Grandes vacances riment trop souvent avec grandes angoisses, grande appréhension et grand ennui pour les enfants… Comment surmonter cela? Comment faire pour qu’à la fin des vacances, on sente que cette période a été utilisée et non simplement écoulée?
LPH s’est entretenu avec une spécialiste, Tania Jacob, conseillère parentale. Elle nous explique les dessous d’une relation parents-enfants réussie pendant les deux mois qui s’annoncent.
Le P’tit Hebdo: Quelle définition devrions-nous donner à l’expression ”grandes vacances”?
Tania Jacob: Les vacances scolaires sont avant tout un “laps de temps” privilégié dont il faut savoir profiter pleinement. Apprenons à le considérer comme un cadeau et non pas comme un lourd fardeau. Prenons la décision de percevoir cette période comme une occasion de se régénérer et d’élargir notre champ de réflexion. Un espace qui s’ouvre à nous en particulier lors de périodes moins stressées de notre existence. Durant cet intervalle temporel béni, il est enfin possible de purifier l’atmosphère familiale, de consolider les liens familiaux, de renforcer l’autonomie des enfants et de leur permettre de s’exprimer dans des domaines négligés le restant de l’année, de décharger les tensions et de se régénérer à l’approche de la nouvelle année scolaire.
Lph: On dit que c’est une bonne chose de discuter avant les vacances avec ses enfants du programme des deux mois à venir. A partir de quel âge et jusqu’à quel âge ces discussions sont-elles envisageables? Comment donner envie aux adolescents de s’asseoir pour en parler?
T.J.: Par l’entremise d’une planification mutuelle des vacances, il est possible de renforcer la coopération, le sentiment d’appartenance et de responsabilité parmi les membres de la famille. Un enfant âgé de trois ans est capable d’exprimer ses opinions et ses préférences. De plus, il peut faire preuve de beaucoup d’originalité vis-à-vis des activités envisageables. Un adolescent qui a pris l’habitude de discuter avec ses parents au quotidien depuis son plus jeune âge, se fera un plaisir de prendre part à la discussion. En ce qui concerne ceux qui ont plus de mal à communiquer, il est conseillé d’entamer une conversation à la fois agréable, franche, ouverte mais surtout en laissant au vestiaire son esprit bêcheur ! Déterminez les points communs qui vous unissent et sur cette base, entretenez un terrain propice au dialogue. Le jour viendra où il souhaitera se joindre à la discussion de son plein gré.
Lph: Quel degré de souplesse doit-on adopter face à la journée type d’un enfant en vacances? Doit-on lui imposer certaines tâches? Certaines sorties? Certains horaires? Quand la sanction est-elle necessaire?
T.J.: La liberté sans bornes est non seulement dangereuse, mais aussi perturbante et inquiétante pour l’enfant. C’est pourquoi il est conseillé de garder des limites et maintenir certaines règles en vigueur à la maison. Par exemple, la participation aux tâches familiales, la prière, la garde des plus petits frères et sœurs ainsi que les périodes de temps durant lesquelles l’enfant joue seul. À l’inverse, desserrez la pression dans la mesure du possible : les enfants pourront se lever un peu plus tard, sans stress et même aller dormir un peu plus tard. Bien entendu, tout dépend de l’âge des enfants.
Si vous percevez un trop grand relâchement de la part de votre enfant, et qu’il a dépassé les bornes, n’hésitez pas à reprendre les rênes en mains et à le remettre sur le droit chemin.
Lph: Est-il totalement déconseillé de laisser ses enfants seuls à la maison pendant la journée (à partir d’un certain âge)?
T.J.: Les parents qui travaillent sont confrontés à la difficile tâche qui consiste à combiner l’obligation de veiller au gagne-pain et le devoir de s’occuper de leurs enfants. Il est conseillé de s’y prendre à l’avance et de mettre de côté tout au long de l’année une somme d’argent destinée aux centres aérés et aux heures de baby-sitting. La loi israélienne établit clairement qu’il ne convient pas de laisser seul à la maison un enfant de moins de six ans, sans supervision. Personnellement, je pense que même un enfant de huit ans est trop petit pour rester seul. Il ne fait aucun doute que les enfants de plus de 14 ans peuvent prendre en charge partiellement la garde de leurs frères et sœurs de temps à autre. Quoi qu’il en soit, la responsabilité demeure celle des parents et il est de leur devoir de rester impliqués autant que possible et de s’assurer qu’aucun dommage ou dégâts n’adviennent ni à leurs enfants ni à leur environnement durant leur absence.
Lph: On se dit aussi que les grandes vacances sont l’occasion de passer plus de temps avec ses enfants. Mais parfois, cela vire au cauchemar: plaintes, disputes, refus de participer, etc. Comment créer une bonne atmosphère?
T.J.: Je me réfère souvent à cette question dans le cadre de mes conférences « Surmonter les épreuves des vacances scolaires tout en en profitant ! ». De nos jours, il est de coutume d’imputer aux parents la responsabilité de résoudre tous les problèmes qui pourraient advenir à la maison, en servant à la fois de clown et d’animateur, censé veiller à ce que personne ne s’ennuie, D-ieu nous en préserve. Cette conception peut vous conduire à la catastrophe ! Le rôle des parents n’est pas de résoudre les problèmes de l’enfant mais plutôt d’assurer la médiation et de l’aider à faire face à la frustration, à l’ennui et aux querelles quotidiennes afin qu’il puisse trouver par lui-même (même à un jeune âge) les solutions à ses peines. Pour un parent, se sentir responsable de la résolution de tous les problèmes, signifie s’enfermer dans un cercle vicieux ! Ce genre de conception entraine forcément un sentiment de frustration et de culpabilité ; il en découlera une atmosphère fortement désagréable au sein du foyer. Les enfants continueront de se disputer, de se plaindre à leurs parents, ils s’ennuieront à longueur de journée ne seront pas coopératifs. Les vacances scolaires sont l’occasion idéale pour démontrer à nos enfants à quel point nous avons confiance en eux et en leurs capacités ! Il serait juste d’apprendre comment mettre en œuvre cet enseignement, mais pour commencer, disons qu’il est recommandé de remplacer les points d’exclamation par des points d’interrogation et de demander à votre enfant ce qu’il préfèrerait ou voudrait faire, à quel jeu voudrait-il jouer, comment rompre son ennui, etc. De cette manière, les choix et leurs effets incomberont à l’enfant et l’ambiance à la maison sera beaucoup plus agréable pour tout le monde. Je voudrais ajouter qu’il est important pour un parent qui passe de nombreuses heures auprès de ses enfants de se réserver un intervalle de calme et de tranquillité. “Du temps pour recharger ses batteries”. Dans le cadre du planning journalier, il est crucial de prendre en compte une pause durant laquelle l’enfant jouera sagement dans sa chambre et ne viendra pas déranger son parent, qu’il s’agisse d’un moment de repos, d’une pause-café, d’un moment de lecture ou tout autre distraction souhaitée. Tout comme l’enfant, l’adulte a lui aussi besoin d’un moment de repos et de détente au cours de la journée. Comme je l’ai avancé ci-dessus, les vacances scolaires doivent être considérées comme un moment privilégié. Néanmoins, la vie ne cesse pas son cours à la veille des grandes vacances : le stress et la relaxation, la tristesse et la joie, la créativité et l’ennui, les embrassades et les querelles, les cris et le silence font tous partie de la vie ! Ne vivez pas dans l’illusion que durant ces deux mois de vacances estivales, vous allez vous retrouver dans une toute autre dimension, où tout devrait se dérouler à merveille, dans une atmosphère agréable et heureuse. La vie a sa propre dynamique. Si vous vivez trop dans l’expectative, vous avez de fortes chances de vous retrouver déçus. Plutôt que de vivre dans l’attente, vivez l’instant présent ! Ne vous sentez pas obligés de trouver chaque jour une nouvelle occupation et il n’est écrit nulle part qu’on doive sortir tous les jours ! Une maison avec des enfants implique inévitablement des hauts et des bas. Ne dressez pas d’emploi du temps trop chargé, ne cherchez pas à contrôler le temps libre au chronomètre, mais laissez-le plutôt tranquillement s’insérer dans votre quotidien et apporter sa part de bien-être. C’est le moment de travailler sur vos “Midot”. Réduisez la dose de panique et de colère et consacrez plus de temps à l’écoute, à vous rapprocher de votre enfant et de ses trésors cachés. De cette manière, il y a de fortes chances pour que vous vous entendiez dire « dommage que les grandes vacances soient terminées ».
Lph: Les colonies: comment gérer la séparation avec son enfant pour plusieurs jours?
T.J.: La séparation fait partie intégrante de notre vie : la séparation entre l’enfant et sa mère le premier jour de maternelle, la séparation de la tétine, la séparation d’un ami, la séparation avant le sommeil et celle qui advient avant de partir en centre aéré pour plusieurs jours. L’incertitude qui caractérise ce genre d’évènement renforce la difficulté et la peur suscitées par la séparation. Je vous conseille donc de préparer votre enfant en lui racontant comment va se dérouler le premier matin ainsi que le reste de son séjour. Permettez à l’enfant d’exprimer ses appréhensions, sans porter de jugement ou de critiques. Par exemple, s’il dit qu’il a peur ou qu’il est triste, ne répondez pas par « ne sois pas triste et il n’y a aucune raison d’avoir peur, », cela mettrait un terme à la discussion. Au contraire, essayez d’éclaircir les raisons de ses émotions en lui demandant de cerner ses craintes, d’exprimer ce qui l’attriste tant et ensemble, trouvez des solutions qui pourraient l’aider à surmonter son angoisse. Peut-être qu’un objet transitionnel fera l’affaire ? Une chemise imprégnée du parfum de sa mère ou bien une photo de la famille toute ensemble ? Les parents sont capables d’apporter énormément de force et d’énergie positive à leur enfant. Mais pour cela, vous devez d’abord vous remplir de confiance en votre enfant, vous persuadez qu’il est en mesure de s’adapter aux difficultés. C’est une condition de base afin de permettre à votre enfant de surmonter ses propres craintes et de faire le plein de bonne énergie. La sincérité de votre réaction (en particulier émotionnelle) aura un impact essentiel sur sa capacité à surmonter la séparation. Votre approche l’aidera à bien s’intégrer au cadre de la colonie et même d’en profiter pleinement.
Lph: En tant que Maman, avez-vous quelques exemples personnels qui ont bien fonctionné chez vous?
T.J.: Oh, cela remonte à bien longtemps. En tant qu’enseignante en maternelle (Ganenet), mon emploi du temps était consacré à l’enseignement des enfants à ma charge. Les vacances scolaires étaient donc pour moi l’occasion tant attendue de profiter de mes propres enfants. Grace au congé durant les grandes vacances, j’ai pu passer mes journées à la maison, aux côtés de mes adorables enfants. J’avoue aimer dormir et passer des matinées en toute sérénité et je suis très heureuse d’avoir l’occasion de me lever tard. D-ieu merci, mes enfants partagent ce péché mignon avec moi et nous apprécions tous ces moments de détente matinale : plus besoin de préparer les cartables en dernière minute, de prendre son petit-déjeuner au lance-pierre et de courir pour attraper le car. C’est aussi pourquoi mes filles ne souhaitaient pas aller au centre aéré, à l’inverse de leurs frères que nous avons inscrits dans des centres aérés ayant pour thème “Sports Extrêmes et Sensations Fortes”. Nous ne pouvions malheureusement pas nous permettre trop de dépenses, c’est pourquoi la plupart de nos activités se déroulaient surtout autour de la maison. De temps à autre, nous allions faire un tour pour découvrir de nouveaux parcs ou pique-niquer dans la nature. Les filles se livraient à toutes sortes de travaux manuels et nous apprécions chaque instant ! Aujourd’hui, mes enfants ont leur propre progéniture et D-ieu merci, eux-aussi savent tirer profit des vacances et regrettent de les voir se terminer.
Propos recueillis par Guitel Ben-Ishay
Tania Jacob conseillère parentale
Diplômée d’état
050-9160163
Conférence sur le thème:
Comment gérer les vacances avec nos enfants ?
Dimanche 24 Sivan (18/06)
Inscription au numéro : 050-9160163