L’écrivain Aharon Appelfeld z.l. est décédé à l’âge de 85 ans. Né à Jadova près Czernowitz en Roumanie, il avait été le seul rescapé de sa famille après la Shoah. Sa mère avait été tuée dès le début de la guerre et son père avait été déporté dans un camp de travail. Lui-même avait connu le ghetto puis en 1941 la déportation dans un camp de Transnistrie dont il était parvenu à s’échapper en 1942. Durant les trois dernières années de la guerre, il avait erré de forêts en village, cherchant asile chez des paysans. Après la guerre en 1946, il était monté seul en Israël avec l’Alyat HaNoar et avait suivi une fin de scolarité dans les écoles agricoles d’Ein Karem et Nahalal. Après son service militaire, il s’était inscrit en Littérature à l’Université hébraïque de Jérusalem.
Il a consacré toute a vie à l’écriture, considérant que c’était la sa mission après la catastrophe: “J’ai une mission dans ce monde et c’est l’écriture. Après la grande destruction à laquelle j’ai été témoin, je ressentais le besoin de reconstruire les ruines qui étaient en moi” avait-il déclaré un jour.
Dans Histoire d’une vie (1999) il évoquait ce qui se passait en lui:
« Plus de cinquante ans ont passé depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Le cœur a beaucoup oublié, principalement des lieux, des dates, des noms de gens, et pourtant je ressens ces jours-là dans tout mon corps. Chaque fois qu’il pleut, qu’il fait froid ou que souffle un vent violent, je suis de nouveau dans le ghetto, dans le camp, ou dans les forêts qui m’ont abrité longtemps. La mémoire, s’avère-t-il, a des racines profondément ancrées dans le corps. Il suffit parfois de l’odeur de la paille pourrie ou du cri d’un oiseau pour me transporter loin et à l’intérieur. »
Aharon Appelfeld a écrit plus de quarante livres qui ont été traduits en de nombreuses langues. Il avait obtenu le Prix Israël en 1983 et le Prix Médicis en 2004, et avait obtenu de nombreuses distinctions en Israël comme à l’étranger, notamment Docteur Honoris Causa dans toute une série d’universités.
Il fut l’élève de philosophes et écrivains tels que Martin Buber, Gershom Sholem ou Yehiel Kaufmann et se lia notamment d’amitié avec S.I. Agnon et l’écrivain américain Philip Roth.
La ministre de la Culture et de Sports Miri Reguev a salué la mémoire “de l’un des géants de l’écriture du peuple juif”. Elle a écrit: “Aharon Appelfeld a consacré son oeuvre à la terrible Shoah et nous a légués un témoignage poignant qui touche une partie du peuple juif qui a existé et qui n’est plus…”.
Il était marié à Yehoudit, juive d’Argentine, et avait trois enfants: Meïr, Itshak et Batya.
Photo Youtube