Par Docteur Ephraïm Herrera
La semaine dernière, après des heurts entre Musulmans et Corses sur une plage de l’île, huit maires ont décidé d’interdire le port du burkini sur les plages de leurs communes. Le burkini, nom composé de « burka » (vêtement afghan couvrant tout le corps) et de « bikini », est un costume de bain en deux parties, l’une couvrant toute la partie supérieure du corps, à l’exception du visage et des mains, et l’autre les jambes à l’exception des pieds. Les grands journaux anglo-saxons ont exprimé leur étonnement d’une telle décision, et s’en sont ouvertement moqués : qu’ont donc les Français à se tracasser d’affaires de vie privée sans intérêt, qui ne blessent personne ?
Pour Laurence Rossignol, ministre de la Famille, de l’Enfance et des Droits des femmes, le burkini « n’est pas juste une nouvelle gamme de maillots de bain, mais un projet de société », visant à cacher le corps des femmes pour cacher les femmes, projet mené par les islamistes. Selon elle, la pression sociale croissante de ces islamistes s’exprime par la diminution de la présence de femmes musulmanes dans les rues des banlieues, ainsi qu’aux terrasses des cafés. Elle s’est déclarée choquée que de grandes marques, comme Marks et Spencer, H&O ou Dolce et Gabana, investissent le marché (très lucratif) des vêtements caractérisant les musulmanes ultra-religieuses, tels le hijab et le burkini, vedettes de leurs défilés de mode. Et de déclarer : « Lorsque des marques investissent ce marché de la tenue islamique, ils se mettent en retrait de leur responsabilité sociale et font la promotion de cet enfermement du corps des femmes. »
Le débat public autour des vêtements islamiques a commencé en France il y a environ trente ans, quand des collégiennes, enfreignant les instructions du ministère de l’Education interdisant le port de signes religieux ostensibles à l’école, sont arrivées en cours, la tête couverte d’un hijab. Elèves qui ont bénéficié du soutien de l’Union des Organisations islamiques de France, proche des Frères musulmans, pour qui le port du hijab est le devoir de chaque musulmane. À l’époque, le professeur Yves Lacoste avait bien analysé la nature du débat : « Apparemment religieuse, l’affaire du foulard revêt en fait une signification politique, voire géopolitique. À travers le comportement des jeunes filles, leur affirmation d’une identité islamique, symbolisée par le voile, c’est la question du pouvoir qui est posée, du pouvoir au sein du monde musulman français mais aussi, peut-être, d’un pouvoir spécifiquement musulman sur certains quartiers urbains soustraits au pouvoir civil français… »
Dans une interview au quotidien « Le Figaro », le professeur Jean-Louis Harouel, professeur agrégé spécialiste de l’histoire du droit, a présenté ce second aspect, beaucoup plus grave, du débat autour du burkini : « L’islam est, par nature, politique. On ne saurait trop le rappeler : l’islam est un système total qui mêle le religieux, le politique, le juridique, la civilisation. L’islam est un code de droit qui prétend remplacer le droit du pays d’accueil. Si bien que toute concession faite à l’islam comme religion est un abandon consenti à l’islam comme système politico-juridique ainsi qu’à la civilisation islamique. » Derrière un débat de nature apparemment religieux, se cache une tentative politique de domination de l’espace public par l’islam. Harouel a ajouté : « Notre pays est actuellement en guerre, et s’il ne veut pas être vaincu dans cette guerre, il doit savoir contre qui et contre quoi il se bat… Il faut impérativement nommer l’ennemi. Or, en l’espèce, celui-ci est double : d’une part les djihadistes violents qui massacrent dans notre pays ; et d’autre part, les djihadistes «civilisationnels», qui œuvrent inlassablement à rendre toujours plus présents sur notre sol leur civilisation, leurs règles et leur mode de vie. »
Interrogé sur la discrimination entre les Musulmanes et les Juives, à qui sont autorisées des heures de piscine séparées, Harouel a répondu : « Peut-on citer le nom de quelqu’un ayant opéré un massacre en France au nom d’une quelconque mouvance du judaïsme ? »
Le burkini n’est donc pas une affaire de taille de vêtement de bain, il est le fer de lance d’une guerre sans merci contre l’identité de la France et de l’Occident, visant à leur domination politique par l’islam.
Ephraïm Herrera est docteur en histoire des religions, diplômé de la Sorbonne et vient de publier « Les maîtres soufis et les peuples du livre » aux Éditions de Paris, ainsi que « Le Jihad, de la théorie aux actes » et « Étincelles de Manitou » aux éditions Elkana.