Il y a 10 ans, le programme Orim voyait le jour. Son nom est basé sur un jeu de mots en hébreu puisque Orim peut vouloir dire ”lumières” quand on l’écrit avec un alef ou ”parents” quand on l’écrit avec un hé. Orim s’adressait alors aux femmes qui souhaitaient une formation dans les domaines du couple et de l’éducation, afin de devenir elles-mêmes des guides pour les familles.
A l’initiative de ce projet, deux femmes d’expérience, issues du monde francophone israélien: Liat Wach et Taly Ben-Ichay. L’année dernière, elles ont décidé d’ouvrir une section en français de ce même programme: Orim Olim.
LPH fait le bilan de cette première année avec Liat Wach et nous parle de la suite.
Le P’tit Hebdo: Comment définir le programme Orim Olim?
Liat Wach: Ce programme est né du constat que les mères ont besoin d’être renforcées dans leur rôle primordial, qui est de construire et de guider leur famille. La section francophone du programme Orim propose des cours en français. Cette structure nous permet aussi de traiter des problèmes conjugaux et d’éducation spécifiques aux olim de France.
A l’occasion de l’ouverture d’Orim Olim, nous avons également inauguré un nouveau concept: les cours ne sont plus réservés qu’aux seules femmes voulant devenir madri’hot mais à toutes les mères. La première année est ouverte à toutes, avec une matinée d’études par semaine (de 9h à 13h30). Dès le second semestre de cette première année, les femmes qui le souhaitent peuvent suivre une unité supplémentaire de cours, pour passer le diplôme de madri’hot. Ces dernières complètent le programme par une deuxième année d’études lors de laquelle les sujets évoqués la première année sont approfondis. A la sortie, elles obtiennent un diplôme qui leur permet d’exercer auprès de groupes de parents, au sein d’ateliers, ou toute autre forme d’action dans le conseil autour de la cellule familiale.
Lph: Comment s’est déroulée la première année de ce programme francophone?
L.W.: Le programme a rencontré un franc succès. Les cours font beaucoup de bien aux mères, leur apportent beaucoup de satisfaction et de vrais outils.
A notre grande surprise, un certain nombre de femmes francophones ont préféré aller suivre les cours en hébreu. C’est pour nous un très bon signe!
A la fin de cette année, les résultats sont très bons, les Israéliennes ont profité de l’enrichissement que leur ont apporté les olot de France et vice-versa.
Lors de la journée de clôture de cette première année, nous avons pu constater qu’un véritable groupe d’amies, de soutien, s’était créé. Elles souhaitent continuer pour la deuxième année.
Lph: Sur quels axes basez-vous votre enseignement?
L.W.: Nos axes d’enseignement reflètent aussi la spécificité du programme Orim: élever ses enfants en Eretz Israël.
Le premier axe d’enseignement se situe autour des midot. Etre maman, c’est être capable de se servir de son être, de sa personnalité. Il s’agit d’utiliser au mieux ce que l’on a reçu dans sa vie.
Le deuxième axe sur lequel nous enseignons est celui du couple. En effet, la cellule familiale repose sur l’harmonie du couple, sur la mère, mais aussi sur le père et la relation qu’ils entretiennent. Le couple est la base de la stabilité familiale. Les parents sont porteurs pour toutes les générations à venir d’un message fondamental de stabilité.
Ensuite, nous développons des cours autour de la emouna, dans le sens d’être connecté à notre vie de Juif dans notre rôle de mère et d’éducatrice. Nous devons, pour mener au mieux notre rôle, savoir qui nous sommes, à quelle génération nous appartenons et nous placer dans la transformation qui s’est produite entre les 2000 ans d’exil et l’arrivée en Israël. Tout est porté par le renouveau que nous vivons en Israël.
Lph: Qu’est-ce qui est différent en Israël?
L.W.: En exil, nous savions comment faire, il convient maintenant de nous adapter à la vie en Eretz Israël. Celle-ci est plus compliquée parce que nous n’avons pas grandi avec des parents qui nous ont transmis ce qu’est éduquer des enfants en Israël. Nos textes disent qu’il est plus simple de combattre une légion de Romains que d’éduquer un enfant en Eretz Israël! Nous savons être des guerriers mais comprendre ce qu’est un enfant en Eretz Israël est beaucoup plus compliqué! Il faut percevoir quelles sont les forces qu’il a reçues. En fait nos enfants, ici, ont contracté un virus à la fois fabuleux et terrible: la liberté! Pour nous Parents, cela signifie de savoir comment développer cette liberté sans qu’elle ne devienne une démission de notre part. Ce cadeau ne doit pas devenir un danger. Nous devons les aider à découvrir cette liberté et les aider à y progresser.
Nos cours sont formatés pour répondre à ces problématiques sur la base des enseignements de nos Sages, notamment le Rav Kook.
Lph: Les cours sont-ils destinés à des femmes qui ne sont pas encore mariées pensant qu’il vaut mieux se préparer au métier de parents?
L.W.: Il est vrai qu’un certain nombre de notions sont bonnes à apprendre le plus tôt possible. En ce qui concerne notre programme Orim, il vaut mieux être déjà parents pour mieux s’imprégner des cours.
Lph: Ces cours s’adressent-ils à un public religieux uniquement?
L.W.: Même si la grande majorité de nos élèves sont religieuses, ces cours ne sont pas des cours de religion. Nos textes parlent à tout le monde. La Torah n’a pas de tabou, elle aborde tous les sujets. Tous les Rabbanim qui enseignent à Orim ont la particularité d’être fortement ancrés dans la société israélienne et ses réalités. Orim est un programme autour de la famille dans une optique que je qualifierais de juive plus que religieuse.
Lph: Quels sont les développements prévus pour la 2e année de la section francophone?
L.W.: Nous ouvrons, à la rentrée, une nouvelle promotion avec une matinée d’études par semaine (le lundi). Nous poursuivrons aussi la collaboration entamée cette année avec Qualita qui nous permet d’employer des madri’hot et de donner des bourses à certaines de nos élèves. Nous poursuivons sur la lancée vers d’autres femmes encore plus épanouies dans leur rôle de mère.
Journée Portes ouvertes, le Dim 30/07
Pour plus de renseignements:
Liat: 054-7715467 ou Morya: 052-3288607
Propos recueillis par Guitel Ben-Ishay