Il faudrait en finir avec les controverses inutiles comme celle concernant Meyer Habib . Son élection a suscité dans certains médias des comptes rendus orientés, des analyses perverses et parfois des torrents d’injures.
Avant l’élection, Il y a la campagne électorale où il convient de mettre en parallèle les candidats et leur programme sans s’attarder sur les promesses difficiles à tenir. Il faut comparer les bilans des impétrants sans les maquiller, voire les défigurer. On peut évoquer les soutiens obtenus et la popularité de ceux qui encouragent les candidats.
Et puis Il y a l’élection et normalement en démocratie, la vérité sort des urnes et Il faut se féliciter de sa propre clairvoyance ou s’incliner et méditer sur les raisons de l’échec.
Concernant Meyer Habib, on a eu droit à des séquences originales . Pendant la campagne , les partisans de son adversaire se sont bornés à bombarder Meyer Habib avec tout ce qui leur tombait sous la main : mépris, insultes, approximations, mensonges, rodomontades. Plus une affirmation sans fondement: l’élection se jouera en Italie et non pas en Israël ( alors qu’il y a 3 fois plus de franco Israéliens) . Premier tour : Madame Drory soutenue par Charles Enderlin vire en tête, au second tour, la mobilisation des électeurs franco Israéliens permet l’élection de Meyer Habib.
Le sortant réélu ne fait pas dans la modestie : Il exulte, remercie ses électeurs et tous ceux qui l’ont soutenu puis Il invoque le Tout Puissant qui l’a assisté et lui a permis de remporter la victoire.
Oui, c’est vrai, la France est une République laïque et on n’a pas l’habitude d’entendre ce type de discours après le comptage des bulletins de vote.
Dans la Règle du Jeu, David Isaac Haziza tire au bazooka : Il explique que le Dieu des Juifs limite son pouvoir pour laisser aux hommes leur libre arbitre et que l’invoquer à l’occasion d’un scrutin prouve que Habib est un ignorant qu’il faut condamner et éliminer. Les commentateurs distingués lui emboîtent le pas allègrement , puisqu’il s’agit de participer à la curée contre un vainqueur insolent :se déverse un torrent de méchancetés et de perfidies .
IN GOD WE TRUST
Meyer Habib se défend : Il parle de la devise US ” In God we trust” et des repas de rupture du jeûne où les politiciens français aiment se faire voir…il assume jouer de la guitare mais il précise qu’il joue aussi du piano !
En fait, Meyer Habib a une qualité extraordinaire : il est aimé par ses électeurs qui reconnaissent en lui un enfant du pays ( ” Il est du cru, Il a du cran ” ) et lui pardonnent de n’avoir pas beaucoup obtenu des ministres socialistes. Il leur ressemble : croyant, religieux, centre droit, bon vivant.
Il a donc un défaut majeur : il est à l’image de ses électeurs dont les intellectuels de gauche et tous ceux qui marchent au pas derrière eux, ont , disons le mot, un peu honte. Et on peut se demander s’il ne faut pas carrément dire qu’ils en ont très honte ! L’éditorialiste de Haaretz osait même écrire qu’il fallait changer de peuple !
Personne n’a évoqué les insuffisances de la candidate battue , tout comme personne n’avait fait les procès de Livni ou de Herzog écartés par le suffrage populaire . Et que dire de Donald Trump qui a eu l’impudence de battre la candidate de l’intelligentsia et de tous ceux qui sont heureux de leur sort, Il est bombardé sans arrêt et mis en pièces alors que Hillary Clinton n’est jamais remise en question.
Et j’emprunterai à Philippe Bilger , citant Karl Popper, la fin de l’un de ses articles dans ” Commentaires” pour terminer ce bref rappel des controverses inutiles .
Inutiles ? Pas tant que çà!
” Dans la plupart des cas, en dehors de circonstances exceptionnelles telles une guerre ou une crise majeure, le choix offert aux électeurs est entre le mal et le moindre mal. Ce qui n’est pas si mal, aussi longtemps qu’il est permis de choisir : le choix en démocratie est plus important que ceux que l’on choisit. Le philosophe
Karl Popper disait aussi que la principale vertu de la démocratie n’était pas de sélectionner les meilleurs dirigeants, mais de garantir leur départ à une date connue d’avance.”
André Mamou
Si pour Karl Popper le choix est entre le mal et le moindre mal, Meyer Habib a su tirer parti du moindre mal mais mal quand même dans cette campagne des législatives françaises en Israël. Dont acte pour son succès.
Meyer Habib est député des français expatriés à l’étranger de la 8éme circonscription à l’assemblée nationale en France, et non député des juifs de France ayant fait leur Alyah en Israël et donc devenus Israéliens. L’alyah exclusivement vers Israël au sens étymologique( en hébreu) n’est pas une expatriation,c’est ce qui explique en partie et surtout le faible taux de participation à ces élections. J’ai même lu de la part d’un Président, autoproclamé politologue ,d’une institution juive de France que cela serait un second exil pour les juifs de France originaires d’Afrique du Nord.
Cette confusion habilement entretenue par Meyer Habib à son avantage, personnage sympathique et très méditerranéen et surtout aux fortes convictions religieuses engagées et affirmées, est venu réveillé pendant cette campagne en Israël la guerre inutile entre religieux et laïques Israéliens pour en faire un fort argument politique.
Le débat sur I24 contre Mme Drory a porté principalement sur ce sujet au point que la presse en est été contaminée.
L’hebdomadaire Haguesher qui titrait “Pourquoi faut il voter pour Meyer Habib” a encore plus opacifiée cette confusion sur le registre de la peur en invoquant le risque de menace et de danger pesant sur des valeurs juives en France:maintien de la chehita,liberté de culte,port de la kippa. mila etc.
Faire feu de tout bois dans une campagne électorale c’est déjà malsain, mais faire mettre dans la bouche de sommités rabbiniques nommées ainsi que des rabbins communautaires non concernés par ce vote des grossiers mensonges à l’endroit de la communauté juive de France, c’est une véritable profanation du Nom pour un journal Haredi.
Meyer Habib n’en demandait pas autant, mais a laissé écrire d’autant que tout ces arguments fallacieux ne font pas parti de sa feuille de route. Un ancien Président de communauté a même parlé d’insécurité et de menaces sur la cacherout et la Mila. C’est du concentré de bêtise.
Karl Popper avait donc raison, dans cette élection le moindre mal a triomphé du mal.
La défense de l’Etat d’Israel est suffisamment bien assurée en France par sa remarquable ambassadrice ,et les propos toujours percutant de son ministre de la défense concernant l’appel à la Alyah des juifs de France.
Cette confusion vous a même gagnée monsieur Mamou quand vous comparez la mise à l’écart de Livni et Herzog, citoyens israéliens, par le suffrage populaire israélien, alors que Meyer Habib n’était pas dans la même configuration politique. Idem pour Trump.
Vous avez raison quant à ces controverses inutiles et malsaines et presque dangereuses, Meyer Habib aurait pu gagner cette élection sur un autre programme plus politique et moins confessionnel, mais en avait-il un?
On s’en fout des déchets alter-juifs et autres vermines “de gôche” !
A l’occasion, que ce soit en Israël, en francekipu, ou n’importe où, j’en massacrerais volontiers de mes propres mains.
Et ce serait avec une grande volupté !