Décidément le ballon rond ne nous quitte pas. A peine avons-nous digéré l’affront de l’équipe d’Argentine, qu’à présent, on ne parle plus que du Mondial. Rien à dire, le spectacle est là, la fête des écrans bat son plein. Des centaines de millions d’yeux sont dirigés vers les terrains verts de Russie, qui accueille les grandes vedettes du football. Les hommes jubilent, dévorant chaque minute de jeu, s’installant bien avant le match, et le commentant bien après. Les femmes, pour la plupart, restent sur la touche, en dehors du jeu: elles ont compris depuis longtemps où étaient les priorités. Nos yeux sont rivés sur Ronaldo et Messi, sur la France aussi, et évidemment sur l’Egypte et son fameux Salah, futur président, qui sait ? Mais le miracle du mondial, c’est la Croatie, avec seulement 5 millions d’habitants (un peu moins que nous), qui aligne une équipe magnifique et avance sans complexe dans le tournoi. On ne peut retenir un léger pincement au cœur pour Israël, qui n’a pas été sélectionné pour participer à ce prestigieux événement. Mais qui sait ? Notre pays a les capacités de surprendre dans tous les domaines, on peut toujours espérer dans quatre ans être prêts et s’envoler pour le Qatar. D’ici-là, comme dans les prophéties, le BDS n’existera plus, et les pays de la région se battront pour venir jouer à Jérusalem. Même si le monde ne tourne pas rond, la fête du ballon lui permet d’oublier les problèmes du moment. C’est une période où les principales préoccupations sont mises de côté, pour laisser place au futile, au jeu, aux stars, aux cris d’émotion. Les grandes décisions ne se prendront qu’au lendemain de la finale, pas avant.
A l’allure où va Trump en Corée du Nord, il faut croire que nous jouerons bientôt en Iran, face à la Syrie, en match amical, pourquoi pas ? Notre pays n’a pas peur de croire aux miracles. Il s’en passe tous les jours, sous nos yeux, en dehors des écrans bien sûr.
Ici, malheureusement, l’actualité rattrape le rêve que procure chaque match. Les ballons volent à la frontière de Gaza, ballons de feu, lancés par centaines, sans aucune règle du jeu, ni carton rouge d’ailleurs.
Voir notre terre sacrée subir la guerre du feu, est insoutenable. Chaque journée hélas, nous comptons le nombre d’attentats sur un champ de blé ravagé ou une réserve naturelle détruite. Tout cet amour donné à la nature part en fumée sous nos yeux, sans vraiment de solution radicale. La douleur est trop forte, il faut couper court, agir vite, avec tous nos moyens, toute notre intelligence. Israël ne manque pas d’expérience pour atteindre son but.
Avraham Azoulay