Sous les auspices de l’Egypte, les deux organisations terroristes Fatah et Hamas ont signé jeudi un accord de “réconciliation nationale”. Yahia Sinwar, chef du Hamas à Gaza et Madjd Fredj, chef des renseignements du Fatah – qui se haïssent – se sont assis à la même table et ce sont Azzam El-Ahmad pour le Fatah et Salah Al-Arouri pour le Hamas qui ont apposé leur signature au bas du document. Même si de nombreuses tentatives de réconciliations ont échoué par le passé, il s’agit d’un développement important pour le Hamas qui régnait sans partage sur la bande de Gaza depuis son “putsch” de 2007 où il avait chassé l’Autorité Palestinienne dans le sang.
Selon cet accord notamment, un “gouvernement d’union” prendra le contrôle de la bande de Gaza à partir du 1er décembre, les passages de Rafiah (bande de Gaza-Egypte), Erez et Kerem Shalom seront sous contrôle de l’Autorité Palestinienne (du côté arabe) et trois-mille “policiers” de l’AP seront déployés dans la bande de Gaza. Par contre, aucune décision n’a été prise concernant l’armement et les activités terroristes du Hamas, ce qui signifie en clair que l’organisation pourra poursuivre son forage de tunnels et la fabrication d’armement. De même, la responsabilité du versement des salaires des quelques 40.000 fonctionnaires du Hamas dans la bande de Gaza n’a pas été réglée.
Cet accord a été très mal accueilli en Israël car il comporte des concessions majeures de l’AP envers le Hamas pour tout ce qui concerne les activités terroristes du Hamas comme des autres organisations plus petites. Rien n’a par exemple été dit sur une interruption des attentats terroristes du Hamas en Judée-Samarie ou dans des villes de l’intérieur d’Israël.
Le Premier ministre israélien Binyamin Netanyahou a réagi très négativement – en hébreu et en anglais.
Dans son message en anglais à destination de la communauté internationale, le Premier ministre israélien a insisté: “Il n’y a aucun pays qui souhaite la paix autant qu’Israël. Mais Israël s’oppose à tout accord de réconciliation qui ne comprendra pas le désarmement du Hamas et la fin de son combat contre Israël. Que signifie cette réconciliation avec une organisation qui prône ouvertement la disparition d’Israël? Le Hamas soutient le génocide, il tire des roquettes sur des populations civiles, il creuse des tunnels souterrains pour commettre des attentats en Israël, il assassine des enfants, persécute les minorités, maltraite les homosexuels, il refuse de restituer les dépouilles de soldats israéliens à leurs parents, il torture les opposants et prend le deuil pour Ben Laden!”
Binyamin Netanyahou n’a pas précisé s’il compte reconnaître le cabinet d’union qui sera formé et duquel feront partie des terroristes du Hamas, ni quelles mesures il compte prendre face à ce nouveau développement important dans la sphère arabo-palestinienne. Mais il a rappelé que toute “réconciliation” doit contenir les conditions émises par le Quartet: désarmement du Hamas, arrêt total des activités terroristes depuis les territoires contrôlés par l’AP, reconnaissance d’Israël par le Hamas et acceptation des accords internationaux signés antérieurement par l’AP. Il a rajouté “qu’Israël réagira en fonction de la situation sur le terrain” et a exigé que l’AP assume désormais ses responsabilités sur tous les territoires qu’elle contrôle.
Naftali Benett a été plus catégorique: “Les Arabes palestiniens ont choisi de former un cabinet terroriste. Celui qui a signé au nom du Hamas n’est autre que Salah Al-Arouri, le responsable de l’enlèvement et de l’assassinat des trois adolescents. Le ralliement de Mahmoud Abbas au Hamas transforme officiellement l’Autorité Palestinienne en organisation terroriste. Israël doit donc couper immédiatement tout lien avec cette organisation car toute collaboration avec l’AP sera en fait une collaboration avec le Hamas. Il est très important d’insister sur cela car les pressions internationales ne vont pas tarder sur Israël pour relancer les négociations au motif qu’il n’y aurait plus qu’un seul partenaire. Au nom de la sécurité d’Israël il faut stopper immédiatement tout transfert de fonds vers l’AP d’autant plus que le Hamas n’a toujours pas rendu les dépouilles de nos deux soldats et que l’AP poursuit son incitation et le versement de salaires aux terroristes”.
Conntrairement à cela, le secrétaire-général de l’ONU Antonio Gutteres s’est félicité de la “réconciliation” entre ces frères ennemis du terrorisme qui selon lui aidera à l’amélioration de la situation humanitaire dans la bande de Gaza et facilitera la voie vers la paix…
Cette nouvelle phase de rapprochement reste en fait très fragile. Chacune des deux organisations terroristes a agi en fonction de ses intérêts propres et il est plus que probable que des tensions voire un grand “clash” éclatent dans un avenir proche sur fond de campagne législative ou présidentielle. Le Hamas n’a jamais caché son intention de supplanter l’Autorité Palestinienne et le Fatah en Judée-Samarie est de devenir la première force dans le mouvement national arabo-palestinien. De même, le Hamas ne cessera de défier Mahmoud Abbas et l’AP sur le plan “militaire” en poursuivant ses activités terroristes alors que le chef de l’AP sera mis à juste titre sous pression par les Etats-Unis et Israël.
En clair, cet accord permet au Hamas de se débarrasser de sa responsabilité pour tout ce qui est de la gestion des affaires sur la surface de la terre mais de garder les mains libres pour ce qui est dans le sous-sol et dans les airs.
Photo Illustration