Qu’est-ce qui caractérise le mieux la communauté francophone d’Israël? Certains vous diront sa tendance à être centrée sur elle-même, d’autres lui reprocheront son manque d’unité et de cohésion. Certains aussi prétendront qu’elle manque cruellement d’organisation et d’intérêt pour la politique et que c’est la raison pour laquelle les olim nouveaux et même un peu plus anciens ont du mal à réussir leur intégration. En un mot on pourrait dire que sa capacité à créer le débat décrit aussi bien cette population de plus en plus nombreuse dans notre pays.
Et si on parle de débat, celui qui est en train de prendre forme à l’approche des élections municipales est passionnant. Un vent d’engagement politique inédit souffle sur les Français d’Israël. D’où la question qui agite les réseaux sociaux et les terrasses de café: faut-il à tout prix que nous ayons des représentants francophones au sein des conseils municipaux voire des listes francophones dans les villes où vivent de nombreux olim de France?
LPH a interrogé des hommes et des femmes qui s’engagent pour la communauté francophone et même au-delà et qui ont tous comme point commun le fait d’être issus de l’alya francophone.
Directeur de Qualita
Vous qui êtes directeur d’une association au succès reconnu, pensez-vous qu’il faille aussi agir au niveau politique?
Le niveau associatif ne suffit pas. Pour pouvoir bien réussir, le secteur associatif est certes important mais il doit être allié à une force politique. Toutes les minorités ont des représentants à la Knesset. Le vote ne peut pas être uniquement idéologique. Il est important que l’alya française soit représentée au niveau politique. Ce n’est qu’ainsi que les associations obtiendront plus de moyens pour favoriser l’intégration des olim.
Devoir voter communautaire, est-ce un signe d’un manque d’intégration?
Penser de la sorte n’est pas réaliste. Regardez comment votent les Israéliens; les mizrahim par exemple, votent pour des partis où sont bien placés des responsables de leur origine. Voter français c’est, au contraire, comprendre la réalité israélienne. Ici, le vote sectoriel existe, il faut en passer par là.
Pourquoi tous les espoirs seraient-ils permis pour les municipales?
Le type de scrutin pour les municipales est favorable à l’émergence d’une force politique francophone. En effet, nous mettrons deux bulletins dans l’urne: l’un pour le maire et l’autre pour une liste. Nous pouvons donc exprimer deux sortes d’idées sans entrer dans un dilemme. Peu importe si nous votons pour des listes francophones ou des listes avec des Francophones. L’important est d’avoir des représentants français au sein de municipalités. Je suis certain que cela va marcher.
Porte-parole de Yoni Chetboun
L’annonce d’éventuelles listes francophones aux prochaines municipales est-il le signe d’une prise de conscience politique des Français d’Israël, un signe qu’ils seraient prêts à s’unir pour cette prochaine échéance électorale ?
C’est un signe positif selon moi qui montre que les Français d’Israël veulent participer à la politique du pays et c’est une bonne chose. Mais je tiens à envoyer un message très clair: les olim de France ont tout à gagner en s’unissant mais tout à perdre en se divisant. Ces listes francophones peuvent avoir un intérêt dans les villes où les Français d’Israël n’ont pas de visibilité, être une première étape pour leur permettre de s’organiser politiquement. Mais dans les villes où les Français ont la possibilité d’avoir des représentants expérimentés, déjà parfaitement au fait de la politique israélienne et qui se soucient réellement des intérêts des Français comme Yoni Chetboun à Netanya, ce genre de liste est inutile. A Netanya, Yoni Chetboun est le premier candidat israélien d’origine française qui se présente au poste de maire. Et sa liste sera large et représentative de toute la diversité de Netanya, sabra comme olim.
Beaucoup de Francophones sont ”blasés” par les belles promesses des hommes politiques à l’approche des élections. C’est aussi pour cette raison qu’ils préfèreront peut-être voter pour un olé, une personne qui a vécu les mêmes expériences. Comprenez-vous ce sentiment et qu’y répondez-vous?
C’est évident que je le comprends. Les Israéliens qui n’ont pas vécu personnellement l’Alya ne peuvent pas en saisir le sens intrinsèque. Yoni Chetboun le comprend également parfaitement puisqu’il est né en Israël très peu de temps après que ses parents ont immigré de France. A travers eux, il a vécu les joies et les difficultés de l’Alya. Les problèmes, il les connait de l’intérieur. Et c’est ce vécu qui lui permet aujourd’hui de pouvoir faire le lien entre la communauté francophone et la communauté israélienne. Il est à la fois un Israélien parfaitement intégré et un admirateur du courage des olim, ce qui lui permet de se positionner aujourd’hui comme leur représentant naturel. C’est cette admiration pour les olim qui l’a poussé à créer et à présider le premier lobby francophone à la Knesset, lorsqu’il était député. C’est cette admiration qui le pousse aujourd’hui à exhorter les olim de France à s’organiser localement, à se mobiliser et à se rassembler derrière lui à Netanya.
Pensez-vous qu’avoir un ”vote francophone” est un aveu d’échec d’intégration ?
Non. A travers ce vote, les Français d’Israël cherchent à défendre leurs intérêts pour pouvoir mieux servir le pays. Il faut bien comprendre que chaque Alya est différente : ce qui convient aux olim de Russie ne convient pas nécessairement aux olim d’Ethiopie ou aux olim de France. Un « vote francophone » permet de mettre l’accent sur les besoins spécifiques des Francophones. Mais je répète que ce vote peut être une première étape mais en aucun cas une finalité. Il est évidemment préférable que les olim francophones soient intégrés dans la société israélienne. C’est ce que prône Yoni Chetboun : il leur demande de faire des efforts pour s’intégrer mais en contrepartie il explique que le pays a également des devoirs envers eux. Les Francophones savent qu’ils peuvent compter sur lui pour favoriser leur intégration, c’est son leitmotiv. Il les a toujours aidés quand il était à la Knesset et il continuera de le faire avec force et détermination quand il sera maire de Netanya.
Conseillère francophone de Nir Barkat. Candidate sur sa liste aux élections de 2013
Tamar vous étiez candidate sur la liste de Nir Barkat aux dernières élections à une place non éligible. Pour autant, vous avez tout de tout de même agi pendant tout le mandat du maire en tant que conseillère aux affaires francophones. Quels étaient vos pouvoirs?
Le terme pouvoir n’est pas approprié, je parlerai plutôt d’influence.
En effet la place n° 9 qui à évoluée en n°7 rapidement, n’était pas une place éligible et nous le savions ainsi, dès nos premières rencontres, le maire m’a proposé d’être sa Conseillère qui serait en charge des affaires francophones et m’a offert une légitimité d’action très large auprès de tous les départements de la mairie.
Le maire m’a délégué la responsabilité d’être l’interface entre la mairie de Jérusalem et les instances gouvernementales francophones. J’ai ainsi eu l’honneur d’accueillir des associations, des délégations journalistiques et diplomatiques accompagnées de personnalités comme les Maires Estrosi ou Hidalgo, la Présidente d’Ile-de-France Mme Pécresse, le Consul Mr Cochard, l’Ambassadrice Mme Legal et également des maires du Canada, de Tahiti ou même de Belgique.
J’ai aussi eu le privilège d’être « l’Ambassadrice » de Jérusalem lors d’évènements à Paris ou à Nice et de rencontrer à plusieurs reprises le Président Macron.
Avez-vous vraiment le sentiment que vous avez eu toute l’influence que vous désiriez?
Bien au-delà. Dès le jour de mon entrée en fonction, je me suis vu confier des dossiers de grandes ampleurs qu’il a fallu que je prenne à bras-le-corps pour mettre en place en première urgence les traductions de toutes les documentations, l’accueil en français et surtout le plus gros chantier : faire entrer dans le site officiel de la mairie, la langue française pour faciliter l’intégration des olim dans la capitale par l’accès à l’information. En outre, comme vous le savez, je suis très sollicitée pour répondre aux attentes des olims dans les domaines sociaux, professionnels et culturels.
Je peux dire que le maire m’a imposée à toute son équipe et m’a soutenue dans tous mes projets.
Si vous avez pu agir en tant que conseillère uniquement, quels sont les avantages d’avoir un élu au sein du conseil municipal?
La grande différence est que le conseiller municipal peut agir par un vote à chaque réunion du conseil municipal et de ce fait, peut influencer des décisions autres que celles qui concernent uniquement la communauté francophone.
Voter pour un Français, est-ce s’enfermer dans une case communautaire et se dissocier de l’électorat israélien?
Je ne pense pas que la question est de voter pour un Français ou une Française mais de voter pour une liste où un Français ou une Française sera en bonne position pour représenter une majorité la plus large possible du public francophone Yeroushalmi.
Comptez-vous poursuivre votre action au sein de la prochaine municipalité?
Nul ne sait jamais de quoi demain sera fait. Il est cependant évident que j’ai aujourd’hui, après plus de 4 années fécondes, le sentiment d’être en prise directe avec le pouls des français de Jérusalem et de savoir parfaitement traduire leurs attentes. De plus, ce premier mandat m’a permis de comprendre les rouages de la Mairie, de développer mes compétences diplomatiques et d’être prête à m’investir encore et encore pour rattraper les retards accumulés sans présence francophone à la municipalité. Alors oui, je compte bien continuer mon action et mieux encore ma «chlihoute» au sein de la prochaine Municipalité !!!
Candidat au poste de conseiller municipal à Jérusalem
Les Francophones seraient-ils en train de se sentir plus concernés par la politique en Israël?
On ne peut que constater l’intérêt croissant des Francophones pour les élections notamment les municipales prévues en octobre de cette année. Ils commencent à entrer en politique et c’est très bien. La question que nous devons nous poser est celle de la pertinence d’avoir une liste indépendante ou des candidats à l’intérieur des partis. Pour ma part, j’estime qu’il vaut mieux être dans un parti où il y a des primaires au niveau national.
L’existence même d’un vote francophone est-il un aveu d’échec d’intégration?
Soyons clairs: les olim de France sont perçus comme des Français ici, qu’ils le veuillent ou non! Moi-même, je vis en Israël depuis 21 ans et on me regarde toujours comme un Français. Il existe bien un plafond de verre quand on est olé, pour les Français en particulier. Nous devons avoir des représentants au niveau politique pour être pris au sérieux. On ne demande pas aux gens de choisir entre un représentant de qualité et un représentant francophone mais de voter pour des candidats qui ont ces deux qualités. Si les Français ne se mobilisent pas pour eux, alors qui le fera?
Haïm Messika
Porte-parole francophone de Koulanou et candidat au poste de conseiller municipal à Jérusalem
Cela fait un moment que vous œuvrez pour que des responsables francophones politiques émergent. Pourquoi?
C’est ainsi que cela fonctionne en Israël. Etre a-politique, comme beaucoup de Francophones le revendiquent, est totalement contre-productif. Ici tout est politique. Si on veut relever l’image des olim de France aux yeux des politiques israéliens, nous devons montrer que nous sommes une force, que nous nous engageons. Et ce, peu importe dans quel parti. On compte 120000 Druzes en Israël, soit environ 40000 votants. Ils ont 4 représentants à la Knesset dont un ministre. Les Francophones, qui sont encore plus nombreux, n’en ont pas un seul!
Peut-être parce que les Francophones n’estiment pas devoir être représentés par des Francophones, mais par des ”Israéliens”?
A force de dire qu’on veut être ”israélien”, on n’obtient rien! Les élections municipales sont l’occasion rêvée pour avoir une adresse et montrer l’importance de l’alya française. Dans certaines villes, on peut avoir de l’influence. A Jérusalem, par exemple, les Francophones représentent 40000 votants sur 270000: ce n’est pas négligeable! Nous devons mettre un pied dedans, même avec un élu, afin d’obtenir les portefeuilles qui seront le plus utile aux olim. Il n’y aura qu’un Cette volonté d’être ”israélien” n’est pas mauvaise en soi, mais elle ne doit pas nous faire perdre la solidarité qui doit être de mise entre nous.
Président d’AMI et candidat sur la liste de Nir Barkat aux élections de 2013
Que vous inspirent les débats politiques qui agitent la communauté francophone à l’approche des élections?
Cette agitation politique francophone est née avec les campagnes pour les élections du député des Français de l’étranger. A l’époque, j’étais le suppléant de Gil Taïeb et à travers ces élections, même si elles étaient françaises, on a pu sentir le poids politique de la communauté francophone d’Israël.
En Israël, les règles du jeu sont politiques, et c’est le Président d’une association qui le dit. Tant que nous n’entrerons pas en politique, nous resterons en marge de la société.
Aux dernières élections, vous étiez placé à une position inéligible sur la liste de Nir Barkat. Ne pensez-vous pas qu’on s’est juste servi de vous?
C’est un premier pas. Il faut être patient et relativiser notre position et notre force. L’encartement politique des Français en Israël est 10 fois en-dessous de la moyenne nationale. Alors cette place sur la liste du maire sortant était une première et déjà un pas vers une reconnaissance et une prise de conscience. Il s’agissait aussi d’être un bon citoyen avant d’être francophone et de comprendre les enjeux et les intérêts de ma ville. Il est évident qu’à Jérusalem, la place accordée aux Francophones sous le mandat actuel de Nir Barkat est bien plus importante que dans d’autres villes. Depuis les dernières élections, 30000 Français sont arrivés, répartis dans 3 ou 4 grandes villes du pays, ce n’est pas négligeable pour une élection municipale.
La communauté francophone est-elle prête, selon vous, à voter ensemble?
J’espère qu’elle est assez mûre pour se rassembler, je n’en suis pas persuadé. Si on a des listes indépendantes, il faudra des personnalités fortes et consensuelles. Ces candidats devront aussi intéresser davantage les Francophones aux débats politiques israéliens. Les Français ici sont encore trop branchés sur France2 et pas assez sur Aroutz2. L’idéal serait qu’un candidat francophone, de bon niveau, puisse bien se placer sur une liste. Nous avons une chance de montrer que nous sommes une force, si nous savons nous rassembler. Il faut comprendre que les résultats des élections municipales sont examinés à la loupe en vue des élections nationales, un an après. Les politiques israéliens sauront en tirer les conclusions.
Serez-vous candidat vous aussi?
Je ne sais pas encore. S’il y a un bon candidat francophone, je ne voudrais pas diviser les voix. Il est encore tôt.
Dan Illouz
Membre d’Itorerout à Jérusalem
Est-ce une bonne idée de constituer des listes francophones pour les élections municipales?
Non, je ne le pense pas et ce pour deux raisons essentiellement. La première c’est que je ne suis pas convaincu que de telles listes pourront être construites. La seconde, c’est qu’elles seraient contre nature. Les olim ont, certes, des besoins spécifiques mais sont ici pour être israéliens. Les Francophones devraient préférer voter pour des partis avec des représentants francophones.
L’étiquette politique a-t-elle une importance au niveau local ou suffit-il de voter en fonction des partis qui ont des représentants francophones?
Je m’oppose à l’idée répandue de dire que les clivages politiques n’existent pas au niveau local. Lorsqu’il s’agit de question d’éducation, de logement ou d’économie, il est évident que c’est d’une vision de la société qu’il s’agit et que l’idéologie entre en compte. Ce n’est pas parce que telle personne a fait son alya que je vais partager son avis sur toutes ses priorités. C’est pourquoi, il faudrait un représentant francophone dans chaque liste. On doit voter en fonction des projets et des idées que défendent les candidats et ceux qui auront des Français à une place éligible auront évidemment un plus fondamental.
Serez-vous candidat?
Je suis actif au sein d’Itorerout, le parti d’Ofer Berkovich. J’aimerais me présenter et en plus des idées que je défends, je voudrais bien entendu être le représentant des olim. Mais rien n’est encore décidé. Si je me présente c’est pour être à une place éligible. Sinon, je me contenterais de soutenir de toutes mes force Itorerout, sans faire partie de sa liste.
Fondateur de Aleinou
Qu’est-ce que Aleinou dont même la presse israélienne parle?
C’est un mouvement que j’ai créé avec Arié Abitbol, directeur de l’Expérience israélienne, qui connait très bien le monde de l’intégration. Il voulait faire une action politique francophone, nous savions que si nous voulions vraiment agir pour les olim, il faudrait représenter une force politique. A l’échelle nationale, il est difficile de rassembler, les nuances idéologiques sont nombreuses. Au niveau local c’est différent. Pendant une année, discrètement, nous avons mis sur pied Aleinou avec pour objectif de placer des candidats francophones soit sur des listes existantes soit sur des listes indépendantes dans toutes les villes où vit une grande communauté francophone. Nous ne sommes pas un parti, nous n’avons pas vocation à être dans l’opposition.
On a l’impression qu’il faut voter pour un francophone sans même se poser de questions. N’est-ce pas caricaturer la politique et surestimer le pouvoir de ces élus potentiels?
Nos candidats sont compétents et pourraient très bien se présenter indépendamment de leur appartenance à la communauté francophone. Nous jouons en bonus la carte francophone. Nous avons écrit un programme national mais aussi un programme municipal pour chaque ville où nous serons présents avec un accent sur les questions d’alya et d’intégration mais aussi sur tous les autres sujets.
Ceci étant, au-delà du programme et des idées, l’adhésion identitaire est très importante en Israël. Ici, contrairement à la France, il n’existe pas de problème avec l’identité. Vouloir faire avancer les causes francophones et par là encourager l’alya ne fait pas de nous des citoyens moins israéliens que les autres. Au contraire. Quant au pouvoir des élus, il est indéniable que ces derniers influenceront de tout leur poids.
Pourquoi pensez-vous réussir?
Si nous parvenons à augmenter la prise de conscience des dirigeants politiques locaux, alors nous aurons déjà réussi. Et je constate qu’ils manifestent déjà tous de l’intérêt pour notre mouvement. Notre programme mobilise et fédère, nos candidats apportent du sang neuf et sont motivés par l’intérêt général. Leur profil rassemble et favorise un réveil francophone.
Puisque vous parlez de rassemblement, le cas de Netanya nous interpelle. Yoni Chetboun a déclaré sa candidature au poste de maire. Il affiche sans détours sa volonté d’être le candidat des Francophones. Pourquoi ne lui apportez-vous pas automatiquement votre soutien? Votre position s’apparente-t-elle plus à du marchandage qu’à un encouragement des initiatives en faveur des Francophones?
Je connais très bien Yoni, pour avoir été son assistant. Je sais qu’il est très compétent et personnellement, je souhaite qu’il soit élu maire de Netanya. Pour le moment, nous présentons notre projet et à l’approche des élections, nous aviserons. C’est justement pour être rassembleur que nous ne prononçons pas tout de suite. On pourrait aussi nous rétorquer que nous sommes le parti de Yoni Chetboun. Notre message est positif, nous ne voulons pas de politique politicienne, nous ne voulons pas de guerres internes. Notre approche est pragmatique, aucune alliance n’est exclue.
Candidat Aleinou pour les municipales de Raanana
Depuis quand avez-vous le virus de la politique?
Je vis en Israël depuis 11 ans, monté par sionisme. Quand on est sioniste on s’intéresse forcément à la politique. Je n’ai pas d’expérience politique à proprement parler et je ne suis pas encarté. Mais j’ai mes idées que je défends. Par ailleurs, je suis pédiatre et je suis beaucoup au contact de la communauté francophone de Raanana. Je suis donc aussi assez sensibilisé aux problèmes des adolescents olim. Je m’engage aujourd’hui parce que je crois avoir la capacité de rassembler, de faire passer des idées importantes pour les combats que les olim mènent mais aussi au-delà pour l’intérêt général de Raanana.
Quel pouvoir pourra avoir une liste de Francophones?
Le but n’est pas de faire une liste de Francophones pour les Francophones. A Raanana, nous nous associons avec les olim d’Amérique du Sud pour ces municipales. Nous avons des besoins qui peuvent être différents mais il est intéressant d’unir nos forces. Même si cela fait 10 ans qu’on vit en Israël, on est toujours perçu comme des Français et la réalité sur le terrain comporte des difficultés que l’on peut encore rencontrer même plusieurs années après son alya. Au final, nous ne perdons pas de vue que notre objectif est d’aider l’ensemble de la population de Raanana.
Quelles sont les premières réactions à l’annonce de votre candidature?
Globalement, cela attire. Aleinou crée pour la première fois un véritable esprit de rassemblement. L’intérêt que nous portent les personnalités politiques municipales et les médias israéliens en est une preuve. Nous représentons une volonté d’unité et d’action. Ce n’est pas pour la gloire que nous faisons cela, nous avons une famille, un travail, une vie quotidienne bien remplie. Si nous nous engageons c’est parce que nous pensons vraiment avoir une chance d’être élus et que nous voulons être concrets sur le terrain.
Conseiller d’Avi Salman qui est candidat au poste de maire de Jérusalem
Vous ne prétendez pas à un poste de conseiller municipal mais à être le bras droit du candidat Avi Salman. Pourquoi?
S’engager en politique est fondamental. Cela fait des années que je suis aux côtés d’Avi Salman. Quand il est venu me voir avant de prendre sa décision de courir pour le poste de maire de Jérusalem, je lui ai dit de ne pas oublier les Francophones. Il m’a confié ce dossier avec l’assurance qu’il ferait ce que je lui conseillerai. Je connais bien la communauté francophone de Jérusalem et les nombreux problèmes qu’elle rencontre notamment avec sa jeunesse. Je ne prétends pas à un poste de conseiller municipal parce que je sais que j’aurais beaucoup plus d’influence sur le maire en étant son directeur de cabinet, poste que m’a réservé Avi Salman.
Etes-vous favorable par ailleurs, à ce que des listes francophones se présentent aux élections?
Il faut penser israélien. Les listes francophones ne sont pas utiles, elles nous enferment dans un ghetto. Il faut en priorité voter pour des gens qui connaissent très bien les dossiers et qui peuvent diriger et influencer. Etre Francophone mais n’avoir aucune expérience, aucun réseau, aucun levier d’action, aucun soutien d’une machine politique, ne permettra pas d’avoir un quelconque pouvoir au sein de la municipalité. Etre élu ne suffit pas. Il faut être pragmatique; se rattacher aux Israéliens pour pouvoir ensuite aider les Francophones, sinon le pouvoir d’agir est quasiment nul.
Photo à la une:
L’organisation en Israel de rassemblements de solidarité “Justice pour Sarah Halimi” se fait attendre. Il y a urgence a rémédier a cette situation.
Faites quelque chose – en mars/avril pour commémorer l’anniversaire de ce crime atroce et pour denouncer les dénis de justice dont sont victims les embres de sa famille