A Jérusalem, la kippa me hérisse le poil. Devenue signe extérieur de dévotion, elle clame au passant mes convictions religieuses et mes opinions politiques selon son interprétation de la teinte, de la surface, du tricot ou du velours qui colore mon occiput. Alors que si j’habitais Marseille et habité de courage, je me dirais qu’il me faut porter une grande kippa tout en couleurs. Ou noire. Mais d’un noir foncé, tellement foncé qu’il en ferait pâlir les nuits sur la Cannebière. “Ce que j’ai, j’en veux pas et ce que j’ai pas, j’en veux…” chante Hans im Schnokeloch, Jean du Trou aux Moustiques, dans la plus populaire des chansons d’Alsace. Et me voilà gros Jean comme devant.
Le système de défense préconisé à Marseille est un avatar de la défense par absence appliquée quelques mois plus tôt au “Forum des langues” à Toulouse. Près de 180 langues étaient présentes mais l’hébreu que nenni! “Nous faisons une cible idéale, a expliqué le président de l’Association Hébraïca, et nous n’avons pas souhaité prendre le risque dans cette période exceptionnelle”. Mais puisque l’hébreu c’est (aussi) de l’hébreu pour les promoteurs de “périodes exceptionnelles”, on n’avait qu’à dire que le Livre-là, avec les Psaumes et tout, il est écrit en gloubazoloulou. Ils n’y auraient vu que du feu. Sans savoir où le mettre. A bien y réfléchir, on pourrait faire comme ça avec la kippa. On dirait que c’est pour apprendre à devenir évêque. Ou chirurgien. Qu’on a fait un tour sur une calotte glaciaire. Ou qu’on l’a reçue en prime avec un stylo Mont-Blanc. On peut trouver mille raisons de coiffer une kippa. Pas besoin de faire son aliya pour ça.
JG