Cela fait un bon moment que l’ancien Premier ministre Ehoud Barak – l’un des pires et les plus brefs qu’ait connu la pays – se livre au sport national de twitts et clips-vidéos dirigés contre le Premier ministre Binyamin Netanyahou, presque de manière obsessionnelle. Jusqu’à présent il n’avait jamais clairement évoqué un retour en politique même s’il donnait l’impression qu’il caressait ce rêve chaque jour davantage.
Mais mercredi, lors d’une interview accordée à Amnon Abramovitz de la chaîne Aroutz 12, Ehoud Barak a été plus clair et s’est déclaré de manière à peine voilée en des termes qui ne traduisent pas vraiment un excès de modestie ni de lucidité de sa part: “Je suis aujourd’hui le candidat le plus apte et le plus mûr pour diriger le pays, plus que tout autre prétendant”!! Il s’est dit plus apte encore que Binyamin Netanyahou, qui bien que “plus expérimenté” est “incapable de prendre des décisions”. Il est vrai que durant son court séjour au poste de Premier ministre Ehoud Barak avait su prendre des “décisions”: retrait rapide de Tsahal du Liban sans contrepartie, concessions irresponsables faites à Yasser Arafat à Camp David, faiblesse dans la lutte contre la 2e Intifada etc.
Ehoud Barak a raconté au journaliste que de nombreuses personnes venaient le contacter pour lui demander de revenir en politique. L’ancien ministre de la Défense a même dit tenir un sondage “anonyme” montrant qu’en cas d’élection directe du Premier ministre, il arriverait devant Binyamin Netanyahou…dans la population laïque. Il a tout de suite reconnu que dans la population globale, l’actuel Premier ministre le devance encore confortablement, même si aucun des deux hommes n’atteint les 40% d’intentions de vote!
Redoublant d’orgueil (défaut qu’il a avoué devant la caméra), Ehoud Barak a affirmé avoir “assez d’expérience, de connaissance de la scène internationale, de connaissance des enjeux sécuritaires et des questions économiques pour être le mieux placé aujourd’hui pour diriger le pays”!!
Sur le plan concret il n’a pas exclu de créer une nouvelle formation politique avant les prochaines élections ou a défaut de briguer le leadership du bloc de centre-gauche. Il n’a pas cité une seule fois Avi Gabbaï alors qu’il l’avait soutenu lors des primaires travaillistes, signe qu’il se démarque désormais de lui. A la “question qui tue” d’Amnon Abramovitz, Ehoud Barak est même allé jusqu’à envisager une réconciliation avec son ennemi juré Gaby Ashkenazy, si cela était nécessaire, afin de le rallier à lui.
Les réactions ne se sont pas fait attendre dans la classe politique, les plus acerbes venant du côté travailliste. L’ancien ministre Haïm Ramon a averti d’un éventuel retour d’Ehoud Barak dans la vie politique au sein du Parti travailliste: “Ehoud Barak menace une nouvelle fois de frapper le Parti travailliste comme il l’a fait par le passé. Aucun homme politique n’a fait autant de mal à ce parti qu’Ehoud Barak, en provoquant sa scission et plaçant Binyamin Netanyahou sur le trône de Premier ministre”. Haïm Ramon a également dénoncé le “syndrome de la femme battue” qui atteint aujourd’hui selon lui le Parti travailliste dont certains membres recommencent à courtiser Ehoud Barak depuis qu’il donne des signes d’un retour à la vie politique.
Le député Eitan Cabel (Camp Sioniste) a lui-aussi exclu tout retour d’Ehoud Barak au sein du Parti travailliste: “Je ne connais pas beaucoup de personnes qui retournent chez le même médecin qui les a presqué tuées les fois précédentes”, (métaphore pour le moins étrange pour ce membre d’un parti qui recommande inlassablement de négocier avec l’Autorité Palestinienne…). “Il est agréable de discuter avec Ehoud Barak autour d’une tasse de café, mais c’est un petit politicien et il a prouvé à plusieurs reprises qu’il n’a pas l’étoffe d’un leader”, est allé jusqu’à dire le député. Ce dernier a conclu en considérant qu’Ehoud Barak “cherche à être constamment sous les projecteurs afin de faire prospérer ses affaires”!
Du côté de la majorité, le ministre Ayoub Kara a rappelé qu’Ehoud Barak fut l’un des pires Premiers ministres d’Israël et estimé qu’il allait vers un revers cuisant s’il se présentait aux élections car le soutien dont il jouit dans les médias et qui le porte sont trompeurs et ne correspondent pas du tout au pouls de la population.
De son côté, le président de la coalition David Bittan (Likoud) a conseillé à Ehoud Barak “de se présenter aux élections du Congrès américain puisqu’il habite (partiellement) à New York”.
Photo Avishag Shaar Yashouv / Flash 90
Monsieur BARAK ! BARAKA ! rentre chez toi