Mariage-blanc ou mariage forcé, divorce librement consenti ou arraché avec les dents, dans tous les cas, attention aux liaisons dangereuses !
Côté français, le gouvernement semble avoir oublié, surtout en cette période de campagne électorale présidentielle combien lui avait toujours été lucratif, voire de bon ton de sortir du placard ses nombreuses références culturelles.
Côté israélien, le régime de monsieur Netanyahou se voit obligé de se battre contre les siennes pour leur imposer de rester à leurs places et à leurs offices !
Et cela interpelle les plus grosses têtes, chacune chez soi !
En France, profitant de la période électorale actuelle, Jacques Attali, pour ne citer que lui, propose à son habitude, un brillantissime exposé du problème dont extrait ci-après * :
« Cette campagne est sans doute la première, depuis les débuts de la cinquième république, qui se termine sans qu’y soient évoquées sérieusement les questions culturelles ; sans que des comités de soutien rassemblent des artistes, des écrivains, des musiciens prestigieux, appelant à voter pour l’un ou pour l’autre des candidats ; sans que chaque prétendant au poste suprême n’ait fait connaitre, d’une façon ou d’une autre, l’importance qu’il attache à cet enjeu.
Certes, les candidats se sont tous, ou presque, livrés à l’exercice imposé consistant à énoncer un programme culturel. Et presque tous, à des degrés divers, y ont parlé de l’enseignement artistique, du statut des intermittents du spectacle et des horaires d’ouverture des bibliothèques. Certains ont même évoqué, sans enthousiasme particulier, la francophonie, mais il semble bien fini le temps où l’on s’écharpait sur l’architecture d’un musée ou sur le contenu d’une bibliothèque, où l’on s’envoyait à la tête des chansons composées à la gloire des divers candidats, où l’on s’insultait à propos de la place de l’art contemporain dans les commandes publiques ou sur l’accès à la musique et au cinéma sur internet. Aucun ne s’est ouvertement battu sur une réforme majeure en ce domaine, comme s’il était définitivement devenu accessoire. Comme si la culture avait définitivement été remplacée par la distraction. »
En Israël, autre lieu, même chanson ou presque.
Le Politique doit se justifier de ce qui n’est encore qu’un projet même s’il vient d’être approuvé moyennant quelques amendements par le conseiller juridique du gouvernement, réduire l’aide à la Culture. (Texte qui se devra d’être débattu à la Knesset dans quelque temps).
Tout le monde ne s’appelle pas Attali. Tout le monde ne cumule pas non plus la fonction de ministre de la culture avec celle des sports.
Voilà sans doute pourquoi, l’une déteignant sur l’autre, c’est dans un langage musclé habitué à la verdeur de certains noms d’oiseaux que madame Miri Regev, « Ministre de la culture et des sports », s’est permis d’interpeler le monde de la culture** :
« Arrêtez vos conneries ! » s’est-elle exclamée, pensant sans doute, grâce à ce raccourci baisser radicalement le caquet d’un parterre d’artistes et d’intellectuels rassemblés à l’occasion d’une conférence organisée par le quotidien Haaretz et justifier ainsi la suspension du financement public attribué à des institutions jugées « déloyales ».
« Personne ne veut vous faire taire, a-t-elle affirmé, mais nul ne peut nier qu’il y ait une immense différence entre la critique impertinente et les œuvres qui font l’apologie du terrorisme ou incitent à la haine, tous appels au boycott ou à la délégitimation de l’État d’Israël. »
Et de conclure : « Un État sain se doit de délivrer un message clair sur ses valeurs ainsi que sur sa culture, et ne doit en aucun cas financer ceux qui travaillent à le renverser ».
La morale de cette histoire ?
Entre rien et n’importe quoi, ne reste qu’à trouver un juste milieu qui sache imposer des limites à la tolérance.