Pour clôturer ce dossier consacré aux seniors hyperactifs, LPH est allé à la rencontre du Dr Karine Barkate, gériatre. Elle nous livre son analyse sur cette nouvelle vie qui commence quand l’heure de la retraite sonne. Voici ses conseils, ses observations, bref son regard de professionnelle.
Le P’tit Hebdo: Quelles sont les réactions les plus courantes chez les personnes qui partent à la retraite?
Dr Karine Barkate: L’âge du départ à la retraite est très différent en fonction des pays. En France il est entre 60 et 65 ans. Il est peu fréquent que les personnes continuent à travailler.
En Israël, probablement pour des questions de revenus, les personnes continuent à travailler très fréquemment au-delà de l’âge de la retraite. Il n’est pas rare de rencontrer des personnes de 90 ans toujours en activité.
Au sentiment de soulagement de partir en retraite s’ajoute un sentiment d’insécurité lié à une perte de repères. La personne reste en suspens, entre les habitudes qui s’arrêtent et une nouvelle vie à créer dans son couple, avec ses proches et ses amis, dans de nouvelles activités.
C’est un moment de rupture avec le monde des actifs, avec un réseau relationnel, avec un accès facile à l’information, des repères dans l’espace et dans le temps et toute une structure de vie qui s’était mise en place.
Ce passage n’est donc pas si facile à vivre… car il s’agit de faire des deuils, et notamment celui de notre identité sociale. Depuis que l’on est enfant, on nous serine qu’il faut avoir des diplômes et un métier. On nous persuade que la vie professionnelle est la condition de l’épanouissement et de la réussite. Quand elle s’arrête, on se retrouve face à ces questions : « Quelle est notre véritable identité ? » ; « De quoi sommes-nous faits ? ».
Pour peu que l’on se soit beaucoup investi dans la vie professionnelle, l’identité sociale a pris le pas sur toute autre dimension. Il s’agit de construire une nouvelle image de soi et une autre façon d’avoir un rôle dans la société ou dans le monde associatif. L’une des clés est d’accepter de porter un nouveau regard sur soi et consentir à ce que les autres portent eux-mêmes un nouveau regard sur nous.
Lph: Que conseillez-vous aux retraités pour maintenir un niveau de forme physique et mental au top?
Dr K.B.: Le sport n’est pas réservé qu’aux jeunes, il est même vivement recommandé aux seniors. Si des précautions sont à prendre avant de commencer la pratique d’un sport, les études montrent que faire de l’exercice permet de prévenir les conséquences des chutes et de diminuer les risques de perte d’autonomie.
Calmes ou plus dynamiques, certains sports sont particulièrement adaptés aux personnes âgées.
Avant de s’adonner à une nouvelle activité physique et sportive, il faut avant tout connaitre et tenir compte de ses capacités.
Il est important de s’entretenir avec un médecin traitant ou de la médecine du sport, afin de vérifier que cette activité est adaptée à son état de santé.
Dans tous les cas, il convient également de prendre quelques précautions lors de la reprise d’un sport :
- Ne pas se lancer dans une activité physique du jour au lendemain : l’entraînement doit être progressif.
- La régularité est importante pour obtenir des bénéfices et éviter de se faire mal.
- Pour les activités physique à plusieurs, choisir un groupe ayant les mêmes capacités que soi.
- Éviter les compétitions et les efforts violents.
- Avoir le bon équipement : Se chausser et se vêtir de manière adaptée.
- Attention à l’hypothermie (baisse de la température du corps) et à la déshydratation. Il faut boire régulièrement. Une fois toutes ces précautions prises, il n’est pas toujours évident de savoir quel sport est recommandé ou non aux personnes âgées, les performances après 50 ans n’étant plus les mêmes qu’à 20 ans. En revanche, l’habilité et la souplesse peuvent être améliorées à tout âge.
Certains sports sont déconseillés si la personne n’en n’a jamais pratiqué dans sa jeunesse, comme le ski et les sports de raquette, le tennis et le squash qui sollicitent beaucoup les articulations.
La course à pied peut être également trop éprouvante pour le cœur et les genoux.
En revanche, il existe une grande diversité de sports accessibles aux seniors comme le yoga, la marche nordique, la gymnastique (aquagym), le tai chi chuan…
Lph: Est-il bon qu’une personne âgée soit ”hyperactive”?
Dr K.B.: Une personne qui était hyperactive pendant sa vie adulte a de grandes chances de continuer même à la retraite. Elle aura besoin de combler son temps parfois de manière excessive pour éviter- peut-être -de tomber dans l’ennui ou la dépression.
Comme on l’a dit précédemment, il fait se poser des limites dans les pratiques sportives par contre dans les activités associatives cette limite est moins évidente. L’essentiel est avant tout l’épanouissement de la personne retraitée.
Lph: Souvent les seniors sont sollicités par leurs enfants pour s’occuper des petits-enfants. Quel est votre message aux grands-parents quant à cette activité? Quel est celui que vous aimeriez faire passer aux enfants?
Dr K.B.: Les grands-parents sont souvent sollicités par leurs enfants pour les aider. Il faut penser avant tout que cela doit être une activité de plaisir et non une contrainte. Les grands-parents attendent parfois avec impatience d’être libérés des contraintes professionnelles et retombent dans les contraintes familiales… Ainsi certains prendront un grand plaisir à le faire quand d’autres ne rêvent que de liberté!
Les enfants sont eux en pleine activité professionnelle et trouvent ” normal” d’être aidés par leurs parents à s’occuper des enfants.
Le rôle des grands-parents peut être d’aider les enfants, si cette activité ne leur est pas imposée. Certain peuvent s’y épanouir mais ce n’est pas le cas de tous. Il faut donc respecter le choix des grands-parents de profiter pleinement de leur liberté, sans contraintes. Les grands-parents peuvent aider mais en aucun se substituer aux parents en matière d’éducation.
Lph: Trouvez-vous que les seniors d’aujourd’hui sont plus actifs qu’avant? Pourquoi à votre avis ce dynamisme si particulier chez cette tranche d’âge?
Dr K.B.: Oui indéniablement les seniors d’aujourd’hui sont plus actifs qu’avant. Terminée l’époque durant laquelle, à partir d’un certain âge, les papy’s et les mamie’s occupaient leurs journées devant les émissions de télévision. Aujourd’hui, la « silver » génération a repris les choses en main et compte profiter de la vie aussi longtemps que possible.
Les signes de vieillesse sont nettement moins marqués qu’avant.
Avec les progrès de la médecine et des produits cosmétiques, on paraît plus jeune beaucoup plus longtemps. De plus, l’espérance de vie ne cesse de s’allonger. Les personnes âgées sont en bonne santé et en profitent pour se rendre utile.
Dr Karine Barkate
Gériatrie- Psychogériatrie
Centre Médical Neve Tsedek
Hôpital Rehut Tel Aviv
Visites à domicile
Propos recueillis par Guitel Ben-Ishay
Bonjour, la retraite se prépare dans la tête bien avant d’y pénétrer; il en est de même pour tout événement; il faut être prêt………….! Irrémédiablement comme la mort, ou autres agréments ou désagréments qui font partie de notre vie personne n’y échappe. Je l’ai prise à 55 ans j’ai eu cette chance. Je n’ai pas été du tout ébranlé puisque j’ai continué une vie imprégnée d’activités diverses……..Je m’y était préparé à partir de mes 40 ans et surtout les témoignages des anciens m’avaient intensément aidés. J’ai changé de “caisses à outils”. ….. au pluriel, tour à tour maçon, peintre, ouvrier agricole, arbitre de régates, gymnaste, voyageur, étudiant langues étrangères etc….Votre article est fort intéressant et je partage entièrement sa teneur.
À Claude Salama:
J’ai connu un Claude Salama au Lycée Lyautey (Casablanca) dans les années 1954-58, demeurant au boul de Bordeaux, agé entre 75 et 79 ans.
Méprise il y a.
Ne vous en offusquez pas
Cordialement