Le récent appel de Hanin Zoabi lancés aux Arabes palestiniens depuis l’ONU à « marcher par millions sur Jérusalem » a relancé dans la classe politique israélienne le débat sur l’éviction définitive de la Knesset de cette députée qui ne rate jamais une occasion de soutenir les terroristes.
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, la ligne de césure dans les intentions face à la proposition déposée par Oded Forer (Israël Beiteinou) ne se situe pas entre la droite et la gauche. Si Likoud, Habayit Hayehoudi, Israël Beiteinou et Koulanou sont assurés de voter en faveur du texte, les deux partis orthodoxes y sont pour l’instant opposés ! Or, pour obtenir l’éviction d’un(e) député(e), il faut au moins 70 députés dont au moins 10 de l’opposition.
Oded Forer a envoyé une lettre aux présidents des groupes Shass et Yahadout Hatorah, Yoav Ben Tzour et Yaakov Moses pour les exhorter à voter en faveur de l’éviction de la députée arabe : « …Depuis que Hanin Zoabi est entrée à la Knesset, ses déclarations et initiatives contre l’Etat d’Israël sont devenues monnaie courante. Nos oreilles se sont hélas habituées aux stupidités qu’elle sort de sa bouche. Mais d’un autre côté, ses propos constituent une incitation contre l’Etat d’Israël juif et démocratique dans un but de porter atteinte à ses capacités de légitime défense et tout simplement d’exister ». Dans sa lettre, le député a également rapporté quelques exemples d’initiatives anti-israéliennes de la députée depuis qu’elle occupe cette fonction.
Oded Forer poursuit : « J’ai commencé à collecter des signatures afin d’arriver au nombre de 70 qui permettrait d’entamer un processus d’éviction de Hanin Zoabi de la Knesset en vertu de l’article 421 de la loi fondamentale de la Knesset (…) La signature des députés de vos deux partis est donc très importante ».
Mais les partis orthodoxes ne veulent pas faire de cadeau à Israël Beiteinou qui est à la pointe du combat en faveur de lois auxquelles ils s’opposent dans le domaine de la Religion et de l’Etat. C’est pour cela qu’Oded Forer a rajouté dans sa lettre : « L’éviction de Hanin Zoabi doit être un sujet situé au-dessus des polémiques politiques. Sa simple présence à la Knesset devrait inquiéter tous les partis (…) C’est une question de principe et de morale ».
Mais dans les partis orthodoxes on ne se montre pas enthousiaste à exclure la députée arabe. Ouri Maklev (Yahadout Hatorah) a réagi en fournissant un argument usé jusqu’à la corde : « Sans minimiser sa gravité de ses actes, son éviction ferait de Hanin Zoabi une victime (‘shahid’ selon ses propres termes) agirait en boomerang et provoquerait encore plus de haine ». La suite n’est pas mieux : « La Knesset est un endroit où il est légitime d’entendre des voix extrêmes et c’est l’occasion de pouvoir s’y mesurer. Ce n’est pas un secret que ce genre d’attitude renforce la droite et le pouvoir en place. Nous ne nous associerons pas à une démarche populiste» (sic). M. Maklev oublie que Hanin Zoabi ne fait pas que dire des choses extrêmes, elle agit également, et elle ne se contente pas de l’enceinte de la Knesset pour diffuser son venin.
Ainsi, comme sur la question de la montée des Juifs sur le Mont du Temple, les députés orthodoxes marchent main dans la main avec leurs collègues arabes.
Autre terrain, celui de Yesh Atid, qui parle de deux voix distinctes sur cette question. Son président Yaïr Lapid a annoncé qu’il signera le texte avec deux autres députés de son parti, sans nommer lesquels. Il a expliqué : « Cette femme n’a pas sa place à la Knesset car elle soutient le Hamas et aucun parlement au monde n’accepterait que l’un de ses membres qui soutiendrait le terrorisme conserve son siège».
Mais le député Ofer Shelah, de l’aile gauche du parti, a exprimé l’avis contraire. Sur sa page Facebook il a notamment écrit : « Je ne signerai pas cette initiative. Je ne support pas Hanin Zoabi. C’est une vile provocatrice qui est prête à franchir toutes les lignes rouges pour faire les grands titres. Sa présence à la Knesset n’est pas à l’honneur de la démocratie israélienne (…) Mais parallèlement je m’oppose à la loi d’éviction qui n’est qu’une nouvelle loi typique de cette coalition qui n’y comprend rien à la démocratie (…) Ceux qui veulent aujourd’hui l’exclure de la Knesset ne feront que lui rendre service et lui permettre de se présenter en victime et en héroïne de la démocratie (…) Une simple plainte devant la commission d’Ethique permettrait de l’éloigner pour six mois de la Knesset (…) Il ne faut pas lui faire la cadeau de l’évincer définitivement et il ne fait pas faire ce cadeau à la coalition… ».
Mais tous les efforts de la droite pour se débarrasser de cette plaie appelée Hanin Zoabi risquent d’être vains: au bout d’un long processus, la Cour suprême sera probablement au rendez-vous pour sauver une nouvelle fois la députée.
Photo Yonatan Sindel / Flash 90