FIGAROVOX/TRIBUNE – La pièce de théâtre issue de l’ouvrage Lettre aux escrocs de l’islamophobie qui font le jeu des racistes du dessinateur et journaliste Charb, a encore vu sa représentation annulée le 9 août. Isabelle Barbéris dénonce une interdiction systématique cachée.
Agrégée de Lettres modernes, ancienne élève de l’École normale supérieure Fontenay Saint-Cloud, Isabelle Barbéris est Maître de conférences en arts du spectacle à l’université Paris Diderot et chercheuse associée au CNRS.
Le 9 août dernier, l’adjoint au maire de Lormont (Gironde) informait Gérald Dumont, directeur de la compagnie Théâtre K, metteur en scène et interprète de Lettre aux escrocs de l’islamophobie qui font le jeu des racistes que son spectacle, préalablement invité par l’association Laïcité 33, faisait l’objet d’une déprogrammation de dernière minute de la part de la Mairie (PS). Motif invoqué: «Le contexte général actuel nous amène à privilégier des méthodes d’éducation constructives et dans la durée, pour défendre avec conviction notre si chère laïcité. L’analyse approfondie de la représentation que tu proposes, suite à notre brève rencontre de juin, ne va pas à notre avis dans ce sens d’une transmission apaisée.» Dans une réponse ultérieure, la Mairie croira bon de préciser que «malgré l’intérêt que peut porter le spectacle tiré des écrits de Charb, il ne représente pas l’unique entrée pour défendre les valeurs de la laïcité. (…) Si le combat pour la laïcité nous est commun, les outils et moyens pour le mener peuvent diverger et appartiennent à chacun (dans le respect des choix faits).»
Que comprendre derrière les méandres argumentatifs de cette double réponse pour le moins… circonvolutoire? C’est assez simple: la municipalité exprime qu’elle se désolidarise de la laïcité défendue par Charb (et le spectacle), en proposant ce qui serait, selon elle, une vision «alternative»: la «laïcité apaisée». De loin, un tel éloge de l’apaisement ne ressemble qu’à un énième plaidoyer, entendu mille fois, pour les accommodements raisonnables, la «résilience», le vivre-ensemble et le politiquement correct – mollesse, paresse dont on sait précisément qu’elles menacent la liberté d’expression si chère à Charb.
À s’y pencher de plus près, l’expression de «laïcité apaisée» fait directement référence à un ouvrage éponyme de Jean Baubérot, paru en 2016. Hasard sémantique? Le travail de Baubérot appartient au corpus idéologique régulièrement revendiqué par les associations (CCIF, ALCIR…) qui déguisent leur communautarisme derrière la lutte contre l «islamophobie» – cette cause des nouveaux «intouchables» qui ont «ringardisé le racisme», pour citer Charb… Comble de la brutalité, l’annulation de la représentation se fait donc explicitement au nom des imposteurs que le texte se charge de démasquer.
Ce revirement vient en fait prendre place au bout d’une liste déjà assez longue: créée fin janvier 2016 sous la forme d’une lecture, la mise en scène a d’abord connu une période d’embellie et trouvé son public de manière spontanée – outre de nombreuses invitations, elle s’est également vue décerner le prix de l’éducation citoyenne de Moselle.
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Charlie Hebdo et Charb n’ont jamais été ma tasse de thé… mais là pauvre Charb et tous les autres, assassinés encore et encore par la bien-pensance islamo-gauchiste. Protégez-moi de mes soi-disant amis….