La Parachath Rééh débute par l’exposition de l’un des fondements du judaïsme : le libre arbitre.
Le premier verset de notre lecture hebdomadaire proclame: « Regarde, Je donne devant vous aujourd’hui la bénédiction et la malédiction. »
Effectivement, à chaque instant, la vie est faite de choix.
Malgré la simplicité de ce texte et son style très dépouillé, nos Maîtres y relèvent une contradiction interne qui remettra en cause une approche simpliste du libre arbitre.
Il y a d’abord le « Je » du verset (Ano’hi en hébreu). Ce mot n’est pas qu’un simple pronom personnel. Il signifie « Je » et implique une grande élévation. C’est d’ailleurs avec lui que débutent les Dix Commandements. D.ieu y est désigné par ce mot car le moment de la Révélation du Sinaï est solennel. Il en est de même dans notre verset : si D.ieu s’exprime par Ano’hi, c’est l’indice que le texte décrit un moment fort. Mais il y a plus : il est écrit ici « Je donne ». Or toute mention de ce verbe implique un élan généreux. Compte-tenu de tous ces éléments, on peut légitimement s’étonner de la présence, dans ce verset, du concept de malédiction. Comment le Mal peut-il voisiner avec la Miséricorde divine et la bénédiction ? Cette question renvoie, en fait, à une autre question plus essentielle : quelle est la raison d’être du Mal ? Pourquoi D.ieu créa-t-il une « option » qui s’opposera systématiquement au Bien ?
UN MOYEN DE GRANDIR
La réponse à cette question est donnée par de nombreux grands Maîtres de la tradition juive. Ils répondent que le Mal existe pour permettre à l’homme d’exercer pleinement son libre arbitre. Si seul le Bien existait et que l’homme n’était animé que d’un penchant à faire le Bien, la liberté de choisir n’existerait pas puisqu’ il serait contraint naturellement de faire le Bien. C’est pourquoi , D.ieu place devant nous le Bien et son contraire. C’est là, en fait, que réside toute la grandeur de l’homme car aucun être vivant à part lui, ne possède le privilège de choisir. De là découlent les principes de récompense et punition car si l’homme n’était pas libre de choisir mais était programmé par sa nature, il n’y aurait pas lieu de le punir ou de le récompenser. On comprend dès lors, la présence au sein d’un même verset des idées de grandeur, de bénédiction…et de malédiction. La raison d’être du Mal n’est pas de tourmenter l’homme et de favoriser son malheur. Au contraire. En mettant devant lui la possibilité de choisir le Bien, D.ieu lui donne dans le même temps les moyens de grandir spirituellement. Il existe, en effet, dans le monde deux catégories d’individus. Ceux qui influencent et ceux qui sont influencés. Quand un homme choisit de faire le Mal, il ne fait qu’obéir à une pulsion qui, au moment de la faute va le diriger et lui faire perdre toute autonomie. Il est alors comparé à un animal qui ne fait que céder aux élans de ses pulsions. Faire le Bien, en revanche, traduit une volonté, un effort, de s’élever au dessus de la dimension animale qui sommeille en nous pour devenir, au final, un autre homme. Il devient alors, selon l’expression talmudique, « Un associé de D.ieu dans l’œuvre de la création. » En quoi est-il associé ? Quand un homme fait le Bien, il se transforme et influence son entourage à faire de même. A l’image de D.ieu dont l’un des traits est d’influencer et de donner
AU DELA DU TEMPS
Néanmoins, une dernière question subsiste. Si D.ieu est au-dessus du temps et maîtrise, de ce fait, passé, présent et futur, comment peut-on parler de liberté de l’homme quand D.ieu connaît à l’avance les orientations de Sa créature ? Le Tséma’h Tsédek propose la réponse suivante : D.ieu est infini et possède des pouvoirs eux aussi illimités. De ce fait, Il peut faire cohabiter une chose et son contraire. Il peut créer alors, une situation où Sa connaissance du futur n’aura (volontairement) aucune incidence sur les actions de l’homme, pour le laisser libre d’agir à sa guise.
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