Par Claire Dana-Picard
Le Rav Yossef Pinson et son épouse Sarah, enfants de Chlou’him, sont arrivés à Nice en 1976. Jeune couple inexpérimenté, ils ont dû démarrer leur mission dans une communauté déjà bien structurée où ils devaient apporter leur touche personnelle.
La recherche d’un logement étant plutôt ardue, ils ont été hébergés au départ chez des amis pendant plus d’un mois avant de trouver un appartement qui leur convenait. Mais cela ne les a pas empêchés, entre-temps, de commencer à œuvrer pour la communauté grâce à l’aide précieuse de leurs hôtes.
Le premier Pessah, alors qu’ils s’apprêtaient à partir à Tunis chez les parents du Rav Pinson qui dirigeaient l’école juive de la ville, on leur a demandé d’organiser un Séder communautaire à leur domicile. Comme ils n’avaient pas encore de mobilier, c’est autour d’une table de ping-pong prêtée par leurs amis qu’ils ont passé la soirée avec une vingtaine de personnes. C’était leur première expérience. Elle a été suivie très rapidement par l’ouverture d’un centre aéré.
Lorsque des Chlou’him débutent, nous précise Sarah, ils n’ont pas suivi au préalable de formation et ils doivent donc improviser et se montrer à la hauteur sans se poser de questions. « On doit foncer parce qu’on est là pour une mission ».
Au départ, les activités se déroulaient chez eux mais très vite, la nécessité d’un local plus grand s’est fait sentir. Le Rav Pinson et son épouse se sont donc mis à la recherche d’un logement plus adéquat et c’est alors que le Rabbi leur a dit qu’il fallait acheter une maison. Lorsqu’ils ont obtenu un prêt, la ville de Nice dont le maire était Jacques Médecin s’est portée garante.
Le couple Pinson s’est ensuite engagé dans une nouvelle aventure : l’ouverture d’une école juive moderne et adaptée aux besoins des enfants de la communauté. C’était pour Sarah un rêve de jeunesse pour lequel elle avait reçu les encouragements du Rabbi. Le projet a été lancé en février 1979 avec un petit groupe de parents et cinq élèves qui étudiaient dans le sous-sol du Bet ‘Habad. À la fin des années 80, il a fallu trouver un local mieux adapté, prêt à accueillir 80-90 élèves. Aujourd’hui, l’école compte près de 300 élèves, de la prématernelle (2 ans) jusqu’à la classe de 3e, qui suivent une scolarité sous contrat avec l’Etat.
A l’heure actuelle, nous indique encore Sarah, une vingtaine de Chlou’him sont actifs sur la côte d’Azur, de St Tropez à Menton, et en Corse. À Nice également, la Cheli’hout s’est développée dans d’autres quartiers avec, entre autres, des cours toute la semaine pour les adultes et les jeunes et des activités pour les enfants.
La Cheli’hout est-elle un travail de couple ? Bien sûr, répond Sarah. C’est un engagement pris ensemble par le mari et la femme qui s’impliquent à fond dans leur mission et se partagent la tâche.
Que représente la Cheli’hout ? Pour Sarah et son mari, c’est l’accomplissement de toute une vie et il est difficile, voire impossible, pour eux d’imaginer une autre existence. « Nous sommes très proches de la communauté, souligne-t-elle, et nos enfants vont instinctivement vers les autres parce qu’ils sont nés dans cette atmosphère. Les gens sont impressionnés mais pour nous, cela semble évident et normal ».