Abou Moussab al-Souri, l’idéologue de l’État islamique, a inventé le concept de « loup solitaire », agissant seul suivant la stratégie islamique, sans besoin d’une chaîne de commandement structurée. Les services de sécurité n’ont pratiquement aucune chance de l’arrêter avant qu’il ne commette son attentat, et même si les citoyens ou les forces de sécurité font preuve d’une remarquable capacité de réaction, les blessés et les morts sont quasi inévitables. Le public montre sa maturité à chaque attentat, des citoyens et des membres des forces de l’ordre risquant leurs vies pour neutraliser les terroristes et sauver leurs compatriotes, mais de fait les civils sont réticents à se promener dans les lieux publics, et depuis le début de la « guerre des loups », les affaires des magasins périclitent.
Environ 90% des Palestiniens vivant en Judée-Samarie veulent que la charia y soit la loi. Et la charia impose à chaque Musulman le devoir individuel (fardh aïn) de tuer des Juifs en vue d’effacer leur pays de la carte et d’instaurer un pouvoir islamique sur cette terre qu’elle considère comme faisant partie du dâr al-islâm, propriété éternelle de la nation musulmane. En conséquence, le nombre potentiel de « loups solitaires » est colossal : c’est à cela qu’on éduque tous les enfants sous l’Autorité palestinienne – la Palestine s’étend du fleuve à la mer, les Juifs sont maudits, ennemis de l’Islam depuis ses premiers jours, et c’est un devoir de les assassiner pour le Salut du monde.
Face à cette situation, le gouvernement israélien a pris des mesures qui rappellent une ordonnance d’aspirine pour traiter une maladie grave. Par exemple, le renfort des forces de sécurité par quelques unités militaires n’empêchera pas la réalisation d’attentats. Tout au plus, la réaction sera plus rapide. Le besoin désespéré de trouver un partenaire palestinien avec lequel négocier et « contenir » la situation aveugle nos dirigeants. Seules des mesures draconiennes prouveront à nos ennemis que le modèle des loups solitaires ne paie pas et seront à même de briser cette vague d’assassinats : dans le droit musulman, la « faiblesse des croyants » est la seule clause qui dispense du djihad. Il ne manque pas d’exemples à de telles mesures : un bouclage total des Territoires tant que durent l’enseignement de la haine, l’appel quotidien à l’assassinat de Juifs et les mensonges concernant l’Esplanade du Temple ; l’application de fait de la souveraineté israélienne dans les villes et villages musulmans de Galilée et du Néguev, et en particulier en ce qui concerne les constructions illégales et l’enseignement de la haine ; le brouillage des émissions d’al-Jazira et des autres télévisions antisémites ; la mise hors-la-loi des mouvements islamiques ; la destruction des maisons des assassins et la nationalisation des terrains sur lesquels elles sont bâties ; l’expulsion des tous ceux qui auront aidé les loups solitaires, et la révocation de leur nationalité chaque fois que c’est possible ; la fermeture des mosquées et autres institutions dans lesquelles on enseigne la haine des Juifs et d’Israël ; la prévention réelle de l’entrée en Israël de travailleurs palestiniens illégaux et des peines de prisons pour ceux qui les emploient.
Tant que le gouvernement d’Israël ne comprendra pas que les « loups solitaires » sont une stratégie de guerre visant à nous détruire et ne prendra pas les mesures adéquates pour changer la situation, il faut malheureusement s’attendre à d’autres « réussites » de la méthode d’Abou Moussab al-Souri. Le peuple d’Israël, et il aura raison, ne le supportera pas et ne le pardonnera pas ses dirigeants.
Ephraïm Herrera est docteur en histoire des religions, diplômé de la Sorbonne et vient de publier « Les maîtres soufis et les peuples du livre » aux Éditions de Paris, ainsi que « Le Jihad, de la théorie aux actes » et « Étincelles de Manitou » aux éditions Elkana.