Avec l’ouverture des Jeux olympiques de Rio de Janeiro au Brésil, l’ONU a décidé de déployer dans la ville ses systèmes de détection les plus perfectionnés, dans le but de prévenir des attentats islamiques, et plus particulièrement des attentats à « l’arme sale ». Si l’on dénomme généralement ainsi des explosifs auxquels on a ajouté des matières radioactives, on y inclut fréquemment des explosifs auxquels ont été ajoutés des matières biologiques, ou toute autre substance toxique.
De fait, il y a de quoi s’inquiéter : l’idéologue de l’État islamique, Abou Moussab al-Souri, a appelé à utiliser des armes « sales » contre des objectifs occidentaux. Il a exprimé sa tristesse que ce type d’armes n’ait pas été utilisé lors des attentats du 11 septembre : « Nous aurions pu nous débarrasser d’un bien plus grand nombre de personnes soutenant Bush, et qui lui ont permis d’être réélu… Je suis convaincu que le slogan : ‘une arme sale pour une nation sale [les États-Unis]’ ne manque pas de justice. ». Ben Laden avait lui-même déclaré : « Nous ne considérons pas que chercher à acquérir des armes nucléaires, chimiques ou biologiques soit un crime. Nous avons le droit de nous défendre ».
À ce jour, il n’y a pas de preuve formelle que l’État islamique possède de telles armes, ou que des organisations islamiques en aient utilisé. Toutefois, dès le milieu des années 90 du siècle dernier, on a trouvé en Tchétchénie des plans pour préparer des explosifs incluant des substances radioactives. La direction est claire : l’État islamique utilise des armes chimiques en Syrie, et en 1999, la Jordanie a déjoué un attentat chimique contre une base de services de renseignement à Amman.
De plus, on assiste à des tentatives d’attentats incluant des substances dangereuses : il y a deux semaines, les forces de sécurité israéliennes ont déjoué un attentat contre le tramway de Jérusalem. Un terroriste, étudiant en ingénierie civile à l’université d’Hébron (on est loin du modèle du démuni déprimé), a préparé deux bombes artisanales, auxquelles il a ajouté des boulons trempés dans du poison contre les rats. S’il avait appliqué son plan à la lettre et attaqué un restaurant, il aurait probablement été en mesure de le concrétiser.
En mars 2016, les terroristes qui ont commis les attentats de Bruxelles avaient planifié l’attaque de sites nucléaires belges. Des spécialistes ont émis deux hypothèses, quant au type d’attentat fomenté : vol de matériau radioactif qui servirait à préparer des armes sales, ou causer des dommages à la centrale, pour y entrainer une catastrophe du type de Tchernobyl. On estime que ces terroristes auraient pu bénéficier de l’aide d’employés musulmans dans les stations nucléaires. De fait, immédiatement après l’attentat de Bruxelles, le badge sécuritaire d’accès de quatre employés a été invalidé. De plus, parmi les djihadistes partis de Belgique pour combattre en Syrie, se trouvait un jeune Musulman de 24 ans, qui avait travaillé dans une centrale nucléaire en Belgique.
Jusqu’à présent, malgré les attentats meurtriers qui les frappent, les pays occidentaux n’ont pas pris les mesures qui s’imposent pour éradiquer l’islam radical. En France, sur les 120 mosquées salafistes recensées, l’État n’en a fermé que 20. De plus, l’Union des Organisations Islamiques de France (UOIF), proche des Frères musulmans, et classée comme organisation terroriste par les Émirats arabes unis, reste parfaitement légale, gère des centaines de mosquées et centres cultuels, et organise des congrès. Dans les zones de non-droit, les autorités continuent de dialoguer avec les dirigeants religieux musulmans, en vue de garantir le calme social à court terme.
Après le premier attentat à l’arme « sale », on ne pourra pas dire qu’il était imprévisible.
Ephraïm Herrera est docteur en histoire des religions, diplômé de la Sorbonne et vient de publier « Les maîtres soufis et les peuples du livre » aux Éditions de Paris, ainsi que « Le Jihad, de la théorie aux actes » et « Étincelles de Manitou » aux éditions Elkana.