”Soyez mobilisés, rassemblés et ne laissez pas s’installer la division”
Yoni Chetboun n’a pas 40 ans mais il a déjà réussi à se faire un nom dans le monde militaire et politique. Fils d’olim de France, Yoni est lieutenant-colonel de réserve et a reçu la plus haute distinction du Chef d’Etat-major pour son action héroïque pendant la deuxième guerre du Liban. Motivé par son amour du peuple et son envie de l’aider, Yoni entre en politique et sera élu député lors de la précédente Knesset. Il s’y distinguera là aussi par sa détermination, ses convictions et sa volonté d’agir. Entre autres réalisations, notons la fondation du premier lobby francophone à la Knesset. Il y a quelques mois, Yoni, son épouse et leurs 8 enfants se sont installés à Netanya, ville où il a grandi. C’est à un destin politique local que Yoni se voue désormais en se présentant au poste de maire de Netanya aux élections prévues en octobre 2018.
Le P’tit Hebdo: Pourquoi avez-vous choisi de revenir à Netanya?
Yoni Chetboun: Netanya est la ville où j’ai grandi et où mes parents vivent toujours. J’y suis resté très attaché. Pour moi, cette ville si cosmopolite est un symbole de diversité : tant d’olim l’ont choisie, ont eu le courage de quitter leur pays natal pour se reconstruire à Netanya à l’instar de mon père, cardiologue, qui a dû se battre pour retrouver sa place. 250 000 habitants de tous les horizons y vivent: religieux, laïcs, sabras, olim, tous réunis formant une belle mosaïque. A Netanya, les gens sont chaleureux, la ville est dynamique. C’est pour moi un bonheur de vivre dans une telle ambiance et un honneur de pouvoir servir ce bel endroit.
Lph: Qu’est-ce que vous pensez pouvoir apporter à Netanya, lorsque vous serez maire?
Y.C.: Cela fait 20 ans que la ville est dirigée par la même équipe. Des réalisations importantes ont été faites, mais au final, on s’aperçoit que l’équipe en place a surtout investi dans du béton, dans des bâtiments, dans l’aspect cosmétique. C’est bien, mais cela ne suffit pas! Une ville c’est surtout sa population, la vie quotidienne.
De ce point de vue, un changement ne peut qu’apporter un renouvellement sain et un rafraichissement nécessaire.
Par ailleurs, en tant que fils d’olim et père de 8 enfants, je comprends les besoins des familles de Netanya, particulièrement des olim de France qui sont très nombreux dans notre ville. Je sais les attentes des jeunes, des familles, des retraités, je suis beaucoup sur le terrain et je porte une attention particulière à tout ce que j’y vois et entends. En tant qu’officier de réserve, ancien vice-président de la Knesset et chef d’entreprise, mes qualités de manager ne sont plus à prouver, c’est indispensable pour diriger une municipalité comme celle de Netanya.
Lph: Vous avez beaucoup de projets, mais quels sont les pouvoirs réels d’un maire?
Y.C.: Il faut bien comprendre que le niveau local est celui auquel nous avons le plus de pouvoir pour agir. Le maire peut décider du nombre d’écoles qui ouvriront, du nombre de logements qui seront construits, des transports, des infrastructures. Il a un pouvoir réel pour travailler sur tant de sujets qui touchent concrètement la vie quotidienne des habitants. De plus, avec mon expérience de député, j’ai acquis un réseau national et local qui me permettra de pouvoir agir efficacement.
Lph: C’est pour cela qu’il est important de voter aux municipales.
Y.C.: Oui et j’en appelle particulièrement aux olim de France dont je suis proche, qui doivent se constituer en une véritable force politique pour pouvoir défendre leurs intérêts. Le meilleur moyen pour ce faire est de voter massivement. La mobilisation doit être importante parce qu’ils peuvent se retrouver en moi et savent qu’ils auront toujours une oreille attentive et volontaire. Lors des élections municipales, les habitants sont invités à déposer deux bulletins dans l’urne: un pour le poste de maire, l’autre pour une liste municipale. J’insiste sur le fait qu’il est important de ne pas diviser ses voix: il faut permettre au maire élu d’avoir une liste majoritaire pour pouvoir agir. Ma liste sera large, elle regroupera tous les courants de la population.
Lph: Ce sera une liste de droite? Affiliée à un parti?
Y.C.: .Ma liste sera une liste de rassemblement, elle sera diversifiée à l’image de Netanya et soutenue par plusieurs partis. La politique au niveau local ne peut pas être comparée à ce qu’elle est au niveau national. Les sujets municipaux ne recouvrent pas les clivages droite/gauche traditionnels: s’occuper des olim, de l’emploi, de l’éducation. Pour ma part, j’ai grandi dans une maison de droite, sioniste et religieuse, j’ai mes convictions et je ne les renierai pas. Ce qui est essentiel, c’est de réunir toutes nos forces pour le bien de notre ville.
Lph: Quels sont les premiers sujets que vous traiterez en tant que maire ?
Y.C.: Faciliter l’intégration des olim de France est l’une de mes priorités.
L’accès aux services municipaux est primordial aussi : nous délocaliserons des antennes de la mairie dans tous les quartiers de la ville pour que chaque habitant puisse s’y rendre facilement. Et dans chacune, il y aura des interlocuteurs francophones.
Ensuite l’éducation: il faut augmenter les heures scolaires et le nombre d’enseignants. Il est indispensable de prendre en charge les heures de l’après-midi, lorsque les enfants sortent de l’école, par des activités extra-scolaires, un encouragement des mouvements de jeunesse, etc.
Enfin, il faudra en priorité aider les populations faibles de Netanya: aide sociale, aide à trouver un emploi, etc.
Lph: Votre message aux francophones de Netanya?
Y.C.: Soyez mobilisés, rassemblés et ne laissez pas s’installer la division. Les Francophones ont beaucoup à apporter à notre pays mais pour y parvenir, ils doivent s’organiser politiquement derrière un candidat unique, travailler ensemble dans leur intérêt, porter un message commun et s’intégrer sans gommer leurs spécificités. Je veux les y aider. C’est dans cette optique que je les invite à un grand débat public que j’organise le 5 février, 19h30, à l’Hôtel Blue Weiss à Netanya.
Permettez-moi de faire entendre votre voix, notre réussite sera un modèle pour toutes les autres villes du pays.
Propos recueillis par Guitel Ben-Ishay