Les événements graves et intenses que vit l’Etat d’Israël depuis près de deux semaines sont une occasion “rêvée” de reparler de l’excellent livre “La trahison des clercs d’Israël”, écrit en 2016 par Pierre Lurçat. L’auteur y présente de manière concise et lucide un phénomène regrettable qui traverse la société israélienne dans ses diverses strates et dont les racines plongent dans le début de l’Histoire du sionisme politique: la mainmise d’un intellectualisme pseudo-moral, détaché des réalités, sur l’instinct de survie d’un Etat menacé de toutes parts.
Alors que tout le monde croit – en Israël comme à l’étranger – que ce sont des idées très à droite qui dominent la vie politique, diplomatique et militaire, c’est en réalité l’inverse qui est vrai : c’est une idéologie pacifiste et parfois défaitiste qui, avec les années, a réussi à imprégner presque tous les rouages de la société israélienne de manière consciente ou inconsciente.
Les principaux responsables de ce que décrit l’auteur sont les intellectuels, appelés “clercs” pour paraphraser le célèbre ouvrage du même nom écrit par Julien Benda en 1927. L’auteur note que les intellectuels israéliens, très majoritairement marqués à gauche ou à l’extrême gauche se sont autoproclamés comme censeurs moraux de la politique israélienne: “Ils assument une position critique morale de l’extérieur, négligeant les intérêts matériels du peuple et de l’Etat juifs en des moments fatidiques, au nom de principes abstraits, édulcorés et détachés des réalités concrètes de l’époque dans laquelle ils vivent“.
En d’autres termes, les intellectuels israéliens, enfermés dans les hautes sphères de valeurs universelles désincarnées, sont incapables de formuler un discours terre à terre, qui corresponde aux besoins vitaux et immédiats de l’Etat d’Israël. Bien au contraire, ils mettent Israël en difficulté permanente en lui renvoyant l’image d’une morale qu’ils croient juive, mais qui est en fait davantage chrétienne, faisant passer l’Autre avant soi-même. Ce faisant et jouissant d’une large aura à l’étranger, ils portent une lourde responsabilité dans la délégitimation d’Israël dans le monde, l’Etat juif étant sommé de se comporter selon des normes morales quasi-suicidaires, qu’aucun autre pays ne pratique par ailleurs en situation de crise.
Pierre Lurçat prend comme point de départ de ce phénomène idéologique la volte-face spectaculaire de Martin Buber (1878-1965), jadis partisan du sionisme, qui devint plus tard l’un de ses plus grands contempteurs. Ce philosophe allemand, comme d’autres de ses collègues, décida au nom d’un humanisme utopique, d’envisager le sionisme uniquement sous le prisme du sort des populations arabes qui vivaient en Palestine, en qui il vit progressivement des victimes du projet sioniste. Peu à peu, il se détacha du projet sioniste herzlien en imaginant un Etat binational judéo-arabe, sous l’appellation de Brit Shalom. Allant très loin dans sa critique d’une souveraineté politique juive, il se prononça contre toute auto-défense juive et attribua la responsabilité des pires pogroms, comme celui de 1929 à Hévron, à la direction et la politique sionistes. Une attitude que n’est pas sans rappeler bien d’autres prises de position beaucoup plus récentes… L’idée selon laquelle le sionisme créait une injustice envers les Arabes et que l’utilisation de la force armée était étrangère au judaïsme furent le socle de la pensée de Buber, qui rêvait d’un “sionisme moral et spirituel” mais exempt de tout pouvoir politique.
Pierre-Itshak Lurçat montre comment Martin Buber et son Brit Shalom, auquel vinrent se joindre d’autres philosophes et intellectuels allemands, fut à l’origine de la ligne idéologique promue par un groupe d’intellectuels qui gravitaient autour de l’Université hébraïque de Jérusalem et qui eurent une influence majeure sur les faiseurs d’opinions. Ces penseurs sont aussi à l’origine des mouvements pacifistes actuels, tels Goush Shalom ou Shalom Akhshav, mais également d’un fil moins visible qui dicte souvent les réflexes des politiciens ou militaires israéliens, sous tous les gouvernements: faire passer la souffrance juive au second degré et donner priorité à la souffrance qui serait causée par les Juifs. Avec tout ce que cela comporte sur le plan politique et militaire.
En cinq chapitres très bien ficelés, Pierre Lurçat recense les principaux rouages de la société dans lesquels se sont incrustés ces réflexes ainsi que leur influence, jusqu’à l’heure actuelle: le faux-messianisme du processus d’Oslo, l’apparition des “intellectuels engagés” qui deviennent “la voix d’Israël” à l’étranger, le combat post-sioniste des élites intellectuelles, médiatiques et universitaires ainsi que l’extrémisme éthique pratiqué par Tsahal, armée la plus morale du monde, même au prix de la vie de ses propres soldats.
Tout ceci se résume en des attitudes bien précises: auto-flagellation permanente, peur de vaincre, crainte systématique des réactions internationales, concessions et capitulations, timidité quant à la justesse de la cause sioniste, etc. Ces symptômes sont paradoxalement autant présents chez les gouvernants de droite que de gauche.
Les récents événements du Mont du Temple nous offrent une nouvelle fois une quintessence de cette pathologie, qui tire ses racines dans une vision partielle et tronquée du judaïsme, dont les intellectuels juifs allemands et leurs disciples israéliens ont été des vecteurs essentiels, oubliant que la culture ne peut faire l’économie de la nature, surtout lorsqu’on a affaire à des ennemis sans foi ni loi, mûs par les pulsions les plus bestiales.
Une raison supplémentaire pour lire ou même relire l’excellent ouvrage de Pierre Lurçat et comprendre ce qui se joue aujourd’hui.
“La trahison des clercs d’Israël” – Pierre Lurçat – Ed. La Maison d’Edition (Paris – 2016)
Si vous permettez que je rectifie ce qui est une mauvaise compréhension de l’évangile : ( déformé même par les chrétiens)
“Tu aimeras ton prochain comme toi même” (sous entendu comme toi même tu t’aimes beaucoup ! car ce qui est premier en nous est l’amour de soi, l’égo, ………. et donc considérer l’autre comme AUSSI important que ns mêmes). Ceci est confirmé par le verset suivant qui dit que : “personne n’a jamais haï sa propre chair mais il en prend soin !)
Cela rejoint et confirme les 10 paroles du 1er testament (5 paroles pour aimer Dieu et 5 pour aimer son prochain)
TOUTE LA LOI se résume à : ne fais pas aux autres ce que tu n’aimerais pas qu’on te fasse.
DIEU EST AMOUR DANS LE 1er et le nouveau testament – …… il n’y a qu’une seule façon d’aimer ! sI vs en voyez une autre écrivez moi !