Le président de l’Etat d’Israël a marché en première ligne lors de la Marche des Vivants qui fut la plus imposante depuis son lancement en 1988, avec plusieurs dizaines de milliers de participants, juifs et non-juifs, parmi eux de nombreux rescapés de la Shoah ou des descendants de déportés. Il était notamment accompagné du Rav Israël Meïr Lau, du directeur de la Marche des Vivants Dr. Shmuel Rosenman, du chef d’Etat-major de Tsahal Gadi Eizencot, du directeur du Mossad Yossi Cohen, du directeur du Shin Bet Nadav Argaman mais aussi du président polonais Andrzej Duda.
Le discours du président israélien était très attendu au vu des fortes tensions qui sont apparues entre la Pologne et Israël suite à la “loi de la Shoah” votée par la Diète polonaise.
Reouven Rivlin a commencé son intervention en récitant la phrase “Shema Israël…”, rappelant dans la foulée que ce fut le cri de tant de nos frères et soeurs en cet endroit. “Je ferme les yeux et je peux encore percevoir les pleurs des mamans dont les enfants ont été arrachés de leurs bras, la terreur des pères dont les proches étaient brûlés devant leurs yeux”, a-t-il dit, la voix tremblante d’émotion.
Le président a poursuivi: “La sélection maudite, vers la vie ou vers la mort, les aboiements des chiens, les ordres glaçants des gardiens, ‘schnell! schnell!’ Il fallait tuer les Juifs, vite. Pour l’Allemagne nazie, ils ne furent que des numéros, sans identité ni nom. L’efficacité allemande avait été appliquée jusqu’au bout. Rien qu’à Auschwitz, plus d’un 1,1 millions d’êtres furent torturés, assassinés, brûlés et rayés de la surface de la terre. Et parmi eux, un million de Juifs”.
Reouven Rivlin a ensuite abordé le sujet délicat: “Nous sommes ici et nous savons que de cet endroit nous ne pouvons espérer la justice. Dans cet endroit qui regorge des cendres de nos frères et soeurs, nulle justice ne sortira. Nous n’espérons plus de justice dans une Europe qui tente aujourd’hui, trop vite, d’oublier, de faire oublier, de nier, de supprimer des preuves. Mais notre mémoire à nous, fils du peuple juif, est à l’opposé de la rapidité nazie. Nous sommes un peuple qui se souvient, notre mémoire est patiente. Tout ce que nous a fait Amalek y est gravé; c’est la mémoire d’un peuple ancien: ceux qui sont restés indifférents, ceux qui ont vu les cheminées cracher leur fumée, ceux qui ont entendu les cris et n’ont pas levé le petit doigt, ceux qui même après la guerre ont cru que le sang juif devait encore couler et on tué les Juifs rescapés qui revenaient chez eux, ceux qui ont tué et hérité. Il y a la Shoah et il y a les négationnistes, et la différence entre eux s’appelle la vérité. Et nous, nous savons car c’est de la terre que la vérité émergera”.
Vers la fin de son discours, le président israélien a rajouté: “Je suis ici en tant que président de l’Etat d’Israël, l’Etat du peuple juif, au jour du Souvenir de la Shoah et de la Bravoure, soixante-quinze ans après la révolte du Ghetto de Varsovie, soixante-dix ans après la création de l’Etat d’Israël et trente ans après la première Marche des Vivants (…) Notre peuple retourne dans son ancienne patrie après deux ans d’Exil afin de faire renaître son foyer national, comme peuple libre au sein de la famille des nations. Un peuple qui est né avec l’ordre ‘Lekh Lekha’ et qui continue à marcher vers la vie, et qui continue à dire ‘me voici!’. Je suis encore vivant! Am Israël ‘Haï!”
Photo Yossi Zelliger / Flash 90
Il doit y avoir une coquille quelque part dans ce texte “Notre peuple retourne dans son ancienne patrie après deux ans d’Exil” ??????? Deux mille, plutôt ! Ce n’est pas tout-à-fait pareil !