Il existe dans chacune des Parachiot du livre de Devarim une allusion à la Guéoula et au Mashiah; qu’en est-il de notre Paracha ?
La paracha aborde la question des personnes exemptées de participer à la guerre même s’il s’agit d’une guerre de mitsva.
Le texte précise que celui qui les mettra en garde est le Cohen oint à cet effet. Lequel transmet son message au Shoter (policier) chargé de faire appliquer les mitsvot, et il déclamera les trois sentences énoncées dans parachat Choftim à savoir “ mi ha ich …” – quel est l’homme.
Le שוטר – policier – qui s’adresse aux soldats a une valeur numérique de 515 :
(ש’ = 300, ו’ = 6, ט’ = 9, ר’ = 200) tout comme la valeur numérique du nom des trois tsadikim qui représentent le “goël” : le libérateur, à savoir Yossef (יוסף גי’ 156), Moshé (משה גי’ 345) et David (דוד גי’ 14), il n’y a ici aucun hasard. En effet, la guematria de 515 concerne tous les sujets ayant rapport avec le libérateur – goël – appliqué à notre texte, en parlant des trois personnes qui ne partiront pas à la guerre, parce qu’ils ont un “manque“ en eux, celui de ne pas avoir finalisé leur action, inauguré leur maison, profité du fruit de leur vigne ou de pouvoir se marier avec sa fiancée. De par leur manque, ces personnes ne pourront endosser un rôle de libérateur, participer à une guerre de mitsva. Nous retrouvons cette même notion de manque en ce qui concerne Yossef, Moshé et David.
Rappelons une loi énoncée par le Rambam relative aux “rois et leurs guerres” au chapitre 11 (avant dernier chapitre) il est écrit :
“Et si un Roi de la maison de David, présumé comme Machia’h ne réussit pas dans sa mission et n’atteint pas les objectifs initiaux assignés à celui-ci, ou qu’il soit tué, il sera alors évident qu’il n’est pas celui que la Torah nous a promis, et il est comme tous les autres Rois de la maison de David, parfait et Cacher, qui sont morts avant lui”.
Cette halakha vient nous enseigner que les trois catégories d’hommes exemptés de la guerre, ne le sont que dans le but d’éviter qu’ils ne soient tués.
(Verset 5) “Quel est l’homme qui a construit une nouvelle maison et ne l’a pas inauguré, qu’il parte et s’en retourne à sa maison, de peur qu’il ne succombe à la guerre et qu’un autre homme l’inaugure à sa place”. Il s’agit du Roi David, lequel a préparé tout ce qui était nécessaire à la construction du premier Beth Hamikdash et ne le construira pas .
(Verset 6) “Et quel est l’homme qui a planté une vigne et n’en a pas encore acquis la jouissance, qu’il parte et s’en retourne à sa maison, de peur qu’il ne succombe à la guerre, et qu’un autre homme en jouisse à sa place”. Il s’agit de Moshé Rabbénou. Les explorateurs sont partis avec l’assentiment de Moshé et ont rapporté, de leur excursion, une grappe de raisin. Selon le Ari Hakadosh, Moshé Rabbenou vient réparer Noa’h, lequel à sa sortie de l’Arche s’est empressé de planter une vigne, puis s’est enivré … entraînant, par cela une faille, dans son statut de tsadik. De fait la vigne est, chez Moshé, réparatrice.
(Verset 7) “Et quel est l’homme qui s’est fiancé à une femme et ne l’a pas encore épousée, qu’il parte et s’en retourne à sa maison, de peur qu’il ne succombe à la guerre, et qu’un autre homme la prenne pour épouse”. Il s’agit de Yossef Hatsadik qui refusa de commettre l’adultère, donc par là même affirma sa volonté de ne connaître, d’épouser que la femme promise.
Remarquons que les versets cités 5, 6 et 7 se terminent par “de peur qu’un autre homme en jouisse à sa place“. Quel est cet “autre homme” dont la caractéristique est de profiter, tirer avantage, bénéfice d’une action non aboutie et entreprise par un autre.
Dans la même mesure où les trois catégories d’hommes exemptés de la guerre ont une problématique en rapport avec le goël et de par leur action non aboutie ne peuvent participer à la guerre, “l’autre homme‘’ qui profitera de ce qu’ils ont commencé à faire, ne peut qu’être en relation avec ce qui est contraire, opposé au libérateur. Et c’est afin d’éviter qu’un autre profite de ce qui leur revient, donc à titre de protection, que la Torah les dispense de la guerre. Donc, cet ‘’autre homme“, opposé dans son essence même à Machiah, est celui qui veut récupérer ce qui a été fait par le peuple pour réaliser la gueoula, à savoir construire le beth Hamikdache sur le Har Habayit, planter une vigne (reconquérir la terre d’Israël) et se marier à sa fiancée (faire revenir la Chekhina).
En conclusion, il est de notre devoir de persévérer dans l’action qui amènera la Guéoula, et de neutraliser cet “autre homme“ quel que soit les différents aspects qu’il revête: que ce soit sous la forme de l’ONU, d’un peuple qui revendique des droits sur notre terre, ou sur le Kotel, etc. Car D.ieu nous viendra en aide pour réussir notre mission.
Itshak Peretz
Photo by Basal Awidat/Flash90