Aider les jeunes égarés à retrouver le droit chemin en leur apprenant un métier pour la vie. C’est le pari du restaurant Liliyot, qui gagne à être connu.
Quand projet social et business se rencontrent
Liliyot est un restaurant qui était tenu dans un premier temps par l’association Elem pour réinsérer des jeunes qui avaient emprunté la mauvaise route. Depuis 1999, il tentait de fonctionner tant bien que mal, vivant uniquement sur des dons.
En 2009, la fondation Doualiss, reprend les choses en mains. Cette structure a pour ambition de relier business et projet social. Tamar Levin, une des responsables de Doualiss, nous explique: “Nous regroupons deux aspects du monde économique, que l’on pense a priori antinomiques: projet social et réussite dans les affaires. Nous mettons les atouts d’une véritable entreprise commerciale au service d’un projet social important”.
De cette façon, les questions financières préoccupent moins le quotidien de la gestion du restaurant et on peut davantage se consacrer aux jeunes et les responsabiliser.
Aujourd’hui Liliyot est un restaurant de viande cacher, à Tel Aviv, qui a acquis une bonne notoriété. Mais c’est surtout ce qui se passe en cuisine qui attire la curiosité.
“Dans notre cuisine, pas de cris, y compris au moment du coup de feu!”
Le programme social qui se déroule dans les cuisines de Liliyot s’adresse aux jeunes qui vivent de graves difficultés. Rejetés par l’école, ils ont souvent eu des problèmes avec la justice et cela peut aller jusqu’à des condamnations pénales. ”Les seules personnes que nous ne pouvons pas accepter dans notre programme, ce sont les jeunes qui n’ont pas de domicile et ceux qui se droguent”.
Liliyot est donc un restaurant comme les autres en salle mais qui prend un visage bien différent lorsque l’on pousse la porte de la cuisine. Dans cet antre, on trouve une dizaine de jeunes, Juifs et Arabes, filles et garçons, qui s’activent avec une belle motivation.
Ils étaient tous voués à un avenir de délinquants et à une vie en marge de la société. Ici, ils reçoivent un salaire dès le premier jour et une assistante sociale travaille avec eux quotidiennement.
N’est-ce pas difficile de faire travailler des jeunes qui ont fui les contraintes? Tamar nous répond en nous décrivant le programme qui est proposé: “Les deux premiers mois sont des mois d’adaptation. En effet, il est difficile pour un jeune de ce genre de se plier tout de suite, sans rechigner aux règles du monde du travail. Nous leur apprenons donc à travailler, à accepter une autorité, à respecter des horaires. Seulement après nous commençons la formation professionnelle”.
Cette formation leur apprend les métiers de la restauration. Ainsi, ils deviennent des adultes responsables, parties prenantes de la société. ”Ces jeunes deviennent importants. S’ils ne viennent pas travailler, s’ils ne font pas leur travail correctement, les clients n’ont pas à manger! La survie de l’entreprise est sur leurs épaules!”, nous dit Tamar pour insister sur le fait que le programme responsabilise des jeunes qui avaient perdu toute notion de la centralité de leur place dans la société.
Le projet est un programme de réinsertion avec une forte valeur éducative. C’est pourquoi, les cuisines de Liliyot ne ressemblent décidément à aucune autre. Vous n’y entendrez pas de cris, y compris au moment du fameux coup de feu. Tout se fait dans une ambiance studieuse mais détendue. Et aux dires des nombreux clients: la qualité de la nourriture est au rendez-vous!
Un vrai chemin vers la réinsertion
“Les jeunes qui nous sont adressés par les services sociaux trouvent ici un vrai chemin vers une réinsertion. Après tout ce qu’ils ont traversé et les erreurs commises, ils trouvent ici un cadre qui d’abord les entoure et ensuite leur donne les outils pour commencer une vie ”normale””, décrit Tamar.
Outre le fait qu’ils reçoivent un salaire, Liliyot ouvre la journée de ses employés par un repas chaud, ”ce qui était devenu très rare pour eux jusqu’à ce qu’ils arrivent”.
Ils travaillent dans une véritable entreprise et apprennent des métiers aux nombreux débouchés. “Depuis la création du restaurant en 1999, nous comptons plus de 250 anciens membres du personnel. Certains sont entrés dans de grands restaurants et plus de 90% d’entre eux affirment aujourd’hui que c’est grâce à ce programme qu’ils sont redevenus des citoyens normaux et qu’ils arrivent à affronter la vie”.
Après un an et demi de formation, les jeunes de Liliyot entrent à l’armée ou font leur sherout leumi puis l’association les aide à trouver un emploi. ”L’objectif, qui est atteint, est de leur donner le sentiment qu’ils font partie de notre société et qu’ils ont leur pierre à apporter. Leur inculquer le sens du don est fondamental parce que c’est ce qui fait que l’on se sent exister dans ce monde”.
Les meilleurs ingrédients, une recette bien élaborée
Le schéma de réussite de Liliyot est à l’image des plats qui y sont servis. Les meilleurs ingrédients sont utilisés, suivant des recettes bien élaborées pour des plats réussis. ”Les clients viennent chez nous d’abord pour la qualité de la nourriture et du service”, affirme Tamar, ”l’aspect social que nous ajoutons renforce encore cette satisfaction du repas pris dans notre restaurant”.
Pour l’équipe de Liliyot, c’est aussi parce que le projet est en lien avec la nourriture, qu’il prend aussi bien auprès de jeunes. ”Nous avons tous un rapport fort avec la nourriture, psychologiquement c’est un domaine qui produit des effets très puissants et positifs”.
Quels projets pour 5778?
”La nouvelle année est un temps de réflexion et d’introspection”, nous confie Tamar. “Nous devons sans cesse nous demander comment améliorer, comment aller encore plus loin. Concernant Liliyot, nous espérons une année de réussite sur les plans social et commercial et bientôt l’ouverture d’autres restaurants dans le pays”.
Liliyot; Beth Assia, Rehov Dafna 2, Tel Aviv
Tel: 03-6091331
Site internet: www.liliyot.co.il
Guitel Ben-Ishay