par exemple, aider les olim dans le monde du travail passe par une coopération entre le ministère de l’alya et le ministère de l’économie.
La baisse de l’alya de France doit nous faire prendre conscience de la nécessité de donner des programmes d’intégration plus complets pour que tous ceux qui veulent monter puissent le faire sereinement. L’Etat doit comprendre que pour encourager l’alya aider l’intégration, nous avons besoin de budgets.
Lph: Quel est votre conseil aux olim?
O.F.: Apprenez l’hébreu, c’est la clé. Utilisez tous les outils que l’on met à votre disposition. Nous voulons vous aider!
Guitel Ben-Ishay
Photo by Yonatan Sindel/Flash90