En hommage à Élie Wiesel ז”ל
Le Mendiant ou…l’amour de Jérusalem
Une onzième lecture
Au moment de la triste nouvelle de la disparition d’Élie Wiesel ז”ל, je retrouve dans mon carnet de mémoires ces quelques notes écrites il y a près d’une dizaine d’années. Comme bien d’autres, je prends aujourd’hui conscience à quel point les livres d’Élie Wiesel ont marqué mon parcours juif et ont réveillé mon amour d’Israël et de Jérusalem. Comment ne pas lui en être reconnaissant, précisément aujourd’hui ?
Quinze ans exactement après mon Alyah, lors de mon vol de retour vers Israël après un voyage professionnel qui m’aura conduit loin dans l’hémisphère sud, je me retrouve seul dans l’avion pour marquer ce bel anniversaire.
Choix fortuit ou non, je termine en plein ciel ma onzième lecture du « Mendiant de Jérusalem » d’Elie Wiesel. Les dix autres lectures, l’une après l’autre, je les ai effectuées il y a quelque quarante ans, en pleine adolescence, à La Flèche, petite ville de La Sarthe, alors que je comptais parmi ces juifs « isolés » mais non moins assoiffés. Ces dix premières lectures, c’est pour moi l’histoire d’un rêve commencé alors, mais qui, au contraire de tout rêve inévitablement limité dans le temps, n’a jamais plus voulu s’interrompre.
C’est sans doute alors, grâce à ce livre d’Élie Wiesel, que je suis tombé amoureux de Jérusalem avant même de la connaître, avant même de la visiter pour la première fois quatre ans plus tard et de me faire la promesse de me fondre un jour à la Cité sacrée, à la terre d’Israël, à son peuple et à sa Torah.
En terminant les dernières pages du livre, qui décrivent la libération de Jérusalem, avec une mixture telle que l’on ne reconnaît plus le passé, le présent ou le futur, je me demande si moi aussi je ne mélange pas tout. Est-ce bien le livre et son récit que je lis ou est-ce que j’essaie plutôt de revivre les dix précédentes lectures pleines de ferveur et de rêve ? Cette ferveur ne semble pourtant pas avoir diminué d’un pouce et les larmes d’émotion et de nostalgie que je verse sont les mêmes qui coulaient dans mes yeux quarante ans plus tôt… Émotion qui se trouve aujourd’hui enrichie et éclairée de la réalité non moins onirique de Jérusalem que je côtoie tous les jours sans jamais m’en lasser…
Une chose est sûre, je ne peux attendre de retrouver ma famille qui m’attend à Jérusalem, notamment nos deux vrais petits « yérouchalmim », qui eux n’ont jamais connu Jérusalem « de loin ». Monte en moi un désir irrésistible d’aller, avec eux, embrasser le Kotel et manifester ma reconnaissance envers D-ieu. Je souhaite y prendre avec moi tout mon être, en emmenant aussi le jeune adolescent fléchois qui s’y cache encore et qui rêve toujours, après s’être à jamais épris d’amour pour Jérusalem, au fil de ses dix lectures du « Mendiant de Jérusalem », d’embrasser les pierres de la Cité sacrée et de s’y fondre….
Le lendemain de mon retour, veille de Chabbat, je suis donc allé prier Min’ha au Kotel. En marchant vers la sortie, un « mendiant de Jérusalem » s’approche de moi pour m’encourager à venir plus souvent, notamment le vendredi après-midi. Ses paroles me surprennent à peine, et, en l’écoutant, j’ai l’impression de poursuivre ma lecture du « Mendiant de Jérusalem » : ne sais-je donc point, m’affirme-t-il, que nos patriarches Abraham, Its’hak et Yaakov se joignent personnellement à la Téfilla des juifs qui prient au Kotel chaque veille de Chabbat ?…
Un peu plus d’une année après, j’ai enfin pu rencontrer Elie Wiesel. Le jour et l’endroit de cette rencontre ne pouvaient pas être plus empreints de signification, puisque ce fut à Jérusalem, à Yad Vashem le jour de Ticha béav. Je lui ai simplement dit merci pour tout ce que son livre m’a apporté et lui ai présenté ma fille (elle avait alors le même âge que moi lorsque j’ai dévoré Le Mendiant de Jérusalem) : elle venait justement, quelques jours avant – tout un symbole – d’achever sa (première) lecture du « Mendiant de Jérusalem », cette fois en hébreu, à Jérusalem…Elie Wiesel, Prix Nobel de la paix ? Pour moi, il demeurera celui qui a allumé en moi, et sans doute en beaucoup d’autres, la flamme d’amour de Jérusalem.
Michel Allouche, Jérusalem
Je ne suis sans doute qu une “goy” belge mais je me sens très proches de vous , de votre histoire.de vos sentiments que j aimerais bercer comme le font les vrais amis.
De tout coeur je vous envoie ma sincère amitié. Cl’aire.